Accueil > Le sabotage du capricorne
Le sabotage du capricorne est invisible : quand l’édifice est entièrement rongé à l’intérieur, sa surface étant toujours préservée, il s’écroule d’un seul coup.
Quelques façons de faire du sabotage qui ne sauraient être qu’encouragées par le sabre ET par le goupillon, à la surface de notre édifice.
– sabotage de la consommation. La sobriété est une vertu enseignée par l’église. Ne pas jeter : c’est encourager la pollution. De plus les appareils en tous genre, depuis environ 15 ans sont calculés pour tomber en panne dès la fin de la garantie (tests d’usure). Faites réparer vos plus anciens : ils valent de l’or.
– sabotage de la grande "distribution" (qui n’en a que le nom, pour mieux vous tromper, mon enfant). Quand on y va, laisser proprement ses emballages à côté de la poubelle minuscule, qui déborde. Apprendre de ses copains commerciaux tous les pièges tendus afin de ne pas y tomber : faussses odeurs, musique alacon, manipulation de notre stress, etc...
– sabotage de la surveillance. Sortir sans chapeau est malséant, pour les Messieurs comme pour les Dames. Un téléphone portable est un gadget inutile et couteux, qui vous dérange tout le temps. Ne pas donner son email à n’importe qui, c’est à dire à une entreprise ou une institution, fît-elle d’état, empêche les malfrats de vous envoyer du SPAM. Ne pas donner son IP le premier soir est signe de vertu. Ne rien utiliser qui comporte une puce RFID si on peut faire autrement.
– sabotage du filage et du profilage. Mettre son habit de travail pour aller aux manifs, pour ceux qui en ont un : costard-cravate ou tailleurs-chemisier. Avec un masque blanc, ou de tigre rugissant, peu importe. Il faut pouvoir identifier les flics : jean et blouson, jamais de masque de tigre rugissant (c’est pas fourni par la maison poulaga ou l’entreprise de surveilance)
– sabotage de l’agro-industrie aux OGM. Faire son jardin, faire son pain. etc... Mais pas de cannabis, dans le jardin, mon fils, hein ? Chanter (ce qu’on veut...) en plein champ au moment de l’angelus, au dessus d’un panier de patates, qu’on a toujours à portée, à cet effet.
– sabotage de l’industrie de l’habillement : coudre, broder, faire du crochet et tricoter. En écoutant la musique enregistrée par le voisin, ou, mieux, le voisin lui-même. Refuser de porter des "marques" ou des T-shirts avec des têtes de Mickey. Les découdre si on les achète en friperie.
– sabotage de l’industrie des "biens culturels" : chanter, seul ou en choeurs (à la chorale de la paroisse s’il n’y en pas d’autre !) - dessiner et peindre, apprendre un instrument, lire les bouquins recommandés par les amis. Emprunter et prêter.
– sabotage de la télé. Cette lucarne diabolique enseigne aux enfants la violence et le péché. A leurs parents aussi. en plus, elle commet le péché de mensonge tous les jours et à toute heure.
– sabotage de la presse des marchands d’armes. Ne pas acheter, ne pas citer sans critique.
– sabotage du nucléaire. Les "énergies renouvellables" sont encouragées pieusement par toutes les bouches. A utiliser un maximum mais à toute petite échelle : on n’achète pas le soleil.
– sabotage de l’individualisme et de la concurrence. Avoir des relations non meurtrières avec ses compatriotes est une nouvelle façon de vivre qui apporte la Joie.
– sabotage de la bière comme boisson, coutume anglo-saxone imposée aux dépends de la culture du vin, et de la cuisine. A-t- on jamais communié, à la messe, à la bibine, mon fils ? Apprécie-t-on du cassoulet avec du coca ou de la bière ?
– sabotage de la souffrance imposée. Que celui qui a, donne à celui qui n’a pas. Que celui qui sait faire à manger, invite. Que celui qui sait réparer les vieilles caisses, répare. Que celui qui sait apprenne à celui qui ne sait pas (que ce soit traire une chêvre ou se servir de Linux)
Si chaque citoyen accomplit seulement quelques unes de ces actions de sabotage - et bien d’autres encore, tout aussi discrètes et indispensables - l’édifice tombera peut-être en poussière ? Plus il y en aura, plus il tombera vite ?
Seulement, il y a une difficulté : aucun capricorne n’a un zizi plus grand que les autres et ne le montre au balcon pour qu’on l’admire, aucun n’est plus "couillu".