Samedi 23 novembre à 13h, les locaux parisiens de la RAI ont
été investis pacifiquement par une trentaine de militants qui
entendaient démontrer leur soutien aux vingt camarades alter-mondialistes
italiens emprisonnés, alors que 200 000 personnes manifestants
défilaient dans les rues de Cosenza.
Durant cette action, des communiqués ont été envoyés aux médias français et italiens
destinés aux camarades incarcérés : " Avec affection, vos correspondants
de Paris ".
Collectif Bellaciao 26 novembre 2002
Petit mot adresse au camarades qui ont fait l’objet d’une rafle
judiciaire lancée par le Procureur de la République de Cosenza,
qui accuse le réseau Sud-Rebelle "d'avoir constitué une
association subversive visant à saboter les processus de globalisation,
à entraver la gouvernance de ce processus et l’activité du Gouvernement,
à porter préjudice à l'économie et à l'ordre je publie, à briser
la légalité de l'état".
Nous occupons les bureaux
parisiens de la RAI pour que nos paroles se glissent entre les barreaux de leurs
prisons.
Chers et chères camarades.
Ce "rapt légal", ces hommes armés et cagoulés qui vous
ont sortis du lit à l'aube, nous rappelle des mauvais souvenirs.
Nous n'avons pas besoin de déranger l'Histoire puisque encore
très récemment, Paolo Persichetti nous a été enlevé par les
mêmes sbires.
Qu’on ne vous accuse pas de faits précis, circonstanciés, localisés
et datés ne nous rassure pas. Loin de nous tranquilliser, le
vide de ce dossier tellement "abracadantesque" qu’il
devrait être destiné à « faire pschitt… » comme dirait
Chirac, souligne une fois de plus qu’on n’est plus désormais
jugés pour ce qu’on fait, mais bien pour ce qu’on est. Cette manière
de présumer de nos intentions malveillantes n'admet pas d'innocence,
celle-là ne serait qu’un accident purement factuel, insignifiant,
petit scrupulum fastidieux qu'on a su éradiquer. La pensée du
soupçon est parvenue à son aboutissement naturel, qui lui confère
tout son sens : la certitude de la culpabilité, la mise en cause
préventive de tous les rebelles, de tous ceux et celles qui
sont susceptibles de le devenir et dont la souffrance est comptée
aux profits et pertes de la rationalité économique…
Nous espérons que la puissance
de la solidarité qui a surgi autour des vous puisse faire vaciller ce monstre
qu’est l'Etat pénal.
Quant a nous, vous présumés
complices, notre regret est de ne pas avoir fait davantage, de ne pas
avoir pu vous aider par tous les moyens pour vous soustraire à la force de la loi,
sa contrainte…
Honorés, nous autres, d'être soupçonnés de disponibilité permanente au recel,
nous ne pouvons pas qu'ajouter notre petit apport a l’humble et tenace, frêle
et puissante conspiration, tressant les mains, les voix, les cris, les raisons
critiques et passionnelles, pour contribuer à faire de votre emprisonnement,
d’abord une mésaventure qui aura durée l'espace d'un matin et puis une occasion
de désordre vivant, de telle façon que leur coup aura été comme la morsure d'un
chien sur une pierre.
Avec affection, vos correspondants de Paris.
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