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Haïti : Cuba à la conférence des donateurs

Publie le vendredi 2 avril 2010 par Open-Publishing
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La Havane. 1 Avril 2010

Déclaration de Bruno Rodriguez, ministre des Relations extérieures de la République de Cuba, à la Conférence des donateurs pour Haïti, tenue à New York le 31 mars 2010

Monsieur le Président,

La communauté internationale a une dette énorme envers Haïti, pays où, après trois siècles de colonialisme, eut lieu la première révolution sociale du continent américain, une audace que les puissances coloniales lui firent payer au prix de près de 200 ans de tyrannies militaires et de pillage. Sa population noble et laborieuse est aujourd’hui la plus pauvre de l’hémisphère occidental.

Nous avons tous l’obligation morale de mobiliser des ressources financières supplémentaires pour aider Haïti, et d’engager une coopération accrue, non seulement pour sa reconstruction mais surtout pour son développement.

Pour donner une idée de l’ampleur de la tragédie humaine vécue Haïti, il suffit de dire que la mort de 230 000 personnes dans ce petit pays densément peuplé équivaut à celle de plus de 30 millions de personnes dans un pays comme la Chine, dont la population s’élève à 1,3 milliard d’habitants. Une tragédie inimaginable !

Devant ce séisme dévastateur qui a bouleversé la conscience de l’humanité, nous espérons que les nombreuses promesses faites seront tenues ; que l’indépendance et la souveraineté d’Haïti seront respectées et renforcées ; qu’elles rendront plus facile l’exercice des attributions du gouvernement du président René Préval et du Premier ministre Jean-Max Bellerive, et qu’elles profiteront non pas aux banques et aux compagnies étrangères, mais au peuple haïtien, notamment aux personnes les plus pauvres.

La générosité et la volonté politique s’imposent. Il est primordial de préserver l’unité de ce pays et d’éviter qu’il ne soit divisé en parcelles de marché au nom d’une charité douteuse.

Le Programme de reconstruction et de consolidation du Système national de santé que le gouvernement haïtien a conçu, avec celui de Cuba et le soutien de la République bolivarienne du Venezuela et d’autres pays et organismes humanitaires, assurera une large couverture en matière de santé à la population, en particulier aux secteurs les plus démunis.

Ce programme comporte la création –déjà en cours– de centres de soins primaires qui devraient soigner chaque année 2,8 millions de patients. Les services des urgences accueilleront quant à eux 1,3 million de personnes. Les nouveaux établissements permettront également de réaliser 168 000 accouchements et d’administrer 3 millions de vaccins.

A ces centres de santé s’ajouteront les services de 30 hôpitaux communautaires de référence distribués dans l’ensemble du pays et équipés de technologie de pointe, qui offriront des soins secondaires. Ces établissements permettront de recevoir 2,154 millions de patients chaque année, de prendre en charge un million d’urgences, de réaliser 54 000 chirurgies, 276 000 électrocardiogrammes, 144 000 ultrasons de diagnostic, 43 000 endoscopies, 181 000 radiographies, 107 000 consultations de stomatologie et 487 000 examens de laboratoire.

Vu le nombre impressionnant de polytraumatisés, une trentaine de salles de rééducation sont aussi en construction. En douze mois, elles couvriront 520 000 patients et offriront des services thérapeutiques à 2,396 millions de personnes.

Le projet comporte 3 centres d’électromédecine, un laboratoire de prothèses orthopédiques et un programme intégral d’hygiène et d’épidémiologie.

Par ailleurs, Haïti sera doté d’un hôpital national de spécialités de soins tertiaires. Pour la mise en service de cet établissement, qui sera encadré par 80 spécialistes cubains de haut niveau, nous espérons compter de sur la coopération d’autres pays. Notre personnel médical assurera les soins et les services cliniques, la recherche, ainsi que la formation des personnels médicaux et soignants haïtiens, qui remplaceront progressivement leurs professeurs cubains.

Le coût de ces services se montera, en quatre ans, à 690 540 739 dollars US. Ceci inclut les services médicaux calculés à la moitié des prix internationaux, la durabilité de ces services, le personnel et la formation des 312 autres médecins haïtiens à Cuba.

On peut en déduire que le coût s’établira aux alentours de 170 millions de dollars par an pour un pays d’environ 9 332 000 habitants.

Ce projet est faisable, comme l’atteste notre expérience pratique. De fait, ce programme est déjà en cours, car depuis le séisme 23 de ces centres de santé de soins primaires, 15 hôpitaux communautaires de référence et 21 salles de rééducation sont en fonctionnement en Haïti.

Aussitôt après la catastrophe, les spécialistes cubains se sont consacrés à la prise en charge de la population sinistrée. A ce jour, ils ont réalisé environ 260 000 consultations, plus de 7 000 opérations chirurgicales, quelque 1 400 accouchements et administré près de 100 000 vaccins. Plus de 50 000 patients ont été accueillis en rééducation, et plus de 75 000 enfants ont eu droit à des consultations de thérapie psychologique et sociale prodiguées par certains des professionnels cubains les plus reconnus.

A l’heure actuelle, 783 médecins cubains, 481 haïtiens et 278 de 28 autres pays, tous diplômés à Cuba, sont impliqués dans ce projet.

Dans le cadre de ce programme, une Déclaration d’Intention pour le renforcement du système et des services publiques de santé et de surveillance épidémiologique en Haïti a été signée samedi dernier à Port-au-Prince. Ce document est le fruit de la volonté du gouvernement haïtien et de l’importante contribution du président Lula et du Brésil, qui sera décisive pour assurer le succès du projet.

Présente dans 127 des 137 communes haïtiennes avant la catastrophe, en onze années de travail la brigade médicale cubaine avait sauvé 233 442 vies, réalisé 14 millions de consultations, 225 000 chirurgies et 109 000 accouchements. Elle avait rendu ou amélioré la vue à 46 000 Haïtiens dans le cadre de l’Opération miracle. Et 165 000 personnes avaient été alphabétisées en créole.

Les services médicaux offerts pendant toutes ces années et la formation du personnel médical à Cuba sont évalués à environ 400 millions de dollars.

Dans son ensemble, le programme médical que nous proposons profitera à 75% de la population la plus nécessiteuse du pays, avec un minimum de dépenses.

Nous invitons tous les gouvernements sans exception à se joindre à ce noble effort. C’est pourquoi nous accordons une importante toute particulière à cette conférence qui, nous l’espérons, sera couronnée de succès.

Merci beaucoup.

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