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Les sinistrés de Xynthia entre colère et incompréhension

Publie le vendredi 9 avril 2010 par Open-Publishing
7 commentaires

Des propriétaires des 915 maisons vouées à la destruction à L’Aiguillon-sur-Mer et La Faute-sur-Mer, en Vendée, ont laissé éclater leur colère et leur incompréhension jeudi. Les habitants des communes vendéennes parmi les plus touchées par la tempête Xynthia ont été fixés jeudi sur leur sort lors de réunions publiques où ont été dévoilées les cartes des zones inhabitables. Au total, ce sont plus de 1.500 logements qui seront détruits en Vendée et en Charente-Maritime dans les zones ravagées fin février par la tempête.

À La Faute-sur-Mer, où 29 personnes ont péri, la réunion publique s’est vite transformée en tribunal populaire, où les sinistrés ont réclamé avec véhémence des comptes au préfet de Vendée Jean-Jacques Brot, nommé treize jours avant la catastrophe, et au maire René Marratier. "Je ne peux pas supporter que vous m’accusiez de la responsabilité de ce drame", a répondu Jean-Jacques Brot à une habitante qui dénonçait la responsabilité de l’État dans l’attribution des permis de construire litigieux.

Un patron d’auto-école, qui a perdu ses parents dans les inondations, a alors lancé : "Pour un excès de vitesse de 53 km/h, on se retrouve au tribunal." "Là, il y a eu 29 morts et un millier de maisons rasées, et il n’y aurait pas de responsable ? Je ne peux l’accepter." Et au préfet de Vendée de répliquer : "Nous ne sommes pas devant un tribunal, je ne suis pas procureur de la République, ce n’est pas le lieu pour pointer des responsabilités."

"On ne va pas accepter de partir comme ça"

Plus tôt dans la matinée, la réunion de L’Aiguillon-sur-Mer avait déjà été l’occasion pour les propriétaires appelés à quitter leur maison sinistrée d’exprimer leur colère. "On ne va pas accepter de partir comme ça", a déclaré Jean-Pierre Denys, propriétaire d’une résidence secondaire sur la pointe de l’Aiguillon appelée à disparaître, inondée de seulement "25 centimètres d’eau" la nuit de la catastrophe. "On va faire appel à la justice et on va signer des pétitions, pour que notre bon droit soit respecté", a insisté cet agent de stationnement de 55 ans, à la sortie du gymnase où se tenait la réunion publique de L’Aiguillon-sur-Mer. Pour cet homme qui "en a gros sur la patate", il faut d’abord "renforcer la digue et installer des protections plus hautes, comme aux Pays-Bas".

Contre toute attente, certains alignements de maisons n’ont en effet pas été classés en "zone noire", contrairement à ceux d’en face appelés à être détruits dans la même rue. Alors que les premiers se trouvent à hauteur de la digue qui protège la commune des crues de l’estuaire du Lay, les secondes se trouvent un à deux mètres en contrebas. La carte a été établie selon plusieurs critères (hauteur d’eau constatée, topographie des lieux, possibilité de se protéger...) "pas seulement liés à la tempête Xynthia", a insisté le préfet Jean-Jacques Brot. "Ce sont des critères justes, fiables et objectifs. Ils ne sont pas liés à un principe de précaution exacerbée, mais à une question de bon sens et de prudence", a-t-il assuré. Une "cellule d’accompagnement et de suivi" va être mise en place dès vendredi dans les deux communes sinistrées, a promis le préfet.

Les habitants de Charron dénoncent des décisions "arbitraires"

En Charente-Maritime, les habitants de Charron ont aussi contesté les zones "noires" présentées jeudi par l’État. "Un certain nombre de rues était évident, mais un certain nombre d’autres ont été arbitrairement classées en zone noire, il y aura des recours", a dénoncé Thierry Demaegdt, président de l’association Reconstruire Charron. "Est-ce que l’État veut la mort de Charron ? C’est inacceptable, inadmissible. C’est une décision unilatérale, totalitaire et arbitraire", a-t-il dit, estimant que certaines maisons vouées à la destruction ne répondaient pas aux critères définis par l’État. De son côté, le maire de Charron, Jean-François Faget, craint qu’il y ait "deux poids, deux mesures". "Ici, on trinque, mais tout le monde n’a pas trinqué. Est-ce que cela a été fait équitablement ?" s’est-il interrogé, avant de demander s’il y avait "une zone noire aux Portes-en-Ré", commune huppée de l’île de Ré. Les 15 maires de Charente-Maritime concernés par la cartographie des "zones noires", réunis dans l’après-midi à Châtelaillon-Plage, ont tous déploré le "manque de dialogue et d’équité" qui a prévalu à la préparation des cartes, selon le maire d’Yves, Didier Roblin.

L’État se propose de racheter à l’amiable les maisons destinées à être détruites , selon les prix du terrain et des bâtiments constatés avant le passage de la tempête Xynthia. À défaut, des procédures d’expropriation seront intentées à l’encontre de leurs propriétaires en justice. Les premiers rachats pourraient avoir lieu cet été, et les premières destructions de maisons en septembre.

http://www.lepoint.fr/actualites-societe/2010-04-09/tempete-les-sinistres-de-xynthia-entre-colere-et-incomprehension/920/0/442615

Messages

  • A quand une "cellule d’accompagnement et de suivi "pour les locataires obligés de déménager tous les 3 ans pour "congé pour vendre" ? A quand leur indemnisation pour tout l’argent perdu ??

    Il faudrait peut-être remettre les pendules à l’heure.

    Pour les gens qui ont laissé leur vie après Xynthia et leurs familles, c’est dramatique autant qu’irréversible.

    Pour les maisons des propriétaires, et de plus, ceux de résidences secondaires, il ne faudrait quand pas pousser : ils seront indemnisés en moyenne 250000 euros pour leur bien.

    Qu’ils n’attendent pas en plus qu’on pleure sur leur sort.

    • D’abord on ne sait encore pas quel sera le montant exact des remboursements.

      Mais peu importe, la vraie question est : quand l’Homme essaie de domestiquer la nature où doit-il s’arrêter ?

      En l’occurence, nous sommes dans un polder dont les premiers travaux ont commencé peu de temps après l’an 1000, et oui, avant de raconter des conneries il faut savoir de quoi l’on parle.

      D’ailleurs,dans une partie de la zone noire qui cotoie la Dive on y trouve des portes-à-flot dont les premières datent du XIIIémé siécle, bien avant que les hollandais aient expérimenté se système.

      La polderisation avait commencé depuis cette époque. Le plus gros problème qu’il y a c’est que depuis le XXémé siècle, les avancées techniques, l’entretien, ont toujours été négligés. Si le rechauffement climatique se confirme, qu’il soit dû à la suractivité humaine ou solaire, peu importe, se genre de problème se reproduira et pourra ramener la mer sur ses fonds primitifs, donc jusqu’à Luçon, Chaillé, Champagné d’un autre côté. Il s’agit par conséquence de revoir véritablement le problème des digues, particulièrement dans la zone de MIzottes où on devrait les doubler.
      Car, aussi, ne l’oublions pas, cette région touche une zone à risque sismique. On se souvient des tremblements de terres de l’Ile de Ré, par contre, étrangement a été oublié la partie "résidentielle" des Portes-en-Ré, pourtant particulièrement inondée lors de la tempète...

  • il faudrait peut etre une enquete pour comprendre pourquoi des permis de construire ont ete autorises dans ces zones a risque
    mettre en avant
    les promoteurs responsable de ces lotissements attrape pognon
    et pourquoi pas un proces !!!!

    • A la Prise des canons, certaines maisons qui vont être raséeont été construite avant la guerre de 4O, dont une qui date de 1700, la plus éloignée, une ferme.

      Je veux bien que l’on incrimine les résidences secondaires qui ont été construites dans se secteur. C’est toujours la question qui incrimine les promoteurs, en l’occurence là se n’est pas le cas puisqu’il ne s’agit pas de généralité et de maisons individuelles contrairement aux Merlinettex qui poluent la côte à St Gilles-Croix-de-Vie, Les Sables D’Ollones, sans parler des immeubles qui souillent particulièrement cette côte. Là, oui, Bouygue a oeuvré. Sur l’Aiguillon ce n’est pas tout à fait la même chose.

      Et malheureusement, ceux qui vont voir leurs maisons rasées ne sont que des faire-valoir de la politique actuelle, qui ne se fait qu’au coup par coup, pour marquer les esprits un moment déterminé sans qu’il y ait de véritable politique de fond.

      Cette opération n’est qu’un coup médiatique de plus pour dire : "Vous voyez, nous sommes capable de prendre des désisions fortes !". C’est tout, un effet d’annonce particulièrement inconséquent, et qui ne fait qu’exacerber les rencoeurs, les injustices, les inconséquenses dans la mesure où n’ont véritablement pas été prises les bonnes décisions...

    • Ca tombe à propos, je viens d’avoir au téléphone l’un des propriétaire d’une maison qui va être détruite à la prise des Canons, une des plus anciennes puisu’elle a été contruite en 1923.

      Franchement, lui s’en fout puisque c’est une résidence secondaire que ses parents, imprimeurs, éditeurs connus avaient fait construire à l’époque sur ce bout de digue qui n’intéressait que les pêcheurs à piéd, crevetistes au havenau, les amateurs d’anguilles revenant des Sarguasses pour remonter le cours de la Sèvre Niortaise en attendant leurs prochaines migrations, petit monde où tous se connaisaient, la seul chose qu’il regrette c’est qu’il ne comprend absolument pas pourquoi...

      Depuis d’autres ont voulut s’y installer, pas beaucoup contrairement à ce que l’on voudrait nous faire croire, mais il y a aussi les "boucholeurs" dont les bouchots sont en face, un ou deux marayeurs...

    • De toute façon c’est un coup de force contre les gens en général. Dans le plus pur style de Katryna à New-Orleans.

      Si on se référait aux critères admis pour raser il faudrait à ce titre raser 40% des habitations des Pays-Bas. On pourrait se référer à ce qui s’est fait là-bas après les inondations des années 50.

      D’ailleurs ça m’étonne que les concernés ne se groupent pas pour ester devant la Cour européenne de Justice. Dans le fond vu ce qu’elle nous coûte autant utiliser les moyens en place et les jurisprudences internationales.

      En plus ça aurait le mérite de geler les actions au niveau national et donc à contraindre les pouvoirs publics à agir pour sécuriser localement en attendant toute décision européenne. Et de plus de sortir le problème au niveau international.

      Puisqu’ils tiennent tant à "globaliser" autant les niquer avec leur propres armes.

      G.L.