Accueil > Le MRAP reste opposé au voile intégral mais condamne toute loi...

Le MRAP reste opposé au voile intégral mais condamne toute loi...

Publie le vendredi 23 avril 2010 par Open-Publishing

Le MRAP reste opposé au voile intégral mais condamne toute loi qui ne pourrait que renforcer la stigmatisation à l’encontre des femmes qui le portent

Passant outre l’avis du Conseil d’Etat et voulant ignorer la possible
censure du Conseil constitutionnel, Nicolas Sarkozy, appuyé par Nadine
Morano, secrétaire d’Etat à la Famille, a décidé de présenter dès le
mois de mai un projet de loi portant interdiction en France du port de
la burka dans tout l’espace public.

Cette décision, qui renvoie à de semblables initiatives, actuellement
envisagées ailleurs en Europe ou au Canada, interpelle la société
française.

Le MRAP, quant à lui, voit deux motifs à un tel empressement du
gouvernement :

 instrumentalisation de cette question par un pouvoir qui, confronté à
une grave crise économique et sociale tente de détourner les colères
pour les fourvoyer dans un détestable rejet de l’autre érigé en bouc
émissaire ;

 volonté, après l’échec cuisant aux dernières élections de reconquérir
les électeurs qui sont retournés vers le Font national.

Le Président a choisi la stratégie de la tension en annonçant son choix
de faire passer en force une loi qui risque fort de ne pas être
applicable. Qu’en sera-t-il d’ailleurs de l’application de cette loi aux
visiteuses étrangères, notamment épouses de diplomates ou d’hommes
d’affaires ?

Le MRAP tient à rappeler :

 qu’il ne peut que condamner toute tentative de passage en force d’une
loi fondée sur un phénomène marginal et risquant de produire des
conséquences pires que la situation qu’elle serait censée corriger ;

 que son interdiction permettra aux extrémistes sectaires de renforcer
leur emprise ;

 que le fait que le gouvernement soit prêt à prendre le risque de
l’inconstitutionnalité montre sa volonté de faire diversion et de
chercher des boucs émissaires aux difficultés de la société française,
après le débat sur l’identité nationale.

Le MRAP s’oppose donc à toute loi qui ne ferait que renforcer la
stigmatisation de personnes victimes de paroles et actes racistes ou
islamophobes.

Paris 23 avril, 2010