L’évolution révolutionnaire de Jean Jaurès

SAMEDI 24 AVRIL 2010

L’évolution révolutionnaire de Jean Jaurès
André Tosel nous dit dans son article paru dans l’Humanité "L’INHUMAINE HUMANITÉ DE LA GUERRE"
http://www.humanite.fr/Andre-Tosel-...
que Jean Jaurès avec sa notion d’ « évolution révolutionnaire » anticipe Lénine, entre autres.

Le PCF, notre Parti, et l’Humanité, notre journal,me paraissent, en effet, devenir de plus en plus Jauressien, comme le nouveau Parti de Gauche de Mélanchon, d’ailleurs.

Lénine disait, à propos des phrases de Jean Jaurès, qui ,au Congrès socialiste de Copenhague de 1910, préférait la formule "démocratisation et socialisation des moyens d’échange et de production" à la formule de Bébel "expropriation intégrale de la classe capitaliste" :

"Voilà une des phrases nébuleuses, mal définies, que peuvent tout à fait admettre les idéologues des petits patrons et les théoriciens du réformisme bourgeois, une de ces phrases dans lesquelles Jaurès est passé maître et dont il est si friand" Lénine, La question de la coopération, Oeuvres Complètes, volume 16 (septembre 1009-décembre 1010), p.294

Ce commentaire de Lénine s’applique bien à cette notion d’ "évolution révolutionnaire"

Notre journal, l’Humanité, redevient jauressien, après avoir été communiste. Quel dommage. Espérons qu’il se reprendra sous la pression du peuple que nous pouvons "anticiper" et qui ne saurait tarder !

Jean Jaurès était un bourgeois courageux et très progressiste pour son époque. Il n’était pas un révolutionnaire ; il le serait peut-être devenu s’il n’avait pas été assassiné ! Mais il ne me paraît pas très sérieux de prétendre qu’il a anticipé "Lénine, Rosa Luxembourg ou Gramsci", comme l’affirme André Tosel !

Dans un beau texte de intitulé justement Evolution révolutionnaire", Jean Jaurès écrit :
"Et la révolution de 1789 fut l’oeuvre d’une majorité immense et consciente. De même, et plus certainement encore, ce n’est pas par l’effort ou la surprise d’une minorité audacieuse, c’est par la volonté claire et concordante de l’immense majorité des citoyens, que s’accomplira la révolution socialiste. Qui compterait sur la faveur des événements ou les hasards de la force, et renoncerait à amener à nos idées l’immense majorité des citoyens, renoncerait par là même à transformer l’ordre social."
http://fr.wikisource.org/wiki/%C3%8...

Ces lignes de Jaurès sont belles, mais , dirait peut-être Lénine, elles sont nébuleuses et mal définies. Avec de phrases comme cela, il n’ y a plus de distinction claire entre un parti socialiste et un parti communiste ; il n’y a plus qu’une gauche jauresienne, comme Die Linke en Allemagne, comme le Front de gauche en France, comme le Parti de la gauche européenne en Europe ! Et les classes populaires s’abstiennent en masse de voter !

Pierre Kulemann 24 avril 2010