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Traité constitutionnel, Bernard Thibault : "Nous connaissons les limites d’une consigne de vote"

Publie le vendredi 15 octobre 2004 par Open-Publishing
2 commentaires

Propos recueillis par Rémi Barroux

Entretien avec Bernard Thibault, secrétaire général de la CGT.

Pourquoi la CGT s’est-elle abstenue lors du vote à la confédération européenne des syndicats (ces) sur le projet de traité constitutionnel ?

Nous nous sommes abstenus, comme d’autres syndicats, dans la mesure où nous voulons privilégier la phase d’information de nos adhérents, avant de prendre précisément position.

Nous sommes l’un des huit pays européens confrontés à un référendum, et nous avons souhaité que la position de la CGT soit celle de syndiqués informés sur le sujet. Le débat de mercredi a montré que la plupart des confédérations avaient, en leur sein, des organisations et des adhérents avec des positions différentes sur le traité, y compris parmi celles qui ont soutenu la position de la CES. Nous ne sommes donc pas les seuls à compter des adhérents aux opinions variées sur le sujet.

En 1992, la CGT avait appelé au rejet du traité de Maastricht, aujourd’hui elle s’abstient. Votre syndicat est-il en train de modifier son identité ?

La CGT est pleinement engagée dans le syndicalisme européen. Rien ne permet de préjuger ce que sera notre position, que nous définirons lors d’un comité confédéral national en février. Il existe, d’une part, des avancées dans le projet de traité, notamment l’inscription des droits sociaux fondamentaux, et, d’autre part, de graves lacunes, comme le maintien des politiques libérales. Il n’est donc pas surprenant que tout le monde n’ait pas la même conclusion vis-à-vis d’un texte ambigu, dont la CES reconnaît elle-même les limites.

La CGT donnera-t-elle une consigne précise ?

Nous connaissons par l’expérience, notamment sur des consultations politiques, les limites d’une consigne de vote. Il est tout à fait concevable que des adhérents partageant les mêmes objectifs fassent des choix différents sur un vote de cette nature.

A l’occasion de ce débat, le syndicalisme français apparaît une fois encore très divisé...

Il n’y a pas que sur les questions européennes que les syndicats français sont trop divisés. Certains ont voté pour, contre ou se sont abstenus. La CES est une organisation pluraliste : son objectif n’est pas d’obtenir une position unanime. Le pluralisme syndical français se retrouve dans les débats au sein de la CES.

Une partie de la base de votre syndicat est critique sur le texte de la Constitution. Le "oui" de la CES ne risque-t-il pas de donner des arguments supplémentaires aux adversaire du choix européen de la CGT ?

Je ne le crois pas. Ce débat est tranché : notre participation au sein du syndicalisme européen est une orientation sur laquelle nous ne reviendrons pas. Il n’y aurait pas grand avenir pour une organisation syndicale qui se replierait sur son territoire national. Les institutions ont bougé, les réseaux économiques ont changé, et l’Europe est un terrain d’intervention qui s’impose naturellement à tout syndicat qui s’intéresse au quotidien des salariés. Nous devons continuer à occuper les lieux de convergence et d’action.

Au-delà de sa position sur le traité, la CES a-t-elle prévu de se mobiliser dans les mois à venir ?

Le comité exécutif a approuvé une stratégie de mobilisation plus visible. Cette volonté se traduira par des initiatives contre les directives sur la révision du temps de travail et les services publics, que la CES rejette. Nous organiserons aussi une manifestation pour l’emploi à Bruxelles lors du sommet des chefs d’Etat au printemps. Il faut donc créer les conditions pour réussir ces mobilisations, que souhaitait la CGT.

http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3224,36-383095,0.html

Messages

  • Des propos aussi creux, aussi abscons, aussi collabos, disons-le clairement, pourraient être tenus par un dirigeant de la CFDT.

    La CGT se dit aujourd’hui soucieuse de l’opinion de ses adhérents.
    Si cela était vrai, que n’a t-elle joué le rôle qu’elle aurait dû jouer au printemps 2003 pour généraliser la grève ? Ses adhérents le souhaitaient massivement, mais ils se sont laissés balader par la voix de la direction.

    Je ne sais pas trop ce que vise Thibault, mais il ne pense qu’à ça...

    Adhérents de la CGT : Quand regagnerez-vous votre autonomie de pensée ?

    • Je suis un des 700 000 "baladés" de la Cgt ;

      Je trouve mon prédécesseur bien péremptoire ! A-t-il déjà travaillé dans une entreprise et lutté DANS une entreprise ? Si oui, il devrait partir du principe de réalité.

      Le monde est ce qu’il est, pas ce que nous rêvons qu’il soit, même si l’utopie est ce qui n’est pas encore réalisé, comme le disait Théodore Monod (un affreux collabo...)

      Quel danger de donner de telles leçons ! Que devient le Monde si mon monde est le Monde ? Dit autrement, penser le monde seulement à partir de sa propre représentation et de son seul système de pensée et de connaissance, conduit le monde à sa perte par méconnaissance de l’Autre, de sa culture, de ses représentations sociales. Mon prédécesseur me semble enfermé dans un "chat" de libres penseurs de la pensée unique de "gôche" bien pensante.

      J’ai un principe simple pour me faire une opinion "de classe" qui ne soit pas celle d’un "collabo" : que pense le patronat de ce que fait mon syndicat (et pas seulement de ce qu’il dit...) ?
      Et bien j’ai le plaisir d’informer le professeur de révolution précédent (qui est sans doute le seul à ne pas s’en être aperçu) que jusqu’à présent le MEDEF combat bec et ongles la Cgt. Il devrait regarder plus souvent le site de ...bellaciao !

      Quant à mon autonomie de pensée, elle vaut bien celle de ceux qui se sentent un devoir de mission (téléguidée ou pas) vis-à-vis de la Cgt, et je dénie au quidam ci-dessus le droit de prendre 700 000 syndiqués pour 700 000 imbéciles qui attendent sa lumière pour comprendre enfin qu’ils sont trompés par les dirigeants qu’ils ont choisis. Cette idée, dangereuse en soi, alimente bien des idéologies totalitaires, et fait peu ou prou, le jeu de ceux qui utilisent Jeanne d’Arc comme étendard de la lutte pour la vérité.

      Pour la bataille sur les retraites, qu’il s’adresse d’abord à ceux qui n’ont pas lutté, ou qui, en utilisant le mot d’ordre de "grève générale", ont contribué à reproduire le mythe mystificateur "du pouvoir à portée de grève", ne s’appuyant sur rien d’autre que des fantasmes politiques, très éloignés de la réalité de la lutte syndicale. en disant cela, j’accepte cependant un vrai débat syndical sur les formes de luttes. Je l’ai eu en son temps. Il peut être utile d’y revenir, mais en ayant un regard histirique et une analyse factuelle.

      Pour le traité sur la constitution, permettez donc aux syndiqués Cgt d’en débattre, non pas seulement comme dans d’autres endroits, entre partisans du oui et du non, mais en tant que syndicalistes qui veulent aborder l’ensemble des questions sociales liées à la construction européenne, et qui ne souhaitent peut-être pas se laiser enfermer dans des manoeuvres politiques.

      Syndicalement vôtre.
      Ph.D.