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La facture pour les peuples

Publie le dimanche 2 mai 2010 par Open-Publishing

International - Article paru
le 29 avril 2010

http://www.humanite.fr/2010-04-29_I...

L’austérité est le moyen de transférer sur les citoyens de l’UE la charge de la dette contractée par les États pour renflouer les marchés.

Le traitement réservé aux Grecs, aux Portugais puis bientôt aux Espagnol, Irlandais, Français …, priés d’éponger par des super plans d’austérité l’endettement colossal de leurs états constitue le troisième acte de la crise financière commencée en 2007-2008.

 Le premier avait été marqué par l’explosion de la bulle spéculative autour de l’immobilier aux États-Unis (subprimes).
 La phase suivante s’est caractérisée par un gigantesque effort des États pour voler au secours d’un système bancaire mondial très lourdement contaminé, tant il s’était investi dans l’enflure financière. De plans de renflouement du secteur bancaire par la puissance publique, en création de « bad banks » où les établissements ont pu déverser à la pelle leurs titres pourris dans des « dépotoirs » à la charge des Etats, plus de mille milliards d’euros ont ainsi été injectés directement dans le système au bord du collapsus. Ce qui a fait exploser les déficits et l’endettement publics.

Aujourd’hui, ultime épisode la crise, c’est cette facture que l’on présente aux peuples. Et ce sont les marchés fraîchement « sauvés des eaux » par les Etats que l’on retrouve à la baguette. Ils font pression pour que les uns et les autres coupent à la hâche dans leurs dépenses, taillent dans la sécurité sociale et l’assurance vieillesse en repoussant les âges légaux de départ à la retraite.

La zone euro est l’une des plus exposées : ses règles de fonctionnement ont été soumises à des dogmes monétaristes avec un seul objectif : drainer les placements vers l’UE en leur assurant la garantie que leurs plus-values à venir ne seront jamais rognées par l’inflation.

Toute vraie mesure de solidarité avec un membre de l’eurogroupe en difficulté a ainsi été bannie. Et la « cohésion » au sein de la zone euro s’organise parmi des États soumis à la concurrence fiscale ou sociale, sous la menace de mesures disciplinaires de Bruxelles.
Aux yeux de ses concepteurs, ce système devait permettre de drainer les capitaux à la recherche de la meilleure rentabilité vers la zone euro et de hisser le projet d’« Europe puissance » sur la scène planétaire.

A l’heure où l’Europe apparaît plus affaiblie que jamais par rapport aux « pôles » américain et asiatique, c’est l’échec retentissant de cette stratégie là que révèle aussi la crise actuelle de l’euro.

Bruno Odent