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Un petit tour en bus ?

Publie le lundi 5 mai 2003 par Open-Publishing

Tribune de Genève - www.tdg.ch

Les autorités envoient paître les anti-G8... (16/04/2003)

Les autorités souhaitent emmener les opposants en
transports publics à Annemasse.

VALÉRIE DUBY

"On nous avait promis un
anti-Gênes. On nous avait assurés du
droit de manifester. Or, aujourd’hui,
il est évident que la volonté est de
mettre sur place un dispositif
militaro-policier. Et le respect des
droits démocratiques passe tout
simplement à la trappe", lance Eric Decarro. Participant à une
conférence de presse regroupant les milieux de gauche et les
opposants au sommet du G8, le président du syndicat des
services publics a appris, hier, via un représentant du Collectif
haut savoyard de résistance au G8 (Charge8) [je crois qu’il s’agit de
CharG8, note de P.A.], que les
manifestations programmées début juin ne pourraient
probablement pas avoir lieu. "Nous avons été reçus lundi soir à
la préfecture de Saint-Julien, poursuit Bernard Meurgues, du
Charge8, c’est là que nous avons eu connaissance des
propositions suivantes : les manifestants de Genève seraient
emmenés en bus des TPG [Transports Publics Genevois, NdPA] à l’aérodrome
d’Annemasse et, de
là, seraient dirigés pour manifester en direction de Bonneville
ou de Douvaine. Ce n’est pas sérieux. En manifestant notre
opposition au G8, nous ne faisons pas une promenade
bucolique." A noter que les TPG n’ont pas encore donné leur
accord quant aux voitures à mettre à disposition.

Rien à voir, effectivement, avec ce qui avait été prévu : des
"actions de blocage massives et non violentes", ainsi que la
grande manifestation pacifiste de masse du dimanche 1er juin
au départ de Genève et d’Annemasse, avec un point de
rencontre à la douane de Moillesulaz.

Une Madame G8 ?

Les partis de gauche ont donc décidé de se mobiliser. Le
président du Parti socialiste, Dominique Hausser, se dit déçu de
la manière dont le Conseil d’Etat [sorte de gouvernement
cantonal, responsable entre autres de la police, majoritairement a
droite, contrairement a la municipalite de Geneve, NdPA] travaille sur ce
dossier. Et appelle, comme SolidaritéS [extreme-gauche, NdPA], à
l’annulation du sommet d’Evian.
Les Verts, eux, ne sont pas d’accord sur ce point mais
constatent, eux aussi, l’impossibilité de pouvoir dialoguer avec
les autorités. "Il faut nommer un Monsieur G8 ou, mieux
encore, une Madame G8, lance Florian Irninger du parti
écologiste. Car il n’existe pas de communication entre les
manifestants et les autorités des deux pays. Il faut arrêter
maintenant de vouloir criminaliser les manifestants, ce ne sont
pas des agresseurs potentiels. L’Etat doit pouvoir mettre en
place une logistique pour l’accueil de ces gens qui ont, eux aussi,
le droit de se réunir et d’échanger des points de vue."

L’Etat [cantonal, NdPA] prendra ses responsabilités

Pierre Vanek, de SolidaritéS, constate que la venue de George
Bush, à Genève, entraînera, inévitablement, des
rassemblements dans le secteur de l’aéroport. La parade
trouvée par les autorités ? Une zone d’exclusion, la zone 0
comme l’appellent les Français, autour de l’aéroport. On l’aura
compris, le but des autorités suisses et françaises est bien
d’éviter une manifestation sur territoire suisse. Pour Raphaël
Rebord, chargé de la coordination du G8 pour le canton de
Genève, il paraît normal que la manifestation se déroule dans le
pays accueillant la réunion. Mais qui donc pourra empêcher les
opposants de vouloir manifester à Genève, ville des droits de
l’homme ? "On ne se laissera pas promener en campagne",
assure Bernard Meurgues. Avec ou sans l’accord des autorités,
les anti-G8 promettent de manifester de Genève à Annemasse.
"Si les autorités continuent leurs provocations, on se dirige vers
des problèmes majeurs. L’Etat devra prendre ses
responsabilités", conclut Pierre Vanek.

"Bush à Champ-Dollon !"

Lorsqu’il parle de George W. Bush, Pierre Vanek voit rouge :
"Comment Genève, ville des droits de l’homme, siège européen
de l’ONU, peut-elle accepter qu’un criminel de guerre comme
Bush soit reçu sur un tapis rouge par Pascal Couchepin ? C’est
de la pure provocation ! Il n’existe qu’un seul lieu pour M.Bush :
la prison de Champ-Dollon !"

Une trentaine d’organisations ont adressé une lettre au
président de la Confédération, Pascal Couchepin, lui demandant
d’annuler sa rencontre avec le président des Etats-Unis le
dimanche 1er juin, jour de la manifestation anti-G8. Pour les
signataires de la lettre, ce rendez-vous est "politiquement et
moralement inacceptable".