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Thélot n’est que le sommet de l’iceberg de la réforme de la fonction publique de l’état

Publie le mercredi 20 octobre 2004 par Open-Publishing
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C’est un peu long mais c’est édifiant !!!


LE GOUVERNEMENT PREPARE L’EXPLOSION DE LA FONCTION PUBLIQUE DE L’ETAT APRES LES RETRAITES, LES STATUTS DE CORPS SONT ATTAQUES !

Le gouvernement Raffarin, et son ministre de la Fonction publique Renaud
Dutreil, n’ont qu’un but : DETRUIRE tout ce qui est collectif : Retraite,
Sécurité Sociale, Code du Travail entre autres.

Aujourd’hui, ce sont les statuts de corps de la Fonction publique de l’Etat
qui sont attaqués.

Or, avec le principe de séparation du grade et de l’emploi, le principe de
regroupement des effectifs par corps, et le classement de ceux-ci dans une
grille indiciaire unique sont des principes de base de la Fonction publique
de carrière.

Début septembre, la F.G.F. - F.O. avait obtenu des informations selon
lesquelles un projet de suppression des corps circulait au sein des
administrations.

F.O. avait exigé le document auprès du ministre lui-même. En vain . celui-ci
ne nous l’a toujours pas transmis. Or ces éléments devraient être intégrés
dans la future « loi d’orientation pour la Fonction publique ».

La F.G.F. - F.O. a pu malgré tout se le procurer. Il est plus qu’édifiant .
il s’agit là tout simplement d’une explosion de la Fonction publique de l’
Etat.

Le projet affiche deux objectifs : la réduction de la dépense, et la
déconcentration tous azimuts de la gestion des personnels.

Ces deux objectifs sont désormais des « classiques » des politiques
libérales mais le projet va très loin pour accompagner une réduction
drastique des effectifs d’une part, avec la mise en place de dispositifs de
GRH destinés à favoriser les redéploiements ; d’autre part, la
déconcentration est utilisée, dans le document, pour retirer aux ministères
l’essentiel de leurs prérogatives en matière de GRH au profit de l’ « 
interministériel » régional, faisant éclater au passage les politiques
nationales.

Si l’on relie ce projet avec les Stratégies ministérielles de réforme d’une
part, avec les propositions en matière de dialogue social d’autre part, nous
sommes face à la mise en ouvre d’un véritable « plan social » de grande
envergure pour la Fonction publique de l’Etat !

A la lecture, c’est aussi la destruction complète de la Fonction publique de
l’Etat au travers de l’abandon des corps nationaux ; au travers aussi de la
montée en puissance de la rémunération au mérite au détriment de la
rémunération indiciaire.

1. Suppression des 900 corps de fonctionnaires et remplacement par 28 « 
cadres statutaires »

Trop souvent la méthode Dutreil consiste à faire de la communication en
pointant une affirmation souvent non argumentée !

Après « il y a trop de fonctionnaires », maintenant c’est : « il y a trop de
corps : 900 » !!

Il omet seulement de préciser que 75 % des effectifs de la Fonction publique
de l’Etat sont régis par 19 corps seulement ! (source : D.G.A.F.P.)

N.B. : si certains corps en extinction sont maintenus statutairement, c’est
pour des raisons de paiement de pensions, notamment aux ayants cause.

Selon le document « confidentiel », les cadres statutaires seraient le
produit de :

5 niveaux : les anciennes
catégories C, B, A, A+, A++ deviendraient :

niveau 1 (adjoint),

niveau 2 (assistant),

niveau 3 (cadre),

niveau 4 (cadre supérieur),

niveau 5 (cadre dirigeant ou expert).

On appréciera à leur juste valeur les termes issus du secteur privé que l’on
voudrait plaquer ainsi sur la Fonction publique !

Il est frappant de voir, du moins dans l’appellation, que tout le monde
serait cadre, ou presque cadre (adjoint ou assistant) . au détriment des
emplois dits d’exécution. Dont on voudrait se débarrasser ?

6 filières : administration,
formation et culture, administration financière, santé - social, technique,
sécurité.

Ces 28 cadres statutaires sont également appelés « cadres de fonctions » .
ce serait donc la mise en place du rapport Pochard ; ce serait aussi la « 
territorialisation » de la Fonction publique de l’Etat puisque l’on se
rapprocherait de la structuration en filières et cadres d’emploi de la
Fonction publique territoriale.

Les corps ministériels ou directionnels seraient supprimés au profit de
cadres regroupés, et souvent interministériels (notamment « administration »
et « technique »).

2. Suppression des qualifications professionnelles actuelles

Aujourd’hui, les missions et fonctions exercées nécessitent une
professionnalisation de plus en plus forte : c’est le fondement de l’
existence des corps, avec notamment, un recrutement et une formation
initiale et continue adaptées.

Le gouvernement met en avant les quelques difficultés rencontrées par les
agents dans l’obtention d’un détachement d’un corps à un autre pour
supprimer toutes les qualifications !

La notion de spécialité ne serait conservée qu’au moment du recrutement et
de la première affectation (dans la Fonction publique territoriale la
spécialité n’intervient qu’au stade du concours .)

Exemple : Aujourd’hui, un contrôleur du Trésor public et un contrôleur des
Impôts ne reçoivent pas la même formation initiale puisqu’ils ne sont pas
destinés à assurer les mêmes missions. Demain, ces deux agents seraient « 
assistants des Finances » et pourraient donc être nommés indifféremment dans
l’un ou l’autre service.

Avec la suppression des détachements, tout se passerait par mutations à l’
intérieur d’un même cadre ou d’un cadre à l’autre, au prétexte de favoriser
la mobilité.

3. Rémunération : le salaire à 3 étages

Aujourd’hui, le classement des corps et grades dans une grille indiciaire
permet de calculer la rémunération indiciaire brute sur tout le territoire.

Exemple : un adjoint administratif 4e échelon à l’indice X aura la même
rémunération indiciaire brute qu’il soit affecté à Lille, Marseille, ou
Paris : c’est un principe de base d’égalité de traitement entre agents ayant
le même indice. Ensuite se rajoutent éventuellement le(s) régime(s)
indemnitaire(s) et les prestations familiales.

FO a toujours revendiqué une véritable réforme de la grille indiciaire afin,
notamment, d’intégrer toutes les indemnités dans le traitement.

Or, même si ce gouvernement affirme « vouloir réformer la grille indiciaire
comme le souhaitent les organisations syndicales », il veut au contraire
individualiser et, ainsi, fragiliser la rémunération des fonctionnaires !

La proposition de traitement comportant 3 étages n’est pas nouvelle mais
ressort chaque fois que le gouvernement veut faire des économies budgétaires
 !

Voilà le salaire en 3 D : Delors - Delevoye - Dutreil !

En 1992, Jacques Delors proposait de découper les salaires en trois parties,
pouvant évoluer de façon indépendante :

salaire parité, fonction des résultats de
l’économie (valeur du point négocié au niveau national et inter fonction
publique)

salaire spécificité, fonction des
résultats d’une entreprise ou d’une administration (négociation
ministérielle ou directionnelle)

salaire promotion, fonction des résultats
d’un individu ou d’un groupe d’individus (négociation locale).

Fin 2003, Jean-Paul Delevoye s’est inspiré de ce schéma pour suggérer une
« refondation en trois parts » :

le traitement de base, qui représenterait le niveau de
qualification,

la rémunération fonctionnelle, modulable en fonction
de l’importance et de la nature des fonctions exercées, fixée par ministère
 ;

la rémunération modulable à titre individuel ou
collectif, qui dépendrait des résultats de l’individu et/ou du service.

Pour ne pas être en reste, M. Dutreil change la terminologie :

1. rémunération de l’indice,

2. rémunération du poste,

3. rémunération de la performance,

mais va très loin dans la casse des garanties statutaires des agents, en
supprimant en plus, les corps et la gestion nationale..

Les 3 étages de rémunération seraient donc les suivants :

rémunération de l’indice : une grille par
niveau. C’est la part fixe, que l’on peut comparer à la grille indiciaire
actuelle, par corps et grade. Mais il est à craindre que cette part
indiciaire se réduise progressivement au profit des deux autres étages !

Par ailleurs il est envisagé d’allonger la durée dans les premiers échelons
des grades, et de décaler les plages d’appel au grade supérieur !

Ceci est aux antipodes de la réforme de la grille indiciaire revendiquée par
FO !

rémunération du poste :

Il s’agit de la rémunération du poste de travail, en fonction de la
technicité, des sujétions, de la localisation .

Pour ce faire, les emplois seraient « classés », aboutissant à une véritable
cotation des emplois.

Cet étage représenterait une part variable du salaire, qui resterait fixe
durant l’occupation d’un même poste.

On peut comparer cet étage avec ce qui se fait en termes de régimes
indemnitaires.

Ceci impliquerait la suppression de la NBI, de la bonification indiciaire
(certains postes dans l’Education nationale), et des divers régimes
indemnitaires spécifiques existants (Police, Finances .)

Leur serait substitué un régime unique, basé sur une cotation des emplois,
qui établirait un salaire moyen par filière et par niveau.

Sur ce salaire moyen, les responsables pourraient appliquer à tel ou tel
agent des « plus » et des « moins ».

Il s’agit donc bien dès cet étage, d’un début d’individualisation de la
rémunération !

Le document indique même que si le « responsable opérationnel » recrute « un
agent mieux rémunéré que la moyenne des agents de la même catégorie dans son
service », il pourra « récupérer son investissement dans le cadre du
pilotage de sa masse salariale ».

En parallèle, il est proposé de lever le plafonnement du RAFP (régime
additionnel de retraite qui entrera en vigueur le 1er janvier 2005),
actuellement établi à 20% du traitement indiciaire brut. Ce qui confirme
notre supposition que cet étage monterait en puissance au détriment du 1er
étage indiciaire.

En revanche il n’est pas question d’aligner tout le monde vers le haut . le
contraire est même inscrit dans le document.

Pour les agents qui seraient perdants, une clause de conservation « à titre
personnel » de leur régime indemnitaire est prévue, mais pendant 5 ans
seulement, ceci en prenant exemple sur la Poste et France Telecom. Est-ce l’
exemple à suivre quant on sait que ces deux services publics s’acheminent
vers la privatisation. ?

rémunération de la « performance » :

L’objectif est de consacrer la « performance » individuelle.

Pour autant, le projet retient pour les 2 premiers niveaux (catégories C et
B actuelles), la seule « performance » collective en évoquant le frein de l’
« acceptabilité sociale » !

La « performance » serait donc sanctionnée à la fois par des rythmes d’
avancement différenciés (avec des écarts qui pourraient être beaucoup plus
importants que ce qui existe actuellement), mais aussi par un 3e étage de
rémunération.

Il s’agit d’une part variable, modulable même, « non susceptible d’effet de
cliquet d’une année sur l’autre » . c’est-à-dire remise en cause chaque
année, notamment du fait de l’application des nouvelles modalités de
notation reposant sur l’évaluation des objectifs imposés !

De toute façon ce « complément » ne pourra faire l’objet que de « 
redéploiements de crédits ou d’abondements nouveaux » .

Les critères d’évaluation seraient « transparents » . sauf qu’au même
moment, dans le projet sur le dialogue social, le ministre a refusé d’
élargir le champ de compétence des CTP aux critères de répartition des
indemnités, et a maintenu la seule vision de « grandes orientations en
matière indemnitaire ». Curieux n’est-ce pas ?

REMUNERATION : ENTOURLOUPE !

Mais cette « réforme » de la rémunération, comment s’appliquerait-elle ?

1ère règle : Respecter les contraintes budgétaires définies par le pacte de
stabilité européen.

Ainsi, les budgets successifs (2003, 2004) et le prochain (2005)
contraignent la masse salariale de la Fonction publique de l’Etat :
suppression d’effectifs, absence de réelle revalorisation des salaires
depuis le 1er janvier 2000 !

Et, le 6 octobre 2004, Renaud Dutreil annonce que pour 2005 il n’a
pratiquement rien à proposer . alors, quid d’une réforme de la grille
indiciaire sans moyens ?

2ème règle : dépenser le moins possible, donc étaler une éventuelle réforme
sur . 10 ans.

Après le « Durafour en 7 ans » . voici le « Dutreil en 10 ans » .

En effet, la création de nouveaux cadres statutaires avec des rémunérations
supérieures s’échelonnerait sur cette durée. Avec un tel échelonnement les
fonctionnaires actuellement en place n’auraient pratiquement aucune chance d
’en bénéficier, ni pendant leur activité ni en tant que retraité puisque la
loi d’août 2003 sur les pensions a supprimé le principe de péréquation !

Dans l’intervalle, il est prévu pour eux une « intégration progressive »,
avec des « grilles provisoires ».

Et M. Dutreil qui laisse entendre que l’on augmenterait le traitement des
fonctionnaires de l’équivalent de 100 à 150 points - sans préciser pour l’
essentiel qu’il s’agirait d’indemnités !! Bien joué la communication
gouvernementale !!

Voilà l’entourloupe de ce projet en terme de rémunération.

Ne tombons pas dans le piège - Réagissons !

4. Avancement : les « aptitudes personnelles » seraient favorisées au
détriment des règles statutaires.

Les compétences professionnelles, y compris celles relatives à l’activité
antérieure à l’entrée dans la Fonction publique (!), seraient valorisées au
détriment de l’ancienneté.

« La part du concours interne serait notablement réduite par rapport à celle
de la liste d’aptitude ou celle d’un examen professionnel rénové ».

AVANCEMENT : HYPOCRISIE !

Dans la phrase suivante est contenue toute l’hypocrisie de ce gouvernement
vis-à-vis des fonctionnaires : « Les fonctionnaires ayant assuré avec succès
l’occupation d’un poste correspondant à un cadre statutaire de niveau
supérieur pourraient intégrer ce cadre au terme d’une certaine durée ».

Cela fait des années que FO et l’ensemble des délégués du personnel en CAP
nationales et/ou locales exigent des postes budgétaires, lors de l’
établissement des listes d’aptitude, pour justement reconnaître à leur juste
place les fonctionnaires assurant les fonctions supérieures (à leur grade ou
à leur corps) et cela a été bien trop souvent rejeté . Aujourd’hui cela
deviendrait possible ? A la condition d’accepter la réforme ?

Pour que l’avancement nouvelle formule « Dutreil » soit mis en ouvre, il y
faut deux compléments :

la création de ratios promus /
promouvables

la disparition du système actuel des
C.A.P.

4.1 Création de ratios promus / promouvables

Cette création a été suggérée, il y a plusieurs années, par . la direction
du Budget.

Pour elle, avec tous les départs en retraite prévus entre 2000 et 2010, le
nombre de promotions au grade (ou au corps) supérieur est susceptible d’
augmenter très fortement . et ce ne serait pas supportable budgétairement .
d’où l’idée d’un ratio promus / promouvables.

Aujourd’hui, les promotions se font sur les postes vacants en fonction d’un
pyramidage statutaire par corps (exemple : les adjoints administratifs
principaux de 1ère classe doivent représenter 15 % de l’effectif total du
corps des adjoints administratifs). Si les départs en retraite augmentent,
les postes vacants aussi ; les promotions devraient suivre en principe le
même mouvement (sauf si les emplois budgétaires sont supprimés !).

Demain, un ratio serait fixé à partir du nombre de promouvables, c’
est-à-dire du nombre d’agents remplissant les conditions statutaires de
promotion.

Si ce ratio est à hauteur de 25 % - comme ce qui a été octroyé aux
administrateurs civils, s’il y a 100 promouvables, il y a 25 promus. Par
contre, si ce ratio est fixé à 5 %, il n’y aura que 5 promus .

On comprend mieux l’intérêt de l’administration pour le ratio promus /
promouvables !

4.2 Disparition du système actuel des CAP par corps, qu’elles soient locales
ou nationales

Un nouveau dispositif serait instauré, aussi bien au plan de l’organisation
que des compétences.

a) organisation :

Le principe serait acquis d’une déconcentration systématique, sauf pour le
niveau 1 (cadre dirigeant ou expert) qui resterait au niveau national.

Les corps nationaux étant supprimés au profit de « cadres statutaires », une
instance de régulation nationale « supra ministérielle », type « haute
autorité », serait créée pour gérer l’entrée et la sortie des cadres
statutaires. Elle disposerait de relais locaux dits « délégations régionales
interministérielles ».

Deux types de CAP seraient institués au niveau régional :

pour chaque cadre statutaire ou pour
chaque niveau, une CAP par service

une CAP spécifique adossée à la « 
délégation régionale supra-ministérielle », qui interviendra pour toute
entrée ou sortie concernant un cadre, et pour la gestion inter-cadres.

b) compétences :

Deux orientations alternatives sont préconisées :

L’examen des dossiers individuels, mais
restreint aux matières obligatoires et à l’appel individuel de décision de l
’administration

Le glissement vers l’examen de dossiers
« collectifs » au détriment des situations individuelles

Le ministre estime en effet que le dialogue social actuel au sein des CAP
est « déformé par le prisme des questions corporatives ».

Pour lui, le dialogue social doit donc se réorienter sur le « fonctionnement
des services, la modernisation, la GPEEC (Gestion prévisionnelle des
emplois, des effectifs et des compétences), l’évolution des « métiers »,
etc. ».

Ce qui gêne le ministre, c’est surtout le rôle de garant du statut et des
intérêts individuels et collectifs des agents défendus avec acharnement par
les délégués du personnel élus sur listes syndicales dans les CAP.

Ce qui le gêne, c’est le statut lui-même !

En réalité, le projet pose des jalons pour la suppression à terme des CAP :
selon le document, l’intervention des C.A.P. conférerait « une connotation
très administrative et procédurière » à la gestion actuelle des personnels.
Chacun appréciera !

Il faut améliorer la « rationalité managériale » (sic) « tout en tenant
compte de l’acceptabilité sociale des évolutions techniques ( ?)
souhaitables ». On croit rêver .

Le lien est ainsi fait avec la réforme du dialogue social proposée il y a
quelques jours par le ministre, et repoussée par FO : le ministre fait comme
s’il envisageait la suppression des CAP, ou leur adossement aux CTP - avec
le recouvrement des prérogatives CAP/CTP d’une part, avec le dispositif
prévu dans le projet sur le dialogue social d’autre part, y compris l’
élection directe des représentants syndicaux en CTP.

Il s’agirait là d’un changement inacceptable en matière de représentation
des personnels par leurs organisations syndicales.

5. Du national au local, du ministériel à l’interministériel : un
dépouillement programmé !

« La loi poserait un principe de déconcentration du recrutement et de la
gestion des cadres statutaires ».

La GRH serait donc locale (régionale) et interministérielle, avec y compris
la prise en compte de la notion de « bassin de l’emploi public » qui
inclurait les trois Fonctions publiques.

Les ministères seraient privés de l’essentiel de leurs prérogatives en
matière de GRH : les recrutements, les entrées et sorties des cadres
statutaires (y compris par l’avancement), voire l’organisation des concours,
leur échapperaient. Leur resterait seulement la gestion de leurs emplois .

En conclusion, ce projet est un condensé des orientations ultra-libérales de
notre ministre de la privatisation de la Fonction publique qui, conjuguées
aux contraintes budgétaires, conduisent :

à transformer la nature même de la Fonction publique
de l’Etat en supprimant les corps nationaux, en dénaturant les politiques
ministérielles, en supprimant ou externalisant les missions et fonctions d’
exécution,

à priver les agents de leurs garanties statutaires au
profit - aléatoire et illusoire- d’une meilleure rémunération au « mérite »,
incompatible avec l’accomplissement d’une mission de service public,

à mettre en ouvre un véritable « plan social » de l’
Etat au travers de suppressions de missions, de redéploiements d’effectifs d
’un ministère à l’autre selon les seuls « besoins de l’employeur » .

Ce projet qui enterre les corps nationaux fait écho à la LOLF qui supprime
la référence aux grades. Ainsi, plus de grade, plus de corps . la liberté
totale pour les employeurs - managers, tant en terme de recrutement, d’
avancement, de rémunération, de licenciement : tout pour la soi-disant « 
performance », en réalité tout pour la privatisation de la Fonction publique
et du service public .

La suppression des corps de la Fonction publique de l’Etat et la création de
cadres statutaires analogues aux cadres d’emplois de la Fonction publique
territoriale est un premier pas vers la fusion en une seule fonction
publique, dont une certaine presse estime « qu’elle pourrait même être
soumise à une convention collective, c’est-à-dire ne plus compter dans l’
avenir que des contractuels, exceptés aux postes de direction ».

Pour la F.G.F. - F.O., la modernisation de la Fonction publique ne passera
pas par sa destruction !

F.O. affirme que d’autres choix sont possibles pour améliorer le
fonctionnement et l’efficacité de l’administration tout en conservant les
principes statutaires fondés sur l’égalité et la neutralité.

Messages

  • L’individualisation des carrières, des rémunérations a évidemment pour objectif, non pas d’augmenter la performance (qu’est-ce cela signifie à l’Education nationale ; donner le bac à tous les candidats ? A l’hôpital ; installer les malades sur une chaîne et non plus sur des lits ?) mais de stimuler le caractère arriviste des plus jaunes.
    L’abandon du recrutement par voie de concours entraînera une situation où les candidats devront "se vendre" comme dans le privé. Les rapaces s’en sortiront le mieux.

    Tout cela débouchera sur une situation où le Statut de la Fonction publique disparaîtra de manière pour ainsi dire naturelle.

    Il semble bien que la majorité des fonctionnaires ne comprennent pas ce qui se dessine.
    Si leur regard était moins myope, il passerait les Alpes : en Suisse, en Italie, la garantie de l’emploi n’existe plus pour les agents publics.