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AMIANTE : le gouvernement du Québec s’apprête à financer une nouvelle mine d’amiante !

Publie le jeudi 10 juin 2010 par Open-Publishing

Le gouvernement du Québec s’apprête à accorder une garantie de prêt de 58 millions de dollars pour permettre l’ouverture d’une nouvelle mine d’amiante près de la ville d’Asbestos. Le projet de la mine Jeffrey est évalué à 190 millions de dollars ; 130 millions ont déjà été investis à la fin des années 90, les deux millions restant seraient financés par des syndicats, coopératives et caisses locales. La promotion de ce projet fou est réalisée par le Ministère des ressources naturelles du Québec d’une part et le Ministère du développement économique, de l’innovation et de l’exportation.

Rappels. Le Canada reste encore aujourd’hui un grand exportateur d’amiante même si ses ventes sont en chute. L’industrie minière et le gouvernement canadiens ont aussi une écrasante responsabilité dans la propagande mensongère qui a permis de continuer l’exploitation de ce matériau cancérogène pendant un demi-siècle supplémentaire. Les axes de cette propagande meurtrière sont bien connus :
- la variété d’amiante produite au Canada, le chrysotile serait « moins nocive » voire « inoffensive » (le chrysotile représente 95% de la production mondiale d’amiante …) ;
- les effroyables dégâts constatés aujourd’hui sont dus à l’exploitation passée, sous-entendant que aujourd’hui on sait mieux contrôler l’usage de l’amiante chrysotile (comme le temps de latence des cancers est de 30 ans l’argument permet de continuer à vendre en toute impunité) ;
- le Canada affirme éduquer les pays importateurs à l’« usage sécuritaire » de l’amiante, alors qu’il a été incapable de protéger sa population (le Québec est une des régions au monde ayant le plus fort taux de mésothéliomes !).

Le gouvernement canadien s’était illustré en 1998 en portant plainte, sans succès, contre la France et la Communauté Européenne auprès de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC), soutenant que l’interdiction de l’amiante en France était contraire à l’Accord Général sur les Tarifs douaniers et le commerce (GATT).
Par trois fois (2004, 2006, 2008) les diplomates canadiens ont réussi à bloquer l’inscription de l’amiante chrysotile sur la liste des produits dangereux prévue par la Convention de Rotterdam.

Tout ceci ternit gravement l’image du Canada et du Québec en particulier. Par exemple, en février dernier, le premier ministre du Québec, M. Jean Charest a été conspué lors de sa visite en Inde.

Ce projet de prêt doit être abandonné pour de multiples raisons.

Il est moralement indéfendable : le Canada et même le Québec ont pratiquement éliminé tout usage de l’amiante (le parlement d’Ottawa est notamment désamianté à grand frais) ; la totalité de la production québécoise est exportée, principalement vers les pays d’Asie (Inde, Indonésie, Pakistan, Chine) : ce qui est mauvais pour les poumons canadiens est réputé inoffensif pour les travailleurs pauvres de ces pays.

C’est une aberration financière et politique : le gouvernement québécois s’apprête pour d’obscures raisons à jeter 58 millions de dollars provenant des contribuables pour tenter de renflouer une industrie privée moribonde (et meurtrière !), la mine est sous la loi de la protection contre la faillite depuis plusieurs années. Cette injection d’argent ne sauvera pas cette industrie appelée à disparaître rapidement au Canada, maintenue sous perfusion à coup de mensonges et corruption. Non seulement il s’agit d’un prêt à perte mais il renforcera encore si nécessaire l’énorme responsabilité future des gouvernements québécois et canadien : le montant des dettes futures en indemnisation de victimes se compte lui en milliards de dollars …

Communiqué de presse du 10 juin 2010 du Comité Anti-amiante Jussieu