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Le grand malaise du « vivre ensemble »

Publie le mercredi 11 août 2010 par Open-Publishing
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Lorsque le légendaire syndicaliste Michel Chartrand réclamait il y a une dizaine d’années un revenu de citoyenneté universel et inconditionnel pour tous les Québécois, revenu qui selon monsieur Chartrand devait se situer un peu au-dessus du seuil de la pauvreté (l’aide sociale mettant une personne bien en bas du seuil de pauvreté), moi et bien d’autres étions tout à fait d’accord avec cette proposition.

Il nous semblait en effet qu’il s’agissait d’une mesure progressiste visant à réduire la pauvreté et à procurer une vie décente au plus grand nombre.

Cependant, de tels projets se heurtent toujours à une féroce opposition, en particulier de la part des élites riches dirigeantes qui n’ont vraiment pas intérêt à ce qu’un projet de revenu de citoyenneté voit le jour.

Comme l’expliquait le célèbre penseur anglais du 16e siècle Thomas More, les riches ont d’autres projets pour les plus démunis :

« Lorsque j’envisage et j’observe les républiques aujourd’hui les plus florissantes, je n’y vois, Dieu me pardonne ! qu’une certaine conspiration des riches faisant au mieux leurs affaires sous le nom et le titre fastueux de république. Les conjurés cherchent par toutes les ruses et par tous les moyens possibles à atteindre ce double but :

Premièrement, s’assurer la possession certaine et indéfinie d’une fortune plus ou moins mal acquise ; secondement, abuser de la misère des pauvres, abuser de leurs personnes, et acheter au plus bas prix possible leur industrie et leurs labeurs.

Et ces machinations décrétées par les riches au nom de l’État, et par conséquent au nom même des pauvres, sont devenues des lois. »

Donc, pour pouvoir comme le dit More acheter au plus bas prix l’industrie et le labeur des pauvres, les riches doivent faire en sorte que les pauvres n’aient pas d’alternative autre que de travailler pour un petit salaire. Si un revenu de citoyenneté comme défini par Michel Chartrand existait, les pauvres non seulement auraient une vie décente mais pourraient aisément refuser un travail ingrat et mal rémunéré.

Tout cela pour dire que l’on constate que deux visions de la société totalement opposées s’affrontent et que malheureusement le pouvoir est détenu par ceux qui veulent acheter au plus bas prix l’industrie et le labeur des pauvres.

Pas surprenant que ceux qui partagent la vision de société d’un Michel Chartrand deviennent amers dans la société actuelle et qu’une tension sociale constante caractérise les relations entre citoyens.

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