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L’expulsion des Rroms de France critiquée de toutes parts.

Publie le mercredi 25 août 2010 par Open-Publishing

par Lizzie Davies (guardian.co.uk) mardi 24 août 2010

Des voix discordantes à droite de plus en plus nombreuses s’inquiètent de la politique menée. Le gouvernement en perte de crédibilité, affirme que seule une élite libérale s’y oppose.

Les mesures répressives de la France exercée contre les populations étrangères Rroms ce sont retrouvées sous le feu des critiques de l’ensemble du monde politique et associatif aujourd‘hui alors que la pression monte sur le gouvernement afin qu’il abandonne son plan de
« renvoyer » des centaines de personnes dans leur pays d’origine.

Le ministre de l’intérieur, Brice Hortefeux, insiste sur le fait que l’opposition à sa stratégie provient exclusivement d’une élite de bobos parisiens, déconnectés des maux et réalités majeurs de la société, mais un déferlement de critiques de plus en plus violentes proviennent de gens que le gouvernement prétend représenter.

Alors que la Commission Européenne contre le racisme et l’intolérance vient de sortir un communiqué se disant « extrêmement préoccupée » de la politique menée par la France, une médecin et humanitaire bénévole a dit qu’elle refuserait la plus grande distinction du pays en protestation à la répression.

Anne Marie Gouvet, qui réside dans une ville du sud-ouest à Pau, et qui a participé à de nombreuses missions d’aides humanitaires dans des zones de conflits, incluant l’Afghanistan, a déclaré : « Il y a eu les expulsions d’Afghans, et maintenant les Roms... . Je préfère refuser cette Légion d’honneur, la tête haute »

La position de Mme Gouvet fait suite aux déclarations d’Arthur Hervet, un prêtre de lille, ville du nord de la France, qui a déclaré qu’il rendrait sa médaille de l’ordre du mérite à Hortefeux pour signifier sa colère envers la « guerre » orchestrée par le gouvernement à l’encontre des Rroms.
"Je dis bien à M. Hortefeux que j’ai l’impression qu’il ne connaît pas la situation, il ne sait pas ce que vivent ces gens." a déclaré Arthur Hervet, 71 ans. Il s’est par contre rétracté sur son souhait de voir Nicolas Sarkozy souffrir d’une « crise cardiaque ».

Hervet n’est pas la seule personnalité de l’église catholique à exprimer son indignation envers la politique mise en place par le président, qui a mené à l’expulsion d’approximativement 100 camps Rroms illégaux ces 20 derniers jours. Utilisant des mots qui sonnent comme une mise en garde implicite à l’Elysée, la pape s’est exprimé en Français ce dimanche pour un accueil des « légitimes diversités humaines ».

Des éléments appartenant à la droite religieuse ont montré des signes de mécontentement de plus en plus forts, et cela au sein même du bastion de la société française dont Sarkozy s’étaient enorgueillis d’avoir gagné la sympathie grâce à ses déclarations sur la foi en 2007.

Christine Boutin, anciennement membre du gouvernement, a dit que « la stigmatisation des Rroms » pourrait provoquer le départ prochain de son petit parti, le parti démocrate chrétien, de celui de Nicolas Sarkozy, l’UMP, dont il en est actuellement une composante de l’aile droite.

Hortefeux, le ministre en charge de ces “mesures radicales” et ami proche du président, à essayé de montrer que ses critiques émanaient de membres « des millionnaires de gauche » et intellectuels « de Saint Germain des Prés » dont les idées sont loin des préoccupations du français ordinaire. Dans un entretien donné au Monde de ce weekend, il a déclaré que qu’il y avait une distinction cruciale entre « le petit monde politico-médiatique parisien » et « la réalité de la société française ».

Une majorité des critiques ont émané d’anti-sarkozystes bien connus, tel que Yannick Noah, l’ancienne star du tennis est largement en tête des personnalités les plus populaires de France, mais il existe aussi des voix rebelles à droite. Pour de nombreuses personnes, le panel de mesures, dont font partie, la déchéance de nationalité pour des français issus de l’immigration ayant commis certains actes de délinquance et le démantèlement de 300 camps Rroms illégaux, est la goute d’eau qui a fait déborder le vase.

Rachida Dati, l’ancienne ministre de la justice et maintenant députée européenne, a dénoncé « ceux qui pour satisfaire leurs ambitions politiques, veulent catégoriser les Français au mépris de la fraternité ».

Amine Benalia-Brouch, Un jeune militant de l’UMP, qui avait été la victime d’une apparente remarque raciste d’Hortefeux l’année dernière, a annoncé son départ de l’UMP. « On peut faire de la politique sécuritaire. Mais là, c’est absurde. Il y a une stigmatisation totale : aujourd’hui ce sont les Roms, mais demain ce sera qui ? » a-t-il dit.

Les derniers sondages montrent une baisse du soutien de l’opinion à la politique sécuritaire de Sarkozy durant cet été. Deux, donnent la popularité du président en baisse d’un point. Un troisième, le donne en hausse de deux points à 36%.