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FRANCE/ALGERIE : réconciliation, les temps sont mûrs

Publie le mardi 9 novembre 2004 par Open-Publishing
2 commentaires

de ANNA MARIA MERLO PARIS

Le premier novembre est le 50ème anniversaire de l’insurrection algérienne contre la colonisation française. La guerre se conclut avec les accords d’Evian de 1962.

Mais la fracture est encore présente aujourd’hui dans la société française où vivent un nombre considérable de citoyens originaires d’Algérie. Le non dit de cette guerre refait surface. Des deux côtés, des souvenirs douloureux. Nous en parlons avec le psychanalyste et écrivain Nabile Farès.

Pourquoi donc tant de malentendus, cinquante ans après, entre la France et l’Algérie ?

C’est plus qu’un malentendu qui persiste encore des deux côtés, c’est une non-reconnaissance qui fait que la fin de la guerre n’a jamais été fêtée entre les deux pays. Comme si les accords d’Evian n’avaient jamais existé.

En France, il y a peu de lieux où l’on voit sur la place du village un monument portant la mention : 19 mars 1962, fin de la guerre d’Algérie. En d’autres termes, la double reconnaissance reste en suspens. Le pire, c’est que la décolonisation s’est faite autour de ce que nous pouvons appeler une guerre civile. Aujourd’hui donc, à l’heure du cinquantenaire de l’insurrection qui deviendra révolution algérienne contre le système colonial, la double reconnaissance de la fin de la guerre passe par le traité d’amitié franco-algérien. Il a fallu cinquante ans pour accepter la nécessité d’une reconnaissance. Cependant, on peut aujourd’hui penser que le moment est arrivé d’en finir avec une narration réduite à l’affrontement entre bourreau et victimes. Nous pouvons dire que les Algériens, avec les démocrates français, ont aidé la France à se décoloniser.

Sur quel terrain les deux sociétés peuvent-elles se rencontrer ?

La question est celle de l’identité algérienne en France et de l’identité française en Algérie et celle des autres identités qui ont traversé l’histoire de l’Algérie autour des différentes langues qu’a connues le pays : hébreu, italien, latin, espagnol, berbère outre l’arabe et le français. L’Algérie, à travers une réflexion sur elle-même, doit se réconcilier avec les étrangers, en accepter la langue. Cela n’a pas été fait et la situation est la même en France qui doit accepter ces soi-disant étrangers. C’est une question qui concerne tous les pays de la Méditerranée. Alors que la colonisation n’était pas parvenue à résoudre la question de l’identité algérienne en accordant l’égalité des droits, l’Algérie indépendante n’a pas su gérer en son sein l’héritage de cette violence : elle a perpétué les exclusions de la colonisation, en oubliant que l’indépendance signifiait la fin de l’histoire coloniale mais pas la fin des relations franco-algériennes. Cela explique comment les Algériens souhaitent venir en France sans se sentir étrangers. Les anathèmes prononcés par l’Algérie indépendante aussi bien sur le terrain de la langue (marginalisation du berbère et du français) qu’en matière de religion (départ des chrétiens et des juifs) annoncent les anathèmes des islamistes contre le "parti de la France". Les Algériens ont conservé de l’enseignement du français non pas le message colonial mais une réflexion sur les droits et les libertés. Nombre de nos enseignants de français étaient anti-colonialistes.

Le traité d’amitié franco-algérien, qui, après le partenariat établi par J.Chirac et A.Bouteflika en 2003, devrait être signé en 2005, sera-t-il un virage ? Peut-il amener à la reconnaissance de la féroce répression de 1961, opérée par le préfet Maurice Papon quand des centaines de personnes furent tuées à Paris après une manifestation ?

Il soulève beaucoup d’espérances de réconciliation. Quand les Algériens manifestent pour commémorer les disparus, femmes, hommes, enfants des 17, 18 et 19 octobre 1961, ils ne le font pas dans un esprit de vengeance ou d’accusation mais pour dire que l’heure est arrivée que ces évènements figurent dans l’histoire. Cela fait réfléchir que le seul film vrai sur la guerre d’Algérie soit celui de Pontecorvo (La bataille d’Alger, ndt) et qu’aujourd’hui encore, même s’il n’est plus interdit, le cinéma qui le projette reçoive des menaces (c’est arrivé au Saint-André des Arts, l’année dernière). Aujourd’hui, on montre ce film aux militaires Usa à Bagdad.

Traduit de l’italien par karl & rosa de bellaciao

 http://www.ilmanifesto.it/Quotidian...

Messages

  • Il est vrai que pour beaucoup d’Algériens et d’Algérienne ( surtout ceux nés avant l’indépendance) qu’il n’éxiste aucune frontière entre ces deux pays malgré la méditérranée qui les séparent et aussi les continents (Afrique pour l’un et Europe pour l’autre). Maintenant il en revient aux Politiques de se mettre au diapason et ne pas faire la différence. A un certain moment ces deux pays n’en faisaient qu’un (par la force des choses me diriez vous) ainsi qu’un grand nombre de la population. Trop de souvenir en commun aussi bien des bons comme les mauvais aussi. Alors même si malgré les années écoulées on ne peut ou ne veut pas effacé voir annulé certains passages de l’histoire que l’on laisse à la populations le soin de choisir. Nul ne peut ou ne doit empêcher qui que se soit à choisir son camp.

    COMANCHE