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Quels moyens pour soutenir la « mise en culture » des innovations ?

Publie le vendredi 15 octobre 2010 par Open-Publishing

par Nathalie Fabre , Dorothée Benoit-Browaeys

Nouvelle donne en 2011 pour les acteurs de la culture scientifique et technique : c’est désormais Universcience, le principal acteur du domaine, qui gérera les fonds du Ministère de la Recherche ! Les garde-fous restent à créer, pour rassurer la profession et promouvoir une culture scientifique de qualité, partagée et critique.

C’est bientôt l’heure du grand bouleversement pour les acteurs de la culture scientifique et technique : à partir de 2011, les financements alloués par le Ministère de la Recherche aux différents acteurs seront transférés intégralement à Universcience, structure née de la fusion entre la Cité des sciences et de l’industrie et le Palais de la découverte ! C’est aussi Universcience qui sera en charge de sélectionner les projets qui bénéficieront de la manne publique - environ 50 millions d’euros au total - prévue dans le cadre du grand emprunt.

Universcience juge et partie ?

Cette annonce, effectuée dans le cadre du Forum territorial de la culture scientifique et technique, qui s’est tenu le 29 septembre dernier, n’est pas pour rassurer. Car nombreux sont ceux qui s’inquiètent du rôle de juge et partie dévolu à Universcience. Comment une structure qui est le principal opérateur de la culture scientifique en France, pourra-t-elle garantir une sélection équitable des projets et un bon usage des fonds alloués ? La Sénatrice Marie Christine Blandin, dont on connaît la constance pour défendre une culture scientifique vivante et vigilante, a qualifié cette attribution de « sidérante ».

Certes, René Picol, commissaire général à l’investissement, a insisté sur les qualités de Claudie Haigneré, Présidente d’Universcience, qui garantira l’impartialité de traitement des acteurs. Mais si un garant est utile, il ne prémunit pas les jurys des préférences inhérentes à une structure placée en juge de … ses concurrents !

Des propositions alternatives

En réalité, rien n’est encore joué : les modalités de gouvernance et gestion restent à définir. Et l’AMCSTI (Association des musées et centres pour le développement de la culture scientifique, technique et industrielle) fait des propositions à ce sujet, à l’attention de la puissance publique et d’Universcience, que l’on retrouve dans un livre blanc. Par ailleurs, les Petits débrouillards ont demandé à être représentés au sein des comités de pilotage d’Universcience.

Dans un contexte où la place réservée à la culture scientifique et technique est déjà portion congrue (voir à ce sujet la lettre aux sénateurs co-rédigée par VivAgora et l’Association Science Télévision, il sera utile de suivre de près les effets de ce nouveau guichet et de ses arbitrages.

La participation citoyenne en déshérence

Cette défausse du Ministère de l’Education nationale et de la Recherche intervient alors que de nombreux signaux confirment l’absence de soutien à la réflexion critique. Sur son site internet, on peut lire que « la diffusion de la culture scientifique et technique est à l’intersection de plusieurs enjeux : accès de tous les citoyens à la science, développement du goût des plus jeunes pour la science, valorisation du patrimoine scientifique et technique » .

Ainsi, la construction de l’autonomie des citoyens et leur participation aux choix ne sont pas repérés comme enjeux de la culture scientifique et technique. De même, en avril dernier, dans son discours sur le grand emprunt, la Ministre Valérie Pécresse appelait les sciences humaines et sociales (SHS) à réfléchir sur les conditions d’acceptation sociales des innovations.

Témoin de cette déshérence, le Secteur sciences et société, confié début 2009 au philosophe Jean Michel Besnier, est passé en moins de deux ans de sept personnes à deux !

http://www.vivagora.org/spip.php?article761