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Après la répétition générale, préparons le Grand Soir

Publie le samedi 23 octobre 2010 par Open-Publishing
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Comme nous le pressentions tous, le formidable mouvement de “convergence des luttes” qui s’est effectué presque spontanément durant ces dernières semaines arrive probablement à sa fin. Le gouvernement aura réussi son coup, et fait passer sa réforme aux forceps, en négligeant totalement la voix de son peuple. Nombreux sont ceux qui y verront un échec, et se désespéreront qu’une mobilisation d’une telle ampleur finisse ainsi : des jours de salaire perdus, des espoirs déçus, et puis aussi le symbole de la toute puissance du pouvoir, qui semble désormais invincible.

Mais ne nous laissons pas abuser : le gouvernement n’a pas gagné, car il a aujourd’hui ôté son masque, et découvert ses véritables intentions. Même si la bataille des retraites est perdue, celle pour la liberté n’est pas encore terminée. Et d’ailleurs, c’est aussi la victoire du peuple.

Car le peuple ne s’est pas laissé embarquer dans la violence désirée par le pouvoir, et n’a pas cédé aux provocations de ce dernier. Il est resté digne tout au long de ce mouvement, et pour tout dire bien plus uni qu’on ne l’aurait pu prédire. il a su déjouer les attaques d’un gouvernement presque débordé, en se défendant sur la légalité de ses actions, en dénonçant les provocations policières et les supercheries concernant les casseurs, en sachant éviter le bain de sang, en soutenant majoritairement ce mouvement jusque dans les sondages et le ravitaillement, en informant sur les possibilités d’actions possibles de part et d’autre du mouvement.

Bien sûr tout ceci n’est pas suffisant, et pour le moment c’est bien le gouvernement qui mène la danse. mais pour le moment seulement. Car ce mouvement n’est pas une lutte contre la réforme des retraites, et va bien au delà de cette simple revendication. C’est le gouvernement dans son ensemble qui se trouve actuellement remis en cause, et particulièrement le premier cercle formé autour du président. Face à l’injustice flagrante de ses réformes, face à son mépris incessant vis à vis du peuple, tous savons aujourd’hui qu’il ne reculera devant aucun moyen pour parvenir à ses fins, c’est à dire la mise en place d’un régime autoritaire n’ayant plus de “démocratique” que le nom. Et cela, c’est déjà prendre un coup d’avance. Nous savons désormais que, de gré ou de force, par le fonctionnement de la machine institutionnelle ou par le conditionnement à la révolte civile, le gouvernement en place souhaite remettre en cause toutes les avancées sociales chèrement acquises.

Il nous faut donc maintenant prendre ces éléments en compte, et comprendre que les divisions qui ont opposé les partisans et les détracteurs de la grève ne sont pas dues à une grande différence de vues (regardez les sondages), mais bien plutôt à la “bonne gestion” de la crise par l’Etat prompt à diviser le peuple sur cette question. Au lieu d’écouter le discours simpliste établissant l’injustice des revendications de certaines catégories de grévistes considérés comme privilégiés, demandons-nous plutôt pourquoi nos revendications ne seraient-elles pas justement d’accéder aux mêmes ? que croyez-vous ? c’est justement parce que les métiers du transport commercial ont un rôle économique si déterminant que leurs syndicats ont réussi à arracher les avancées sociales qu’ils possèdent encore aujourd’hui ! Le gouvernement sait bien que quand les raffineries, ou les ports, ou les transporteurs (de biens de consommation ou d’énergie) se mettent en grève, ce sont des millions qui s’envolent. Ils ont préféré accorder plus à ces catégories pour qu’ils ne se mettent pas en grève, tout simplement.

Alors la prochaine fois, il faudra être prêts. Nous sommes suffisamment nombreux pour faire respecter la volonté du peuple et rétablir la démocratie. La voix du peuple doit être entendue, quand bien même elle serait dans son tort. Hier nous avons eu tort d’élire ce président, et aujourd’hui nous aurions tort de le laisser faire. nous en avons (pour l’instant) encore les moyens.
Il nous faut préparer notre “Grand Soir” sans tarder, et ne pas céder à la tentation de la violence, qui serait leur plus grande victoire, car ainsi ils trouveraient la légitimité qu’il leur manque pour établir leur dictature. Cela demande du temps, et de la réflexion… mais aussi de l’action. Il nous faut désormais convaincre les autres, et pour cela leur proposer une alternative qui leur convient. Et quand nous serons unis, police, justice, privé et public, misérables et nantis, comme un seul homme nous iront réclamer nos droits sans crainte, et sans nécessité de recourir à la violence.

Caleb Irri

http://calebirri.unblog.fr

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