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Une trentaine d’anciens conseillers régionaux de Picardie ont dû dire adieu à leur très avantageuse retraite complémentaire..

Publie le jeudi 28 octobre 2010 par Open-Publishing
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AMIENS La Région pleure sa belle retraite

de PASCAL MUREAU

Alors que les députés risquent de devoir se serrer la ceinture, une trentaine d’anciens conseillers régionaux de Picardie ont dû dire adieu à leur très avantageuse retraite complémentaire...

Leur fonds de pension n’a plus le sou.

Privés de retraite complémentaire ! En ces temps de réforme, pareille mésaventure n’arrive pas aux salariés lambdas. La plupart d’entre eux ne relèvent d’ailleurs que du régime général, dont on ne sait pas demain ce qu’il restera.

Non, ceux qui viennent de perdre leur retraite complémentaire, ce plus pour faire bouillir la marmite, ce sont une trentaine d’anciens élus du conseil régional de Picardie !

Incroyable mais vrai. Jusqu’ici, les retraités de la Région élus avant 1992 bénéficiaient d’une rente annuelle de 5 500 euros par mandat de six années, à partir de leur 62 ans. En plus de leur retraite du privé ou de la fonction publique, selon leur carrière d’origine.

Soit 11 000 euros pour les veinards (pas si rares) qui ont effectué deux mandats. Soit encore pour ceux-là, une retraite complémentaire frôlant le montant d’un smic net par mois.

Pas mal du tout pour une fonction qui n’est pas des plus prenantes, comparée par exemple au mandat de maire... Sauf qu’il y a environ un an, la baraque s’est écroulée pour 28 élus qui n’ont rien touché.

Explication. Avant 1992, aucune loi ne se souciait de la retraite des conseillers régionaux. La Caisse nationale de prévoyance (CNP), l’une des branches de la modeste Caisse des dépôts et consignations, eut alors la bonne idée de proposer aux collectivités un fonds de pension par capitalisation.

En 1990, la Région investit dans l’histoire 8 millions de francs de l’époque, soit 1,2 million d’euros. Sans que cela coûte un rond de cotisation aux élus. Donc à 100 % avec le budget de la collectivité, payé par les impôts de tous. Merci bien !

Comme le fonds est promis à un bel avenir, il est souscrit pour les élus du mandat en cours, 1986-1992, et pour ceux du mandat suivant, 1992-1998.

Vingt-sept anciens conseillers de tout bord, sur 55 ayant fait valoir leurs droits à la retraite, bénéficient actuellement de cette bonne providence. Mais pour les autres, peau de balle !
Le dossier au contentieux

Début 2010, la CNP a fait valoir que le fonds était épuisé... La faute, a-t-elle dit sur un air déjà entendu, au vieillissement.
« La CNP est très aguerrie aux assurances sur la vie, comment a-t-on pu en arriver là ? », s’interroge Emmanuel Quenum, directeur des affaires juridiques à la Région, qui suit le dossier au service du contentieux.

« Et si la CNP s’était livrée à des placements hasardeux ? », s’interroge encore cette source dans les couloirs de l’assemblée régionale.

Également inquiet, Éric Woerth aurait demandé à ses services d’intervenir lorsqu’il était encore à Bercy. « C’est parce qu’il était lui même élu de la région depuis 1986 », soufflent les mauvaises langues.

« J’en ai profité à mes 74 ans quand mon mandat a cessé », précise pour sa part Charles Baur, patron de la Région au moment de la souscription. « À l’époque, beaucoup de collectivités avaient adhéré au même système. »

http://www.courrier-picard.fr/courrier/Actualites/Info-regionale/La-Region-pleure-sa-belle-retraite