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Aigle : Pourquoi les infirmières manifestent à leur tour

Publie le jeudi 28 octobre 2010 par Open-Publishing

Vous verrez des blouses blanches aujourd’hui dans les cortèges anti-réforme des retraites. Parce qu’elles en ont marre que leur boulot ne soit pas reconnu. Et ne comptez pas sur elles pour travailler plus longtemps...

Témoignage

Stéphanie Mallet, infirmière dans un service de médecine et co-secrétaire de la section CGT de l’hôpital de L’Aigle.

« Quand j’arrive dans le service à 14 h, j’ouvre la porte. C’est l’angoisse. Je vois mes collègues, qui sont là depuis 6 h 45, fatiguées physiquement et nerveusement. Certaines n’ont pas mangé. Elles sont confrontées à une surcharge de travail alors qu’elles sont de moins en moins nombreuses. Il faut souvent guider les médecins parce qu’ils restent en poste de moins en moins longtemps. Aujourd’hui, énormément d’infirmières travaillent alors qu’elles sont malades. Ou bien elles viennent sur leur jour de repos. Heureusement, il y a de la solidarité entre nous.

Une infirmière part à la retraite à 55 ans. Je n’imagine pas un instant travailler cinq ans de plus. Je ne veux pas partir en mauvaise santé. Et pauvre. Contrairement à ce que dit Mme Bachelot, notre profession est pénible. On travaille les dimanches et jours fériés, en horaires alternés : soir, nuit, matin. On est en contact avec des produits toxiques et des maladies contagieuses. On manipule et on porte des charges lourdes. On prend en charge la souffrance des patients, de leur famille et on affronte régulièrement la mort. Je manifeste aujourd’hui pour la reconnaissance de ma profession et la préservation de mes droits à la retraite à 55 ans. Pour qu’une infirmière ait les bons réflexes techniques, psychologiques et d’organisation, il faut qu’elle soit en forme ! Ce métier, on l’a toutes choisi. Il est ressourçant. On l’exerce avec passion. Il a une vraie dimension humaine.

« La surveillante remontait ses manches »

Je suis infirmière diplômée d’État depuis 1996. Je travaille dans le service de médecine B et de soins palliatifs de l’hôpital de L’Aigle depuis 1999. Au début, on avait le temps de soigner. On était moins parasité par tout ce qui est parallèle : la gestion du médecin, celles de la famille, de l’équipe, des problèmes sociaux, de la pharmacie... À l’époque, la surveillante relevait ses manches avec nous. Aujourd’hui, elle a le cul entre deux chaises : elle fait le lien entre la direction et l’équipe mais d’un point de vue statistique, comptable et administratif.

Aujourd’hui, une infirmière sur cinq part en invalidité avant 55 ans. Une fois qu’elle est à la retraite, son espérance de vie est de 7 ans. Mais souvent, au bout de 10 ou 15 ans d’expérience, elle essaie de trouver une échappatoire en devenant cadre de santé, en se spécialisant ou en passant des diplômes universitaires. Tout ça pour ne plus vivre un quotidien oppressant et de moins en moins proche du malade. Comme on nous demande de plus en plus de travail, j’ai peur qu’on finisse par ne plus le faire correctement. »

Recueilli par Jérôme BEZANNIER.

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