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Blocage de train atomique 7 novembre 2004 à Laneuveville : reportage photos

Publie le jeudi 18 novembre 2004 par Open-Publishing
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de Cécile

Le 7 novembre 04 vers 11h15, le train de déchets nucléaires vitrifiés en provenance de La Hague et à destination de Gorleben (Allemagne) est stoppé à hauteur de Laneveuville-devant-Nancy, non loin d’une usine chimique. Une quinzaine de militantEs occupe la voie, deux personnes se sont enchaînées aux rails. Le petit groupe a choisi l’action directe non violente pour protester contre le nucléaire. « nous nous mettons en travers, barrons la route au nucléaire ». C’est une action forte pour marquer le coup, cependant symbolique, le train repartira 2h plus tard.

Flash back : il fait encore nuit lorsque le petit groupe informel se met en route. HabilléEs chaudement, les militantEs s’apprêtent à passer la nuit sur un lit de ronces, l’attente dans le froid commence.

Le train est bloqué !

Puis vers 11h, c’est le signal ; le train arrive ! En quelques secondes, tout le monde est debout. L’hélicoptère survole déjà la zone, les militantEs lui font de grands signes. Entre temps, ils apprennent que le train freine. Quelques militantEs se dirigent banderole en main vers le train qui s’arrête à 300m au passage à niveau. Ils remettent un papier aux CRS, sur celui-ci est écrit qu’il s’agit d’une action non violente pour protester contre le nucléaire. La presse est déjà sur les lieux, au grand dam des CRS.

Pendant ce temps, Cécile et Camille élisent domicile sur la voie. A leur arrivée, les CRS constatent que les deux militantEs se sont enchaînéEs à l’aide d’un tube placé sous les rails. Le reste du groupe les soutient, on se met à chanter des chansons antinucléaires... La presse interviewe, c’est animé !

Les CRS essaient dans un premier temps de déloger Cécile en tirant (avec une douceur de CRS ! aïe, ça fait mal !) sur son bras, les femmes ont les poignets fins... Sans succès. Les deux activistes se sont enchaînés de façon a ne pas pouvoir se libérer eux-mêmes.

Des unités de CRS arrivent en renfort, et les CRS comment à découper le tube à l’aide de gros outils : un groupe électrogène pour la disqueuse, le burin... Les CRS protègent les militants avec des plastiques et un casque sur la tête... imaginez vous la tête dans un casque (trop grand) de CRS... La police n’est pas habituée à ce genre d’intervention et s’y prend très mal ! Les militants accompagnent les opérations de commentaires amusés : « une disqueuse paresseuse... »

LibéréEs et aussitôt arrêtéEs

Au bout de deux heures, le bras prisonnier du tube est libéré... pour se retrouver aussitôt ... menotté ! ! ! L’officier de police judiciaire présent sur les lieux (eh oui, il a fait le déplacement, les RG aussi d’ailleurs) signifie immédiatement leur garde à vue aux deux « enchaînés ». Le reste du groupe est embarqué pour contrôle d’identité. Le train repart vers 13h30 après avoir été bloqué plus de deux heures.

Bien sur, cela traîne encore un peu...jusqu’au poste de police... Au passage à niveau, des militants qui ont bien vite appris la nouvelle sont venus en soutien. L’arrestation de Cécile et Camille se fait au son de l’accordéon. Pour l’anecdote : Un policier demande sa carte d’identité à Cécile à la monté dans la voiture... la réponse ? « elle est planquée et avec les menottes je ne peux pas la sortir, il fallait y penser avant » ou bien une fois dans la voiture, alors que les flics font marcher la sirène : « le petit jouet, là, c’est que en cas d’urgence, non ? »... on appelle cela de l’antirépression créative ! A l’arrivée au poste, les flics disent quelque chose comme « voilà la fanatique »...

Garde à vue

Les personnes emmenées pour contrôle d’identité sont relâchées au bout de deux heures et sont chaleureusement accueillies par d’autres militants à la sortie. Les deux gardés à vue restent encore de longues heures jusqu’au soir dans des cellules jamais nettoyées (mare de sang séchée au sol...). Peu importe, les militantEs savent pourquoi ils/ elles sont là. Pourquoi ils/elles ont choisi de désobéir. Parce que le nucléaire TUE ! Parce que c’est un sujet tabou et il est important de lever le secret qui l’entoure, que tout le monde en mesure les dangers... Informer et dénoncer, tel était le but de l’action !

Mauvaise nouvelle, le sourire en coin...

C’est en fin d’après midi qu’un policier leur annonce la nouvelle, le sourire en coin : « j’ai une mauvaise nouvelle pour vous, le train a coupé un militant en deux ». Cette nouvelle est un véritable coup de massue... Entendre cela du fond d’une cellule sans pouvoir extérioriser ses sentiments, sans pouvoir parler avec d’autres personnes... c’est difficile. Pour le reste du groupe, la joie de l’action réussie n’a pas duré longtemps non plus. Nous sommes tous choquéEs, attristéEs.. les mots pour dire ce que nous ressentons tous n’existent pas.

Le procureur a encore mis quelques heures à se décider. Les militants ont finalement pu retrouver les leurs en soirée. Ils recevront un courrier d’ici quelques semaines. Il leur est reproché « délit d’entrave à la circulation ». La justice (injuste) osera t-elle poursuivre dans les circonstances de l’accident d’Avricourt (survenu quelques heures après l’action racontée ici) ? Les militants sauront se défendre. La lutte continue...

Ces actions sont mûrement réfléchies, elles ne sont pas l’œuvre de jeunes inconscients ou désœuvrés. Il faut défendre ce mode d’action, complémentaire d’autres types d’actions (manifestations...) Il s’agit de barrer la route au nucléaire, de mettre le doigt là où ça fait mal...sans transports... pas de nucléaire ! Peu importe la destination de ces transports... La radioactivité ne s’arrête pas aux frontières et notre lutte non plus. Il n’y a pas de solution au problème des déchets radioactifs qui s’accumulent. Les nucléocrates veulent les enfouire (en France à Bure et à Gorleben en Allemagne)... pour mieux les oublier et mieux empoisonner les générations à venir. Nous disons NON NON et NON, nous voulons la sortie immédiate du nucléaire. C’était aussi le message de Sébastien, mort en tentant de stopper ce même train quelques heures après nous... ne l’oublions pas.

Sur l’accident, le groupe d’Avricourt s’est exprimé par un communiqué :

http://paris.indymedia.org/article.php3?id_article=28617

La résistance coûte cher...Si vous voulez soutenir les militants, l’association Cacendr prête son compte bancaire pour un fond de solidarité :

Association Cacendr
Banque : La Poste CCP Nancy
Compte : NCY 0622844G031
Chèques à l’ordre de Cacendr
Indiquer « fond de solidarité »

A envoyer à Daniel Michel ; 5 rue du 15 septembre 1944 ; 54320 Maxeville

NB :
 Les photos sont du photographe David Sterboul. elles sont copyleft mais citez la source si vous reprenez ces images.

 ce récit n’est pas celui du groupe, mais celui d’une participante, donc sûrement subjectif.

Cécile

http://indymedia.crac-g8.eu.org/article.php3?id_article=1291