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Le grand ménage de Philippe Val à France Inter.

Publie le lundi 1er novembre 2010 par Open-Publishing
6 commentaires

Sur France Inter, la gestion des humoristes s’apparente de plus en plus au tir au pigeon.

Avec le remerciement de Gérald Dahan, la semaine dernière, ce sont pas moins de quatre humoristes intervenant dans la session d’information matinale qui, en moins de six mois, ont dû prendre la porte.

Avant Gérald Dahan, il y avait en effet eu Raphaël Mezrahi, privé de micro après à peine quinze jours d’antenne, et surtout Stéphane Guillon et Didier Porte, dont les licenciements en juin avaient défrayé la chronique, mobilisé les syndicats ainsi qu’un grand nombre d’auditeurs.

L’ironie de l’histoire étant que ceux qui viennent d’être éconduits avaient été embauchés à la rentrée pour remplacer Guillon et Porte, que le président de Radio France, Jean-Luc Hees, avait accusé de "se comporter en petits tyrans".

L’argument avancé pour le départ de leurs remplaçants est tout autre : leurs chroniques étaient tout simplement "mauvaises", a justifié la direction d’Inter.

Gérald Dahan soutient, pour sa part, que c’est sa dernière chronique, dans laquelle il asticotait la ministre de la justice, Michèle Alliot-Marie – présente dans le studio – qui aurait déplu à Philippe Val, le directeur de la station, et qui serait à l’origine de son licenciement.

CLIMAT DE DÉFIANCE

Même si elle ne concerne qu’une courte chronique matinale de quelques minutes et qui, de fait, si on prend le temps de l’écouter, n’était pas d’une grande pertinence, cette nouvelle secousse dans la grille de programmes de la radio publique vient s’ajouter à une liste déjà longue de turbulences que connaît France Inter depuis la nomination de son nouveau patron, en juin 2009.

Arrivé dans un climat de défiance, dû au fait que celui qui l’a choisi, Jean-Luc Hees, avait été intronisé par Nicolas Sarkozy, et précédé de la réputation d’être un ami de Carla Bruni-Sarkozy, l’ex patron de Charlie Hebdo et ancien chansonnier s’est rapidement mis à dos une partie de l’entreprise.

Par un tempérament brutal, mais surtout des décisions abruptes, parfois contestées en interne et qui n’ont fait qu’alimenter l’angoisse d’une reprise en main politique de la station.

A peine arrivé, il congédie ainsi le responsable de la "Revue de presse", Frédéric Pommier, déplacé ailleurs dans la rédaction.

Un geste interprété comme une sanction à l’encontre du journaliste, coupable d’avoir cité dans sa revue de presse le journal satirique Siné Hebdo, créé par des anciens de Charlie Hebdo qui avaient claqué la porte du magazine que dirigeait alors Philippe Val. Ce dernier avait nié tout lien entre ce fait et sa décision de déplacer Frédéric Pommier.

"UNE RADIO QUI COÛTE CHER"

Quelques mois plus tard, le directeur créé un émoi dans la rédaction en décidant d’avancer à 6h30 l’horaire de démarrage de la "Matinale", sans en avertir les producteurs et journalistes concernés.

La cote de Philippe Val perd encore quelques points lorsqu’il déclare, face à des producteurs de la radio publique : "France Inter est une radio qui coûte cher à l’actionnaire, qui n’est pourtant pas bien traité par la station".

Des propos qui ont suscité un tollé en interne et ont amorcé la longue passe d’armes entre le directeur et Stéphane Guillon. Ce dernier avait utilisé, pour s’en moquer, la formule de Philippe Val dans une de ses chroniques, ce que le directeur avait publiquement jugé inacceptable.

Le courroux du directeur à l’encontre de l’humoriste n’a dès lors cessé de croître, et s’est conclu par le licenciement du saltimbanque, en juin, parallèlement à celui de Didier Porte, jugé coupable lui aussi d’irrévérence.

Avant l’été, il y eut enfin le coup de théâtre du passage à la concurrence d’une des vedettes de la station, Nicolas Demorand, auquel Philippe Val avait pourtant promis un magazine culturel quotidien en fin de journée. Une décision vécue comme un nouveau coup dur par les salariés et qui avait en outre conduit à la disparition de "Et pourtant elle tourne", une émission emblématique de France Inter, dont la suppression a provoqué de vives protestations au sein de la rédaction.

Dans quelques jours, Médiamétrie livrera les résultats des mesures d’audience effectuées depuis la rentrée. Ces chiffres devaient permettre de juger de la pertinence des changements apportés par Philippe Val.

Les chiffres concernant France Inter risquent fort d’être mauvais, mais leur interprétation en sera difficile en raison des grèves contre la réforme des retraites qui ont perturbé la grille.

http://www.lemonde.fr/actualite-medias/article/2010/11/01/le-grand-menage-de-philippe-val-a-france-inter_1434020_3236.html

Messages

  • Alors oui le boycot de "radio val" est utile . Aprés avoir nettoyé charlie - hebdo le vrai sous fifre de sharkezyo s’eclate a france- inter . N’ecoutons plus les Medias aux ordres ! Telés journaux radios : Vos Geules !

  • Val a toujours eu la haine de la radio-télévision public !

    comme dans de nombreux secteurs publics, les ideologues libéraux sabotent !

    car ils ont très bien compris depuis longtemps qu’il ne sert à rien de s’opposer frontalement : le meilleur moyen de montrer que le privé est en toute chose bien meilleur , est d’entrer dans les services publics pour les saboter de l’intérieur ................

    cette tactique est actuellement mise en pratique dans l’éducation nationale : parlez un peu avec les parents d’enfants du premeir cycle et des remplacements par exemple.

    les dysfonctionnements VOULUS font la preuve que les services publics ne fonctionnent pas

    Machiavel est de retour.

  • Val, Besson, Kouchner, Doriot, Déat et d’autres n’ont jamais été de gauche. Ils sont attirés par les lumières du pouvoir. Pour avoir rencontré Val lorsqu’il était sois disant humoriste décapant, je peux témoigner d’un sacré petit macho (il n’est pas très grand en effet, juste quelques centimètres de plus que son nouveau maître). C’est l’époque où il chantait un truc du genre : ’’la CGT taille des pipes au PCF’’. Ce qui dénotait déjà d’une réel manque de culture politique et d’une certaine incapacité à faire léger. Je me demande si Patrick Fond n’était pas plus honnête en fin de compte. C’est dire !

  • Je n’écoute plus grand’chose sur France-Inter, à part Mermet quan je peux.
    Le ton des journaux de 13h à propos des mouvements actuels donne une petite idée de feu Radio-Paris, mais hier 1er novembre, heureuse surprise : invité spécial du 13h = Stéphane Hessel, 83 ans, grand résistant, rédacteur de la déclaration universelle des droits de l’homme, etc.. et surtout grand bonhomme.
    En termes certes feutrés, il a appelé textuellement à une "mobilisation citoyenne comme celle que nous avons connue pendant l’occupation" pour défendre les acquis du CNR "soumis à une pression insensée d’une économie financiarisée et globalisée".
    Vieillir comme ça, je veux bien.