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Rapport Bockel : mieux contrôler pour mieux punir

Publie le dimanche 7 novembre 2010 par Open-Publishing

Fédération CNT santé social et collectivités territoriales
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Communiqué

Rapport Bockel :
mieux contrôler pour mieux punir

Le secrétaire d’Etat à la justice, le socialiste Jean-Marie Bockel, vient de rendre un énième rapport sur la prévention de la délinquance au président de la république. Il comporte 15 propositions. Après la loi relative à la prévention de la délinquance de 2007, le plan prévention de la délinquance de 2009, ce nouveau rapport n’est que l’aveu d’un échec du gouvernement dans l’application de ses politiques répressives envers la jeunesse.

Une des mesures phares de la loi de 2007 consacrait le maire comme pivot de cette politique. Si cette mesure commence à s’appliquer, notamment dans les villes acquises à la majorité présidentielle (telles que Meaux, Orléans ou Nice), c’est sans la collaboration de tous les acteurs initialement prévus que sont les professionnels du social, du médico-social et de l’éducation.

Le secrétaire d’Etat qui fait l’éloge de toutes les mesures répressives adoptées depuis 2002, note cependant qu’elles n’ont pas enrayé « l’augmentation de la délinquance ». Jean-Marie Bockel est donc tout à fait conscient qu’il va droit dans le mur mais continue donc dans le même sens.
A commencer par les retrouvailles avec les relents xénophobes du rapport Bénisti. Les étrangers - de préférences africains et musulmans- vivant en France dans les quartiers les plus défavorisés sont une fois de plus stigmatisés, et les analyses qui se veulent scientifiques n’ont rien à envier aux idées les plus nauséabondes du front national.

Aussi, comme l’objectif affiché de ces 15 propositions est de prévenir la délinquance, nous avons droit à l’utilisation de l’enquête de l’INSERM de 2005.Celle-ci préconisait le dépistage des risques de troubles du comportement dès le 4ème mois de grossesse. Cette fois-ci, ils ont décidé d’attendre la naissance et de mettre en place dès l’âge de 2 ans « un repérage précoce des enfants en souffrance ». Outre le fait que cela va stigmatiser, dès le plus jeune âge, des enfants en leur collant l’étiquette de potentiels délinquants, c’est aussi laisser penser que les enseignants qui constatent des difficultés pour certains de leurs élèves fermeraient les yeux et n’orienteraient jamais les familles pour qu’elles trouvent du soutien. Par contre il est bon de rappeler que le nombre d’adultes à l’école est en constante diminution et que c’est ce même gouvernement qui organise par exemple la disparition des RASED.

Comme les enfants ne deviennent pas délinquants par hasard, le rapport préconise de se préoccuper fortement des responsables légaux, les parents. On notera des propositions innovantes en terme de soutien : le « coaching parental » façon super Nanny , le développement des stages de responsabilité parentale , des « stages de remise à niveau linguistique et républicaine » ou encore des contrats de responsabilité parentale avec à la clé, la possibilité de suspendre les allocations familiales. Au delà de ce formidable soutien, il est aussi préconisé de renforcer la sanction vis à vis des « parents défaillants ». Par exemple, un parent qui ne se rendrait pas à une convocation à l’école pourrait être convoqué la fois suivante par les services de police. De quoi faire aimer l’école aux parents !

Enfin, ce rapport rappelle l’importance de la mise en application de la loi du 5 mars 2007 relative à la prévention de la délinquance avec le maire comme pivot de cette politique de contrôle et de répression. Il réinvite également les différents acteurs (police, justice, enseignants et travailleurs du social et médico-social) à coopérer en participant, entre autres, aux instances telles que les conseils locaux de sécurité et de prévention de la délinquance ou les conseils pour les droits et devoirs des familles. L’éducation spécialisée est particulièrement visée. Les éducateurs de rue ne remplieraient plus leur mission de contrôle social attribuée par l’Etat il y a plus d’un demi siècle.

Ainsi comme les précédents textes, ce rapport ne laisse aucun doute quant à son idéologie : -restaurer les valeurs d’une République du travail, même s’il n’y en a pas,
 prôner l’autoritarisme en utilisant les concepts comportementalistes,
 réprimer celles et ceux qui ne se soumettraient pas,
 promouvoir le respect des valeurs culturelles d’une certaine France et notamment ses valeurs chrétiennes

Comme cela a été le cas depuis 2003, nous continuerons, aux côtés des organisations du Collectifs national unitaire de résistance à la délation et de tous les collectifs à résister pour n’être ni flic ni délateur.

Paris, le 07 novembre 2010