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Une manif et un hommage au syndicaliste Jules Durand au Havre

Publie le vendredi 19 novembre 2010 par Open-Publishing
4 commentaires

de Paco

La semaine prochaine s’annonce encore animée au Havre. Deux jours après la manif du 23 novembre, l’intersyndicale CGT-CFDT-FSU-Solidaires épaulée par le Syndicat de la magistrature et le Syndicat des avocats de France rendront hommage à Jules Durand dans le cadre du centenaire du verdict immonde qui avait condamné à mort le syndicaliste révolutionnaire en 1910.

Le Havre de Grève n°19 daté du jeudi 18 novembre marque une nouvelle fois la différence qui se creuse entre l’intersyndicale de l’agglomération havraise et l’intersyndicale nationale. Manifester ou pas le 23 novembre ? La question peut légitimement être posée. Le risque d’afficher un essoufflement est grand. Mais ne rien faire serait aussi une preuve de faiblesse, pour ne pas dire de capitulation. Après un débat franc, la majorité des membres de l’assemblée générale relève finalement le défi d’une manif avec des appels à la grève. Un passage obligé pour maintenir les liens qui unissent à présent des militant-e-s syndiqué-e-s CGT-CFDT-FSU-Solidaires ou non-syndiqué-e-s.

On l’a compris, cette décision ne s’aligne pas du tout sur le discours totalement inaudible des directions confédérales. Têtu-e-s, après avoir été déclaré-e-s indésirables à la dernière réunion de l’intersyndicale nationale, les Havrais-es lancent une pétition pour préparer une grande manifestation à Paris. Un appel qui devrait être entendu dans toutes les régions où les mots défaite et résignation n’ont pas cours.

En plus de pas mal de manifs et de blocages (entrées du Havre, Auchan, zone industrielle), les Havrais-es ont à leur actif quelques coups originaux comme le murage du MEDEF, comme ce 11 novembre actif (pour ne pas oublier que ce sont toujours les mêmes qui servent de chair à canon et de chair à patrons), comme cette retraite aux flambeaux qui alimentait la flamme de la mobilisation… Et ce n’est pas terminé. Hasard du calendrier, le 25 novembre qui vient correspond au centenaire du verdict ignoble qui condamna Jules Durand (1880-1926), anarchiste et secrétaire du syndicat des charbonniers du Havre, à la peine capitale après un procès truqué.

Autres temps, mêmes combats… En 1910, les ouvriers charbonniers faisaient grève contre des salaires de misère et pour défendre leurs droits. En 2010, nous devons toujours nous battre contre l’injustice sociale et contre la répression qui menace celles et ceux qui refusent d’être enterré-e-s vivant-e-s. « On espère nous baillonner, étouffer nos cris de colère. C’en est assez ! Contre cet odieux régime, qui ne tend rien moins qu’à nous livrer pieds et poings liés à nos exploiteurs, nous devons réagir », écrivait le comité confédéral de la CGT le 14 décembre 1910 pour exiger la révision du procès Durand.

La vie était dure en 1910. Elle ne l’est pas moins en 2010. Les mêmes vampires sont aux commandes. Les mêmes vautours se nourrissent des richesses que nous leur livrons sur un plateau.

Rendez-vous havrais sur l’air de « On ne lâchera rien ! » :

 Mardi 23 novembre, à 10h30, départ d’une manifestation devant Franklin.

 Mardi 23 novembre, à 12h, rassemblement devant la Chambre de commerce et d’industrie (amenez vos rouleaux de PQ).

 Mardi 23 novembre, à 17h, assemblée générale à Franklin.

 Jeudi 25 novembre, à 9h30, cérémonie devant le monument Jules Durand dans le cimetière Sainte-Marie du Havre. En présence de Christiane Delpech, petite fille de Jules Durand, l’Union locale CGT, le Syndicat des avocats de France (SAF) et le Syndicat de la magistrature prendront la parole ainsi que le bâtonnier de l’ordre des avocats du Havre. La Ligue des droits de l’Homme, le collectif Jules-Durand et le Théâtre de l’Ephémère s’associent à l’initiative.

Plus d’infos sur le site du Havre de Grève.

Pour écrire à l’assemblée générale du Havre : havredegreve@gmail.com

Le monument Jules Durand dans le cimetière Sainte-Marie, au Havre (photos PACO).

PACO sur Le Post.fr.

Messages

  • A noter, la parution de l’affaire Quinot aux éditions CNT qui aborde par le biais de la fiction cette histoire :

    http://www.cnt-f.org/nautreecole/spip.php?article426

    L’Affaire Quinot. Un forfait judiciaire, Émile Danoën

    Pour écrire ce grand roman populaire qu’est l’Affaire Quinot, Émile Danoën s’est inspiré de la vie de Jules Durand, anarchiste et secrétaire du syndicat des charbonniers au Havre en juillet 1910. Danoën retrace dans ce roman les principales étapes d’une odieuse machination qui s’inscrit dans le contexte d’une farouche répression du mouvement syndical. Une simple rixe entre ivrognes se soldant par la mort d’un chef de bor- dée « jaune » se transforme en un « crime syndical » avec préméditation... L’auteur nous délivre le meilleur roman historique jamais écrit sur l’affaire Durand. Mais ce qui fait la grandeur de ce livre, outre la véracité des faits relatés, c’est le style de l’écrivain tout empreint de cette sève ouvrière aux accents des travailleurs portuaires. Il y a dans ce récit émouvant et authentique la faconde des dockers, la pugnacité des militants contre l’injustice mais aussi de la désillusion et de la révolte.

    Émile Danoën (1920-1999), bien que né en Bretagne, est un enfant du Havre, et plus exactement un enfant du port, un « enfant des bassins » comme il intitulera l’un de ses derniers romans, encore inédit. Il a joué avec ses copains aux alentours des ateliers de la Compagnie générale transatlantique où son père – après un grave accident de bateau qui le rendit infirme durant la guerre de 14-18 – avait trouvé un emploi de gardien. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il se réfugia à Marseille et devint l’un des collaborateurs des Cahiers du Sud. L’éditeur Jean Vignaud publia ses premiers récits (Cerfs-volants en 1942, Rue des enfants abandonnés en 1945 puis L’Aventure de Noël en 1946). Après l’Occupation, il s’installa à Paris où il devint critique littéraire à Ce soir tout en continuant à écrire et à publier chez Julliard, Flammarion puis Gallimard. Loin de sa ville (presque) natale, il ne l’oubliait pas. Il obtint en 1951 le Prix du roman populiste pour Une maison soufflée aux vents qu’il fit suivre en 1952 de Idylle dans un quartier muré, deux ouvrages qui mettent en scène le quartier Saint-François de sa jeunesse, à l’heure des bombes. Avec L’Affaire Quinot, il a remonté le temps au-delà de ses souvenirs, pour raconter l’histoire d’un autre enfant du peuple havrais.

    Nombre de pages : 304 Format : 16 x 24 Prix : 20 euros Frais de port : 4,05 euros Genre : roman noir ISBN 978-2-915731-25-X Parution : septembre 2010

    Éditions CNT, 33, rue des Vignoles, 75020 Paris Courriel : edcnt@no-log.org

  • Tous mes sentiments respectueux à cet homme et ses descendants.

    • Il y a un excellent bouquin d’Alain Scoff consacré à l’affaire Durand et un roman récent intitulé "Les quais de la colère" de Philippe Huet .....

      Plus évidemment la pièce de Salacrou, "Boulevard Durand"...

      Hommage et respect pour le camarade Durand et pour tous les travailleurs qui construisaient, malgré une répression féroce, une CGT révolutionnaire (au début du XXeme...............).

      On a appelé l’"affaire Durand" , l’"affaire Dreyfus des pauvres" et les manuels d’histoire ont eu vite fait d’"oublier" Durand et ses camarades, condamnés, emprisonnés ou massacré par la bourgeoisie qui craignait pour ses profits et sa dictature du fric ...

      C’est le devoir du mouvement ouvrier que de perpétuer la mémoire de tous ces travailleurs qui se sont battus durement pour construire une CGT qui devait être un instrument intransigeant de la lutte de classe et de la révolution sociale.......

      Ca nous servira pour demain.....