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Démonstration de force des cheminots à Paris

Publie le vendredi 26 novembre 2004 par Open-Publishing
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de Jean-Marie Godard

Les cheminots adressent un avertissement sans frais au gouvernement. Plusieurs dizaines des milliers d’entre-eux (15.000 selon la police, entre 40.000 et 50.000 selon la CGT), ont manifesté jeudi à Paris pour la défense du service public, l’avenir du fret, l’emploi, les salaires, et contre toute loi sur le service minimum, mais sans grève et sans perturber la trafic SNCF.

Le secrétaire général de la CGT Bernard Thibault, qui participait au défilé, a laissé planer la menace d’un important conflit social dans les transports en cas de poursuite de la politique actuelle de « déréglementation et de libéralisation », et si un projet de service minimum « devait être mené à son terme ».

Partis de la place de la Bastille vers 13h30, les manifestants venus de toute la France et qui répondaient à l’appel de l’ensemble des syndicats de cheminots (CGT, CFDT, FO, CGC, CFTC, FGAAC, UNSA, Sud Rail) ont défilé dans le calme jusqu’aux abords du ministère des Transports, à proximité du métro Sèvres-Babylone.
Le cortège était, en de nombreux endroits, noyé dans l’épaisse fumée de torches d’alerte à la flamme rouge éblouissante, un outil servant habituellement à prévenir de la présence d’une équipe d’entretien sur les voies, et traditionnellement brandi dans les manifestations de cheminots.

Détonations de pétards, coups de sifflets, cornes de brume et autres sirènes accompagnaient la progression du cortège.

« Pour la création d’emplois au statut. Pour le développement du fret. Pour l’augmentation des salaires et des pensions. Pour le droit de grève. Pour le renforcement du service public SNCF » pouvait-on lire sur la banderole située en tête de manifestation.

« Tous les dix ans, il y a un gros conflit dans les transports. Avec la politique actuelle de déréglementation et de libéralisation, on pourrait à nouveau s’en rapprocher » a prévenu Bernard Thibault.

Quant au droit de grève, « une partie des élus de la majorité parlementaire de droite est toujours chatouillée par l’idée d’un projet de loi sur le service minimum. Là aussi, ils savent à quoi s’en tenir si d’aventure ce projet devait être mené à son terme », a poursuivi M. Thibault, qui est lui-même issu de la fédération CGT des cheminots dont il fût le secrétaire général entre 1993 et 1999.

Outre le respect du droit de grève, les syndicats de cheminots protestent contre les
orientations budgétaires de la SNCF, notamment contre les suppressions d’emplois -3.500 cette année- supportées en grande partie par la branche fret, déficitaire, qui fait l’objet d’une restructuration. Ils craignent un budget 2005 « encore plus douloureux ».

Selon les syndicats -qui réclament des créations d’emplois et une revalorisation budgétaire, via des efforts supplémentaires de l’Etat dans le secteur public ferroviaire- la SNCF, sur l’ensemble de ses branches, aura supprimé 8.000 emplois entre 2002 et 2004, des départs en retraite qui ne sont pas remplacés.

Ils s’inquiètent également de la création du service id-TGV -basé sur la vente de billets à bas prix sur Internet- et dénoncent la création d’une filiale pour ce produit « qui pourrait très bien être assuré par les cheminots eux mêmes, au sein de l’entreprise publique » selon Didier Le Reste, secrétaire général de la fédération CGT des cheminots, majoritaire.

Les syndicats exigent aussi une revalorisation des salaires et des pensions des cheminots retraités. Une revalorisation salariale globale de 1,8% a été accordée pour 2004 par la direction, après une année blanche en 2003. Cette revalorisation a fait l’objet le 13 octobre d’un accord, qui n’a pas été signé par la CGT, FO et Sud Rail.

Le ministre des Transports Gilles de Robien recevra les syndicats de la SNCF le 6 décembre. (AP)

http://permanent.nouvelobs.com/social/20041125.FAP6430.html?1733