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Les étudiants à l’avant-garde de la lutte contre la politique du gouvernement Berlusconi en Italie

Publie le lundi 29 novembre 2010 par Open-Publishing

Les étudiants à l’avant-garde de la lutte contre la politique du gouvernement Berlusconi en Italie : absence de convergence des luttes et responsabilité des communistes

Article AC pour http://solidarite-internationale-pc...

Le 16 octobre dernier, nous mettions l’accent sur le fait que le rassemblement d’1 million de métallurgistes appelant à la grève générale dans les rues de Rome (cf http://solidarite-internationale-pc...) pouvait avoir un effet d’entraînement sur les autres couches du salariat ainsi que sur le mouvement étudiant largement représenté dans la manifestation. Ce sont effectivement les jeunes qui ont pris le relais des métallos en entamant depuis une des mobilisations les plus massives de ces dernières années.


Un mouvement qui ne peut qu’être comparé à l’ « Onda », cette déferlante d’occupations d’universités et de manifestations qui avait paralysé l’Italie universitaire à l’automne 2008.

A l’époque déjà, les étudiants luttaient contre le projet de contre-réforme Gelmini (du nom de la ministre de l’Education) aboutissant à une privatisation de fait des universités tant par l’institutionnalisation du financement privé, par l’autonomie des universités qui est son corollaire ainsi que par la refonte des cursus afin des les conformer aux besoins du patronat italien. Le projet prévoyait également la précarisation des enseignants-chercheurs.

L’ampleur du mouvement de 2008 avait contraint le gouvernement à reculer, mais en aucun cas à abandonner son projet. Et à la rentrée 2010, avec l’entrée en vigueur du volet universitaire de la contre-réforme Gelmini, le gouvernement en a profité pour annoncer de nouvelles coupes dans l’Education nationale : 9 milliards d’économies budgétaires et 130 000 postes en moins d’ici 2013.

La contre-réforme et les coupes budgétaires font système : asphyxier les universités publiques pour ensuite faire apparaître comme une nécessité l’appel au privé pour sauver un système universitaire en décrépitude.

Mais les étudiants et chercheurs italiens refusent cette logique de privatisation de l’université.

Manifestations monstres, universités bloquées et occupations symboliques : le retour de la « Vague » de 2008

Mercredi 17 novembre, 200 000 étudiants sont descendus dans les rues d’une centaine de villes Italiennes. L’ « Onda » (la Vague) a de nouveau déferlé sur l’Italie, avec des cortèges étudiants allant de 5 000 à Florence et 7 000 à Palerme jusqu’à 20 000 étudiants à Rome et 30 000 à Turin.

Or, cette manifestation a marqué un point de départ d’un mouvement qui prend de l’ampleur de jour en jour.

La quasi-totalité des universités italiennes est désormais paralysée par le mouvement, et des actions de protestation sont désormais organisées chaque jour par les syndicats étudiants italiens.

Imitant exemple de l’occupation symbolique de l’Acropole par les communistes grecs, les étudiants italiens ont occupé successivement mercredi dernier le Môle de Turin, la Tour de Pise ainsi que le Colisée lançant depuis ces trois monuments de la péninsule un appel à la résistance contre les projets du gouvernement.

Les étudiants ont également essayé de manifester leur colère devant les lieux de pouvoir de la République italienne : le palais présidentiel, le Sénat ainsi que le Chambre des députés où le projet de la ministre de l’Education est actuellement examiné et où les étudiants avaient l’intention de réaliser un sit-in pacifique, que la police romaine a réprimé avec brutalité.

L’absence de convergence des luttes et d’alternative politique et les tâches des communistes

Depuis le début du mouvement, les jeunes communistes italiens jouent leur rôle de force d’impulsion et d’animation des luttes. Toutefois, le danger d’un isolement corporatiste du mouvement tout comme l’absence d’alternative politique à gauche font ressentir nettement quel doit être le rôle à jouer pour les partis communistes italiens dans la phase actuelle.

Les mouvements catégoriels se multiplient grâce à certaines branches syndicales combatives, des métallos aux étudiants. Des possibilités de convergences existent comme l’avait prouvé la manifestation du 16 octobre organisée par la FIOM. La toute dernière manifestation organisée Mais seul un parti révolutionnaire sur des positions de lutte peut les matérialiser.

Cela va de soi que le Parti démocrate, qui tente démagogiquement de récupérer le mouvement par l’entremise de son secrétaire Pier-Luigi Bersani aux « côtés des étudiants », ne peut incarner l’alternative. Le PD partage la justification méritocratique de la contre-réforme de la droite et ses conséquences les plus directes– précarisation des chercheurs, introduction du privé dans l’université, sélection des étudiants. L’ancien ministre PD de l’Education de 1996 à 2000, Luigi Berlinguer, va même jusqu’à contester la paternité de la contre-réforme Gelmini.

Et ce n’est pas non plus le reste de la gauche post-communiste, aux discours radicaux mais servant de voiture-balai au PD, qui peut l’incarner. De Nichi Vendola, ex-dirigeant liquidateur de Refondation communiste admirateur de Zapatero, au juge Antonio di Pietro, aussi intègre qu’étranger à la tradition politique communiste, tous réduisent la politique à un « concours de miss », sans idées ni projets, obsédés par la politique politicienneet se rattachant aux luttes, au mieux, que par une posture extérieure de soutien.

Et les communistes ? Seuls à pouvoir incarner l’alternative et à pouvoir faire converger les luttes, ils restent pris dans leurs contradictions. En effet, au moment où l’Italie connaît un mouvement massif de résistance à la politique du gouvernement, les communistes du PdCI et du PRC étaient occupés à préparer le Congrès fondateur de la Fédération de la Gauche (FdS).

La Fédération de la Gauche, présentée dans un premier temps comme une coalition électorale tactique destinée à rapprocher les deux partis communistes après l’échec de la Gauche arc-en-ciel en 2008 (3% aux législatives), apparaît de plus en plus comme une nouvelle tentative liquidatrice continuatrice de la Gauche arc-en-ciel et proche de l’expérience Izquierda Unida en Espagne.

Le secrétaire-général de Refondation communiste, Paolo Ferrero, avait vendu la mèche le 29 août dernier avouant que l’objectif était de « créer un Die linke à l’Italienne » (cf http://solidarite-internationale-pc...). Dans la même interview, il se déclarait ouvertement l’allié du Parti démocrate.

Plus que jamais, étudiants et métallos, le peuple d’Italie a besoin d’un nouveau Parti communiste italien. Espérons que ce moment historique soit l’occasion pour nos camarades italiens de renouer avec l’histoire glorieuse du PCI !