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Le blasphème désacralisant est loin de l’autodafé.

Publie le mercredi 5 janvier 2011 par Open-Publishing
17 commentaires

Le blasphème désacralisant est loin de l’autodafé.

En général ce n’est pas le même personnage qui propose le blasphème désacralisant ou désacralisateur et l’autodafé. Il y a même un grand écart entre ces personnes. L’un a un souci d’humanisme et d’émancipation, l’autre militent pour la force virile contre les intellectuels et les journalistes. L’un s’instruit et se cultive là ou l’autre refuse la culture.

Le blasphème désacralisant est de l’ordre individuel et passe par le verbe ou le contre-symbole alors que l’autodafé est une démarche collective et politique de destruction de masse de tous les livres par réquisition.

L’autodafé a une histoire fort diverse mais je retiens deux grands modes : la façon Fahreinheit 451 ou le mode sélectif visant des livres spécifiques façon nazi ou phalange.

Dans mon propos c’est le symbole sacré prétendant surplomber les humains rabaissés qui est visé. J’ai écrit plusieurs textes sur le rabaissement des fétiches pour élever l’humain et sur le blasphème comme outil de désacralisation, de défétichisation. Je suis pour la défense de la culture et des livres. Je ne regarde quasiment pas la télévision mais je lis beaucoup.

Dans Fahreinheit 451, "Montag" est un « pompier » dont le travail est de brûler toutes les œuvres écrites, sans exception. Lui et son escouade pyromane parcourent la ville à la recherche de toutes les bibliothèques illégales, et ont pour ordre strict d’en faire un autodafé. Le monde de Montag est un monde où posséder un livre, voire simplement lire une œuvre écrite, sont devenus des crimes.

Pourquoi ne pas y voir une incitation à brûler les musulmans ? « Là où on brûle des livres, on finit aussi par brûler des hommes. » Ce propos d’Heinrich Heine est aussi stupide que "Celui qui vole un oeuf vole un boeuf". On trouve évidemment des voleurs qui passent de l’un à l’autre et se "professionnalisent" mais l’immense majorité de voleurs de bonbons restent des honnêtes gens.

Liber

Messages

  • Effectivement ce n’est pas la même chose.

    Un aspect n’est pas abordé dans ce texte. Il y a un enjeu international sur l’élargissement de la notion de racisme, en particulier de l’islamophobie, à la diffamation de la religion. Contre l’expert des Nations Unies sur le racisme, le sénégalais Doudou Diène qui estimait "grave la diffamation des religions" et se faisait ainsi le porte-voix des Etats musulmans c’est Anh Thu Duong, de la mission suisse auprès des Nations Unies, qui a rappelé que l’islamophobie figurait déjà dans le document adopté par la conférence de l’ONU sur le racisme - réunie à Durban en 2001. Il rappelle que « le but est de protéger les individus, pas les religions ». jjl

    • ’’ le but est de protéger les individus , pas les religions’’ ça a l’air d’une lapalissade mais certains qui plongent sans réfléchir dans la mare fangeuse du soi-disant débat islamophobe feraient bien de retenir la formule .

    • Ce commentaire me fait prolonger mon Anh Thu Duong contre Doudou Diène pour dire que lutter contre l’islamophobie stricto sensu est déjà un combat difficile il est inutile, à mon sens, de vouloir imposer une autre définition qui engloberait la protection de la religion elle-même. Ce serait un texte qui ne serait pas respecté.

      Déja la définition stricte est l’objet de polémique en France et en Europe du fait du choix du terme certains préférant le terme racisme anti-musulman. Il semble raisonnable d’autoriser le blasphème au titre de la diffamation de la religion mais de border cette expression en empêchant toute dérive vers le racisme anti-musulman.

      Autre objection : certains disent que les musulmans ne sont pas une race. Mais les races n’existent pas. Ce qui existent c’est le processus de racisation de groupes humains dans une perspective hiérarchisante et inégalitaire. JJL

    • Toutes comparaisons est odieuse disait Cervantès... Vous n’avez seulement pas idée du sens qu’il faut donner à la phrase d’Henrich Heine, ni de qui il était. Ne vous demandez surtout pas en quoi Heine, juif et allemand, pouvait tenir aussi prophétique, que deux siècle plus tard, sur la Bebelplatz de Berlin, on brûlait des livres, avant de brûler des juifs.
      Votre comparaison, et ce confusionnisme, laisse augurer des périodes effectivement terribles, qui sont, pour une large part, amorcées

    • "l’islamophobie" ?

      je ne comprends pas ce que ce terme signifie.

    • Il est important d’abolir certains mots et de lutter pour leur abolition .

      Dans son acronyme déjà la Licra induit le mensonge puisque le mot race y figure .

      En effet cet héritage du passé et des colonies n’a pas droit de cité dans la tête d’un individu honnête , d’une part parce qu’il est discriminant et par ailleurs parce que en effet la race n’existe pas du point de vue scientifique neutre .

      Les biologistes , les généticiens , bref les chercheurs ont eut beau chercher , ils n’ont jamais trouvé un élément qui permettrait d’étayer le début d’une explication avalisant ce vocable suranné .

      Ils ont trouvé en fouillant les ADN épars des ressemblances et des différences minimes entre humains , des ressemblances qui nous identifient géographiquement . On peut dire que les asiatiques en général présentent une petite particularité commune , visible seulement lors de l’analyse du cariotype .Il en est de même pour d’autres groupes humains , cela ne signe que nos parcours dans l’histoire de l’humanité , que nos ancêtres vivaient il y a 20 000 ans dans un coin du globe par exemple , rien de plus .
      Aussi faut -il absolument bannir toute référence à ce mot qui a fait tant de mal déjà .

      Que ce soit pour attaquer un groupe d’individus sur sa religion ou non , d’emblée , refuser d’entendre toute phrase qui porterait ce mot c’est déjà un pas .

    • Dans la caboche obtue de certains affilés à des partis bien ’’ Français ’’ , dans la rue , au bistrot , partout où on a besoin de la connerie populaire pour la transformer en voix ce mot ne fait pas référence à la religion de l’Islam , ses synonymes seraient plutôt : ’’ bougnouls , ratons , bicots , gris , cousins ’’, etc , la liste est longue et c’est bien le problème .

    • Bien ce texte.
      D’accord avec JJL sur l’aspect mondial en plus

    • on brûlait des livres, avant de brûler des juifs.

      Je me p emettrait modestement de rappeler que ceux qui brûlaient des livres sur la Bebelplätz n’ont pas brûlé que des "Juifs". et ceci même si H. Heine est situé dans cette catégorie de population par le posteur.

      Il ont aussi, et ceci bien avant de cibler les "juifs", en tant que tels, assasiné, torturé et brûlé des Démocrates, des Communistes, et des Opposants au Nazisme en général. Sans tenir compte du fait qu’ils soient "Juifs" ou pas.

      Et j’ajouterai même que si des "Juifs" ont pu être brûlés à postériori toujours "en tant que tels" par ces mêmes Nazis sans qu’il y ait une opposition active c’est aussi parce que toutes les catégories sociales et philmosophiques précitées avaient été anhiliées ou réduites à l’impuissance.

      Et tout ceci aussi pour bien faire ressortir que ce qui compte pour empêcher les déviations monstrueuses de la Société c’est non pas ou on se situe, ou bien où on est situé par d’autres, dans un présumé et improbable groupe ethnique et ou religieux, mais bien l’attitude philosophique et sociale des individus qui seule peut empêcher ces déviations.

      Au fait, chez les "Démocrates, les Communistes, et Opposants" que j’ai cité il y avait AUSSI des "juifs".

      Mais les autres "juifs", ceux qui ont été brûlés APRES ?

      Ils étaient où, "philosophiquement ou socialement", pendant ce temps là ???

      G.L.

    • Bon réflexe du modérateur que finalement j’approuve .

      Pour répondre en ironisant à la question elle même ironique sur la signification de l’islamophobie j’utilisais quelques noms d’oiseaux colportés depuis des décennies et visant les gens d’origine nord africaine ou moyen orientale , pour précisément stigmatiser ces termes orduriers , j’en faisais usage , à tort oui je crois .

      Le modérateur a eut raison , point n’est besoin de faire figurer sur ce site ces mots , l’ironie peut aussi choquer , et puis un vocabulaire sain est plus agréable . Mon petit laïus relevait de la conversation orale ,entre copains , pas ici .

    • @ GL. Vous faites usage de connaissances historiques que chacun connaît, en posant en toute fin une question d’une naïveté suspecte et insidieusement orientée. Ils étaient où ? La question est plutôt de savoir ce qu’ils ressentaient. Ils étaient les plus directement menacés.
      Il y a peu d’immigrés dans les organisations radicalement opposées au régime. Songez-vous à le leur reprocher alors qu’ils sont les plus directement menacés par les expulsions ? Les banlieues ont chauffé et chauffent régulièrement. Ils y sont bel et bien, pour une bonne part.
      Où sont les autres ? Embrigadés dans une guerre de tous contre tous qui ressemble à l’atmosphère qui régnait à Berlin pendant le nazisme ("Seul à Berlin" de Hans Fallada). Vae Vinctis.

    • Ce papier montre qu’il n’y pas de confusion entre celui qui brûle un livre à des fins critiques (blasphème contre l’obscurantisme) et ceux qui collectivement veulent détruire tous les livres ; ces derniers ont les connait de triste histoire ! Rom

    • Le propos central se ramène s’agissant du passage de l’islam aux musulmans à la question : Y-a-t-il deux conceptions de l’islamophobie ?
      L’une couvrant le blasphème et la diffamation des religions sous le vocable d’islamophobie versus étendu et l’autre plus restreinte servant au combat antiraciste mais laissant la liberté de conscience et d’expression sous sa forme de critique du contenu comme du symbole. Cette dernière se nommant blasphème.

      Chris DLR

    • naïveté suspecte et insidieusement orientée

      Ca veut dire QUOI ça ???

      Que je voudrait "cibler" une certaine catégorie de population ???

      Ce genre d’insinuations je connais assez ceux qui les développe pour savoir que les intérêts qu’ils défendent sont très loin d’être angéliques.

      Et parmi ceux qui tienent ce langage il y a pas mal de criminels de guerre sionistes. De ceux qui faisaient ami-ami avec les Nazis dès 1933 par exemple. En mettant en place l’exode des "juifs" européens vers la Palestine qu’ils désiraient coloniser.

      Et pour préciser je veux signifier par là que lorsqu’ils sont venus chercher les "juifs", du moins ceux qui dans la société de l’époque n’étaient QUE ’juifs", et rien d’autre, au niveau engagement social, (Quand ils n’étaient pas engagés auprès des Nazis comme certains qui sont tombés de haut ensuite), il n’y avait plus personne pour les défendre.

      Et c’est pas MOI qui le dit, mais la célèbre tirade du Pasteur Niemöller qui l’illustre bien mieux que mon analyse.

      J’irai même plus loin.

      Vous me dites que les "immigrés" ne sont pas impliqués dans la luttre contre le régime".

      Mais est-ce que ça doit les dédounaer de leurs responsabilités dans l’absence de lutte et de résultats qui en découle. Non, aucunement.

      Parmi ceux qui brûlaient les livres à Berlin et ailleurs une majorité était issu des classes les plus pauvres de la Société allemande. Du Lumpenprolétariat. Ca doit les exonérer ? Y avait que des bourges et des riches dans les Waffen SS ? Ou dans les SA ?

      Parmi les pires racistes actuellement en France, aux côtés du FN et d’autres organisations nazies on peut trouver les nervis de la "Ligue de Défense Juive".

      Parmi les soutiens aux criminels sionistes la LICRA ou le CRIF.

      Le fait d’être "juifs", ou de se prétendre tels, leur donne t elle des prérogatives supérieures sur d’autres couches de population ?

      Et demain, si notre société vire au cauchemar fasciste comme ça pourrait bien se faire, ils se "situeront" où, ces gens, ceux du CRIF, LDJ et consorts.

      Du côté des tortionnaires ou des victimes ?

      Maintenant que la Bourgeoisie a remplacé la haine du "juif" en tant que tel, (A condition qu’il souscrive aux désirs et intérêts de ses maîtres), par la haine de l’Arabe, ou du Réfractaire, ou du Révolutionnaire ?

      Vous avez raison en réalité, mais pas pour votre réponse. Pour la question induite par elle.

      La vraie question est : "Est-ce que ne pas être engagé "avant" pour éviter une catastrophe vous dédouane de toute responsabilité et fait de vous automatiquement une "victime" quand ça tourne mal "après", lorsqu’il qu’il n’y a plus personne pour faire à votre place ?"

      Et ceci est universel. Pas simplement réservé à certaines catégories de populations.

      Et au fait... Je suis TOUT sauf NAÏF.

      G.L.

    • Bon réflexe du modérateur

      c’est un script automatique qui a filtré un mot interdit :)

    • je ne crois pas qu’il y ait deux conceptions de l’islamophobie.

      Il n’y a pas de propos hors du temps sur ces questions.

      Ce que nous vivons dans la sphère européenne depuis 10 ans est une montée progressive d’une islamophobie ayant même dynamique que la montée de l’antisémitisme entre les deux guerres mondiales.

      Ce sont clairement les musulmans, ceux qui en ont apparence physique dans l’imaginaire construit par les médias, qui sont visés. Ou, autrement dit, comme pour les juifs entre les deux guerres, qu’ils se sentent juifs ou pas, quel qu’ils étaient, ils étaient visés comme boucs émissaires pratiques.

      L’islamophobie remplit strictement et concretement cette fonction actuellement . Elle enrichit la compréhension du racisme en la traitant de phobie . Ce n’est pas une critique de l’Islam ou sa dénonciation, mais une obsession, une peur non maitrisée, qui en même temps s’attaque concretement à des personnes.

      Car tous ces débats visent à diminuer les libertés des populations qu’on estime dans la croyance populaire être originaires d’Afrique du Nord, rien d’autres. Toutes les pratiques concrètes de l’islamophobie actuelle visent à exclure et non à libérer .

      Dans la situation actuelle la question de l’islamophobie est de la plus haute gravité.

      Alors que, malheureusement jamais on ne vit de gauche si déplorable sans avoir l’excuse que pouvait avoir une partie de la gauche dans l’entre-deux-guerres : l’horreur était vraiment impensable à ce niveau.

      Nous sommes prévenus de ce danger.

      Nous savons également que l’essentiel de la propagande de construction d’un bouc émissaire ne vient pas du FN mais bien des grands médias, sous contrôle du pouvoir politique ou de quelques grands bourgeois.

      L’islamophobie est un produit actuel délibéré d’une petite clique dotée de grands moyens qui travaille finement à la construction d’un bouc émissaire dans la grande crise actuelle (finement en juxtaposant sans cesse des thèmes de peur à côté de thèmes traitant des musulmans ou de l’Islam).

      Le FN là dedans, comme les identitaires ou d’autres qui sont en voie de fascisation accélérée, sont comme des affamés à qui on donnerai un banquet garni gratos.

      les débats tournants autour de ces thèmes ne doivent pas faire oublier qu’une grande offensive est menée pour que 90% de la classe populaire se jète à la gorge de 10% de la classe populaire

      Ou autrement dit, c’est ce qui protège qui doit être recherché dans ces débats, pas ce qui exclue, ostracise, diabolise, etc.

      Pas de phobie !

      La quasi-totalité des personnes visées par la campagne islamophobe de la bourgeoisie sont dans la classe populaire.

      réflechissons...

      Il y a tout lieu ces derniers temps de crier :

      Nous sommes tous des musulmans (d’Avignon) !

      on a bien crié en France

      nous sommes tous des juifs allemands !

      la protection que la classe populaire doit à la frange la plus menacée dans ses rangs est essentielle.

      Ceux qui feignent y voir une question de laïcité ou de libération des femmes , seraient les mêmes que ceux qui, dans des wagons plombés , auraient interrogés, soupçonneux, sur la dangerosité de leur foi, ceux qui allaient vers leur destin par le fait même de leur naissance et/ou leur foi.

      Nous en sommes là, les questions des dangers de l’islamophobie sont extrêmes en ce moment . La propagande des grands médias a marqué des points importants et elle s’accélère pour créer un climat dangereux.

      Se glisser dans ces débats , sans tenir compte de ce qu’on vit, est extrêmement dangereux.

      Il ne s’agit nullement de limiter des libertés, y compris celle que les croyants appèlent le blasphème.

      Mais de comprendre qu’il faut savoir ce qui se déploie en ce moment et user un peu plus de salive contre des agressions et des manipulations qui ne visent qu’à s"attaquer à une minorité dans la classe populaire.