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le jour que la friche a brulé

Publie le mercredi 12 janvier 2011 par Open-Publishing
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Le dimanche où la Friche RVI a brûlé j’étais dedans

J’étais à la cuisine Reso avec les potes et je m’endormais un peu sur le canapé.

J’ai vécu une année à la Friche.

Lorsque je suis arrivée on pouvait encore rêver de pouvoir discuter avec les autorités pour pouvoir les aider à comprendre ce que c’était la Friche.

Pour moi c’était une grande université populaire, c’était bien pour ça que j’y étais venue, avec un grand projet dans la tête :

il s’agissait d’officialiser un peu ce magnifique partage de savoir qui avait lieu tous les jours.

Pour ma part je n’ai pas eu à me plaindre, dans cette année jai appris plein des choses, mais le problème avec la Friche est que tout ce qui se passait à l’intérieur n’était pas visible à l’extérieur.

Normal, puisque le publique était interdit à la Friche.

On s’était cassé alors la tête avec les copains pour inventer des moyens de partager ça avec toute le ville et on avait trouvé en suivant les parcours déjà parcouru par ceux et celles qui se sont engagés dans l’histoire de l’éducation populaire et de l’éducation non autoritaire :

je parle de Freinet et pas forcement d’anarchie, bien que
mes lectures de jeunesse me rappellent fort la pensée de Giordano Bruno (je suis italienne) et je trouve toujours que nous avons 410 ans de retard.

Le 18 février prochain il y aura l’anniversaire de sa mort.

Il fut brûlé par l’église.

Parce que il avait des idées nouvelles et inacceptables par le pouvoir.

Comme que la terre était ronde et tournait autour du soleil et qui était donc possible que Dieu n’était pas tout en haut mais partout à l’intérieur de la matière.

La Friche fonctionnait avec des principes d’autogestion.

Comme quoi l’autorité pour nous ne devait pas être tout en haut mais partout, partagée entre nous.

Nous savons (grâce aux interventions ponctuelle de Philippe Thierry) que le pouvoir actuel a bien du mal à se faire à cette idée.

C’était l’argument préféré de nos opposants de dire que l’autogestion surtout devait disparaitre de nos pratiques.

Et peu après mon arrivée les mauvaises nouvelles rendaient jours après jours tout plus difficile à faire ;

Annonce d’expulsion arbitraire pour juillet, calomnies à gogo dans les médias, menaces de la part de la police par rapport au dernier délais en septembre.

Cela dit j’étais là aussi lors du festival, cet été.

Je me souviens très précisément du moment où je parlais avec les forces de police qui étaient venues voir ce qui se passait et je me souviens de François qui avait essayé de discuter, de raisonner...

il disait, je me souviens, « mais de toute façon vous en savez rien de ce qui va se passer pour nous, le tribunal na pas encore décidé et nous avons une convention, nous sommes ici parfaitement dans notre droit !! »

Je me souviens du petit policier qui avait commencé à lui crier sur la figure : pas d’histoires !! en septembre on vous mettra dehors !!!

Je me souviens parce que j’étais en train de discuter avec leur chef et je me suis plainte à ce moment là, je suis allée vers ce policier en lui disant « pourquoi vous lui criez dessus comme ça ? »

J’étais presque en larmes en me retournant vers le chef : "c’est ça la police ? un petit jeune en bleu qui se permet de crier sur un aîné ? sur un artiste qui va bientôt tout perdre à cause dune administration qui gère la Friche aussi mal quelle gère bien d’autres problèmes ? »

Déjà à l’époque les flics avaient une bien piètre opinion de nous, je me souviens qu’après avoir entendu leur chef parler je les avais invité à rentrer et qu’ils étaient restée pantois à regarder notre univers.

Ensuite une partie d’entre nous ont déménagé ou essayé de déménager à la Martine, mais il manquait de la place et la majorité d’entre eux continuait à laisser ses affaires chez nous et même à travailler chez nous.

Certains ce sont découragé et sont partis tout court.

De ce fait la minorité qui restait dans le lieu avait de plus en plus des choses à faire (il fallait continuer à gérer le bâtiment) et de plus en plus des problèmes.

Il n’est pas facile pour des artistes d’organiser des conférences presses, de contacter des avocats, de devoir préparer sa défense comme si on avait fait quelque chose de mal, quelque chose de criminel.

Cela casse le morale et on fini pour s’identifier aux accusations reçues.

Nous avions trempé dans la criminalité parce que nous voulions sauver l’usine comme espace publique autogéré.

Nous avions eu à faire souvent avec les forces de l’ordre et les journalistes et les calomnies et le comité anti Friche qui s’est constitué dans le quartier (bizarrement après les articles contre nous autres apparu dans les journaux et pas AVANT).

A l’époque javais écrit une lettre à Philippe Meirieu et elle restera en témoignage de ce qu’on concoctait pour aider les jeunes en échec scolaire complet, les jeunes qui tiennent les murs dans les quartiers.

Et malgré le silence et le non aide des figures politiques nous avons continué.

A Reso il y avait une bibliothèque, une salle de soins, une salle de classe, une cuisine commune, un atelier d’informatique
Plus les ateliers d’artistes et artisans tous partants pour collaborer au projet.

François de la Vaca Loca était à fond : il avait déjà formé des jeunes et il voulait bien le refaire.

Mais combien d’entre nous avaient aidé des autres ou profitait de laide des autres ?

Nous tous !

Aujourd’hui on ne brûle plus les hérétiques.

Aujourd’hui on se contente de leur brûler leur lieu.

C’est chouette, nous sommes devenus beaucoup plus civilisés en 410 ans.

Et on laisse les artistes et les artisans à la rue.

On sen fiche.

Le soir de l’incendie je suis restée pas mal de temps à côté du portail , à discuter avec les 4 policiers qui accompagnaient les pompiers et qui nous expliquaient qu’ils devaient rentrer eux aussi pour aider les pompiers à nous foutre dehors.

La police commande, les citoyens n’ont pas d’autres choix que d’obéir.

J’ai vu mes copains se résigner à l’arrivée des pompiers, pourtant on voyait plus des flammes, juste la fumée, persistante, nous disait que le feu était encore vivant.

Les pompiers allaient et revenaient, tournaient leur camion, le déplaçaient et je me souviens très bien aussi de les avoir entendu parler entre eux bien souvent.

Et ils disaient : « mais c’est le merdier chez nous !! »

Le merdier chez les pompiers cela veut dire juste une chose : des ordres contradictoires.

Pendant plus d’une heure ils ont reçus des ordres contradictoires !!

Il y avait la fumée et des braises, plus le vent.

Deux heures après les flammes étaient hautes et mangeaient tout sur leur chemin ;

A ce moment là les lances d’incendie ont commencé à cracher l’eau et une demi heure après le feu était éteint.

On peut en penser ce qu’on veut mais je pense que sil n’y avait pas eu un quartier autour ils l’auraient laissée brûler en entier.

On peut penser ce qu’on veut, mais mes copines se sont fait éjecter de leurs yourtes, les roumains des leurs campements de fortune, les pauvres de centre ville, les élèves des écoles...

Ils ont parlé souvent de lieu de « non droit » en parlant de la Friche.

Mais ce quoi ce droit et c’est le droit de qui ?

pour plus d’infos, les images, les photos :

http://friche-rvi.org/

http://rebellyon.info/incendie-friche-artistique-RVI.html

http://rebellyon.info/La-Friche-RVI-Toujours-la.html

et du coup on vous attends à Lyon :

http://rebellyon.info/Solidarite-contre-la-repression-a.html

Messages

  • Allumer le feu chantait en langue nationale leur heraut, une vedette bege refugiee dans un chalet suisse. A la guitare, une amie a lui, une italienne a hautes pomettes. Jean Pierre leur premier fan poitevin l’aimait moins.
    Mais le descendant du peintre hongrois lui kiffait a donf... avant qu’il ne s’essaie a son tour au micro avec des imparfaits du subjectif. Et des futurs sans objectifs mais cameras CCD partout... qui filmeraient tout cela, 7/7, 24 sur 24. Pour le plaisir de l’auvergnat. Moyen.
    Courage.