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Liberté, égalité, sexualités pour les personnes handicapées

Publie le samedi 12 février 2011 par Open-Publishing
7 commentaires

Avec Sexe, amour & handicap, le cinéaste Jean-Michel Carré a réalisé un nouveau film poil à gratter. Un documentaire d’une grande humanité qui sera diffusé sur France 2 le jeudi 24 février, à 22h45. À dix jours près, il n’aurait pas été idiot de programmer ce document pour le jour de la Saint Valentin…

Jean-Michel Carré et les films Grain de sable réalisent des films qu’on prend en pleine tête, en plein cœur aussi. Qu’il s’agisse de parler de l’enfance, des femmes, de prostitution, des prisons, d’alternatives à la psychiatrie, de toxicomanie, de syndicalisme ou de politique internationale, les documentaires de Jean-Michel Carré ne font pas dans le consensus mou. On se souvient de titres comme Alertez les bébés (1978), Votre enfant m’intéresse (1981), Femmes de Fleury (1991), Galères de femmes (1993), Visiblement je vous aime (1995), Charbons ardents (1999), Koursk, un sous-marin en eaux troubles (2004), Le système Poutine (2007) et d’un superbe reportage qui a fait couler pas mal de salive, Les travailleu(r)ses du sexe - et fière(e)s de l’être (2009)…

Dans Sexe, amour & handicap, avec respect et complicité, Jean-Michel Carré parle du désir d’amour, de sensualité et de sexualité des personnes handicapées, hommes et femmes, jeunes et moins jeunes. Atteintes de maladies dégénératives, handicapées moteur ou déficientes intellectuelles, ces personnes sont confrontées tout au long de leur vie à la plus haute des solitudes. Une réalité insupportable quand on songe que certaines personnes n’ont même pas la capacité physique de se masturber… Les coincés qui voudraient réduire ce grave sujet à de la gaudriole seront vite remis à leur place. « Ce n’est pas une affaire de cul, clame Marcel Nuss, fondateur de la coordination Handicap et autonomie. C’est un problème d’humanité. C’est un problème d’humanisation de la personne. C’est un problème de réappropriation de corps qui sont complètement déstructurés. »

Il est inimaginable que des êtres humains ne puissent jamais connaître le plaisir des corps ni aucun de ces moments libérateurs qui mettent des « rayons de soleil dans la tête, là où il y avait un trou noir », comme l’explique un interviewé en fauteuil roulant. Mais la sexualité des personnes handicapées est taboue et réprimée. Les familles, les institutions spécialisées, les administrations, les responsables politiques nient ces besoins vitaux pour tout être vivant.

Au Danemark, en Hollande, en Allemagne, en Suisse allemande et maintenant en France, des personnes valides ont décidé d’aider des personnes handicapées à aimer et à s’aimer à contre-courant. Ainsi, peu à peu, les contours d’un nouveau métier appelé assistant sexuel apparaissent audacieusement. Laissons les esprits pervers assimiler juridiquement cette profession à de la prostitution. « Nous vivons une époque qui déborde de bons sentiments, explique Jean-Michel Carré. On parle beaucoup de liberté sexuelle. On parle beaucoup aussi d’intégration des personnes handicapées. Quand ces deux domaines sont pris séparément, cela marche à peu près. Mais réunis c’est autre chose… Heureusement, des gens d’une générosité rare, exemplaire, qu’ils soient en situation de handicap ou valides se battent pour faire respecter un des droits essentiels des êtres humains. »

Sexe, amour & handicap donne la parole aux adultes touchés par un handicap (physique, mental, sensoriel, psychique, relationnel), à des couples que les soi-disant bien-pensants catalogueront de « hors-normes » et à de belles personnes qui œuvrent pour le bien-être intime et sexuel de toutes et de tous sans discrimination. Nous entendons la sexopédagogue suisse Catherine Agthe et la sexologue Sheila Warembourg. Nous entendons des assistant-e-s sexuel-les parler de leur formation et de leur pratique (parfois bénévole) par le biais de massages, du naturisme… Nous entendons un couple « mixte » qui expose sans tabou son intimité sur un blog. Nous entendons les représentants d’associations (Choisir sa vie, Sexualité handicaps pluriels) qui militent pour la reconnaissance des assistant-e-s sexuel-les. Des témoignages poignants que l’on écoute entre émotion et colère, et parfois avec le sourire parce que, a priori, « la sexualité est quelque chose de fun », comme le rappelle un relaxologue.

Sexe, amour & handicap, un film de Jean-Michel Carré (70’) produit par les Films Grain de Sable avec la participation de France Télévisions.

Plus d’informations sur le site des films Grain de Sable (photos et extraits).

Pour en savoir plus sur :

 Choisir sa vie (Aubagne).

 Sexualité handicaps pluriels (Suisse).

 Le blog L’amour handicapé.

PACO sur Le Post

Messages

  • Jouir à tout prix, même quand on est monstrueusement handicapé a-t-il un sens ? Non à mon avis. C’est du voyeurisme, on n’est pas loin de la baraque de foire. c’est malsain car pourquoi ne pas étendre le procédé à tous ceux qui ne trouvent pas de partenaire sexuel ? On aiderait sexuellement qq comme on aide à traverser la rue ? L’humanité a mis des millénaires pour se fixer des règles sociales et donc sexuelles. Attention de ne pas revenir à l’age de pierre ou même avant en les ignorant
    Des aidants sexuels bénévoles sauf ceux qui se font payer ? c’est de la prostitution, et ça existe déjà depuis pas mal de temps.

    • Ce commentaire est, pour le moins, monstrueux. Je pense que l’auteur de cette abominable sortie se rendra compte de sa bêtise et de son inhumanité en regardant le superbe film de Jean-Michel Carré.

    • " l"humanité a mis des millénaires pour se fixer des règles sociales et donc sexuelles".

      Ne mêles pas "l’humanité" à tes relents judéo-chrétiens de curé intégriste !

      "....quand on est monstrueusement handicapé..."

      Les handicapés sont monstrueux ? DEGAGES CONNARD !

      LR

    • Pauvre John… Passons…

      J’ai hâte de voir ce reportage, je trouve qu’il y a là quelque chose d’étonnement révolutionnaire. Je me rend compte, pour en avoir récemment discuté dans un bar, qu’il y a un chemin énorme à faire. À bien des niveaux. D’abord accepter que louer son corps n’est pas moins noble que louer son intelligence à une entreprise. Ensuite imaginer une nouvelle "prostitution", qui existe déjà, qui envisage les choses comme un soin infirmier.

      Moi, mon handicap, c’est une insuffisance hypophysaire, prise en compte tardivement, parce qu’à l’époque, dans les campagnes, il était habituel d’entendre les médecins de famille dire "il se développera quand il sera à l’armée". Comme cette réflexion souvent entendue résonne comme une douleur qui vient de loin !

      Bref, à 18 ans, alors que j’étais en pension, j’avais 12 ans. De corps et d’esprit.
      Bref, j’ai connu mon premier rapport sexuel à 38 ans. Cassé, humilié, me développant dans la solitude et pas en même temps que les autres, je n’ai jamais pu vivre la transformation de mon corps en même temps que les autres. Quand j’étais enfin pubert, mes camarades de classe avaient tous des gosses.

      Des infirmières du sexe, qu’est-ce que j’en aurai eu besoin !!!

      Aujourd’hui, à 47 ans, je m’amourache souvent de gamines de 20 ans, c’est étrange, non ?

      Je veux envoyer ce message à ces gens, à Jean-michel Carré, juste leur dire merci. Merci de nous montrer qu’il ne faut jamais désespérer de l’humanité. Je me demande si je ne vais pas envisager une nouvelle carrière d’infirmier, après en avoir tant manqué !

      Love, sexe et gaudriole !

    • profondément choquée par votre message, je suis maman d’un jeune homme " monstrueusement" handicapé , ses pulsions non assouvies le rendrent malheureux , dépressif........sans doute n"avez-vous aucune difficulté.....ou des idées d’extrème droite.......je ne vous souhaite pas de vivre pareille situation qui peut arriver par accident ....à vous aussi.....

      Maryvonne Soglet

  • Bravo pour ton article sur le film "Sexe, Amour et Handicap" de JEAN-MICHEL CARRE. Encore beaucoup de combats à mener. 2000 Ans de conneries ça ne se rattrappent pas du jour au lendemain...

    Savez-vous qu’un bon nombre de couples "mixte" (Handicapé/Valide) vivent "clandestinement" pour ne pas perdre leur maigre Allocation (AAH). Car il existe une LOI qui dit : "La personne handicapée est considérée comme dépendante et à la charge de la personne avec qui elle vit..." C’est Révélateur ? Non ?

    Grâce au hasard des nombreuses rencontres, j’ai pu accéder, psychologiquement, à une certaine autonomie de vie. De m’affirmer et de vivre avant tout comme une personne à part entière. De l’une de ces rencontres, naîtra une belle histoire d’amour avec Evelyne, une jeune femme valide qui deviendra mon épouse. Un coup de foudre, au hasard d’un passage piéton d’une rue de Sarcelles en 1978.

    Qui l’aurait cru ? Même pas moi ! Bien sûr, j’avais comme tout être humain, des désirs naturels d’amours, de tendresses, de sexualité. Mais à cette époque, quand on était handicapé, c‘était un sujet tabou, inconcevable. Le système éducatif des institutions spécialisées et la société en générale m’ont tellement conditionné et inculqué, que, vu mon handicap, il ne fallait pas trop se faire d’illusions. A force, on finit pas y croire soi-même, à refouler. Par préjugés, mais aussi par peurs. Mais, plus de 25 ans après, notre vie de couple n’est pas pire qu’une autre dite « normale ». Mais sommes-nous vraiment reconnus et considérés comme un couple à part entière ?

    Il est anormal
    Il a les bras tordus
    Et les jambes bizarrement foutues.
    Mais c’est vrai, c’est normal,
    C’est un anormal !

    Il se déplace sur un drôle d’engin peu banal,
    Il paraît que c’est un fauteuil roulant motorisé !
    Le pauvre petit ! Quand même ! J’en ai pour lui de la pitié !
    Mais c’est normal
    C’est pour un anormal !


    Il vit dans un lieu spécialisé pour personnes anormales
    Il fait bon vivre !... Isolé ! Bien à l’abri !
    Tous les mois, il perçoit sa p’tite alloc’, c’est peu, mais suffisant pour sa vie !
    C’est normal !
    C’est déjà de trop pour un anormal !

    Quand il sort, il est seul, c’est anormal !
    Il devrait être accompagné
    Ce serait bon pour not’sécurité
    C’est normal !
    On ne sait jamais,c’est quand même un anormal !

    Il veut vivre et être considéré comme un être humain ! C’est anormal !
    C’est pas possible, il n’est pas comme nous : uniformes !
    On ne peut accepter, ça nous dérange, il est hors normes !
    C’est normal !
    Faut pas oublier que c’est un anormal !

    Quand je suis confronté à ce genre de mentalité qui m’est anormal,
    Souvent je me dis :
    Mais sont-elles normales ces personnes aux étroits esprits ?
    Dans un pays dit « civilisé », c’est mentalement anormal,
    Surtout pour des personnes « dites » normales !


    Au fait c’est quoi l’ (A)normalité ?
    Il fallait que je vous pose cette question,
    Car, « handicapé » par ces comportements, ça m’empêche de vivre et ça me fait faire des bonds !

    Mais, ça, c’est NORMAL !

    Jean-Luc Héridel (1976) (Tous Droits Réservés)

  • A BAS LES MURS DE L’AMOUR !

    Peut-on être et non paraître dans cette
    vie ?
    Apitoyé, difforme on me dit
    Bankal ou tordu, pourtant mon corps existe et vit !


    Rien de moi, n’est peut-être conforme
    Si je ne suis pas dans les normes,
    Tristes sont nos p’tites images uniformes


    De cette naturelle folle envie de se
    rencontrer,
    J’ai mal en moi de te voir t’éloigner
    Avec tes yeux aux regards gênés


    Alors… ? ! - Libérons-nous de nos ghettos du mental
    Sautons les verrous de notre cérébral
    Apprenons à dépasser nos frontières du normal

    Ensemble, abattons les murs de nos têtes
    qui nous séparent
    Pour ne plus avoir entre nous d’écarts
    Refusons et résistons à toutes les mises à part !

    Un jour viendra, où on connaîtra
    l’amour, sans hontes et sans gênes.
    Libres dans nos corps et dans nos têtes
    on vivra sans barrières qui nous retiennent,
    Une vie sans chaînes !

    Déjà, en chacun de nous une belle histoire va commencer,
    Ouverts à corps et à cœurs nus, nous nous laissons aller
    Peut-être allons-nous intensément nous AIMER… !


    Jean-Luc HERIDEL
    (Tous Droits Réservés)