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Le « J’accuse » d’ex-cadres de l’atome japonais

Publie le vendredi 18 mars 2011 par Open-Publishing
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Le « J’accuse » d’ex-cadres de l’atome japonais

RICHARD WERLY

jeudi 17 mars 2011

Ils le reconnaissent l’un après l’autre. Debout, micro en main, Chiro Ogura, Masashi Goto et leurs pairs, anciens cadres du programme nucléaire de Toshiba, avouent l’impensable. Par

Richard Werly
TOKYO, DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL

Un séisme de l’ampleur de celui de vendredi survenu au large de la région du Tohoku avait-il été pris en compte dans les calculs des dispositifs de protection et autres mécanismes de secours des centrales construites, comme celle de Fukushima, à partir des années soixante ?

« Non, ce tremblement de terre et ce tsunami sont allés bien au-delà de nos prévisions les plus folles », reconnaît, à Tokyo, Chiro Ogura, qui travailla à la conception de la première tranche des réacteurs de Fukushima, dévastée par un incendie toujours susceptible de déclencher l’apocalypse.

Les dispositifs de refroidissement du cœur nucléaire avaient-ils été conçus pour résister à une vague tueuse d’une dizaine de mètres de hauteur ?« Non, poursuit l’intéressé. Plusieurs arrivées d’eau étaient constituées par des tuyaux posés en surface, et non enterrés. La vague les a par conséquent aisément arrachés. »

Dans le public, journalistes, militants et fonctionnaires venus écouter ce panel d’ex-cadres de l’industrie atomique se regardent les uns les autres. Une jeune femme pleure. Les plans et les schémas montrés sur grand écran ne laissent plus l’ombre d’un doute…

Le « J’accuse » lancé par ces ingénieurs nippons dit en effet tout, en résumé, du mal de l’archipel devenu, en un demi-siècle et à force d’une lutte sans égal contre les éléments, la seconde puissance économique mondiale.

Accusée ? La firme américaine General Electric (GE) qui, dans les années 60-70, ne prit guère soin de prévoir le pire ou de former ses clients japonais à l’anticiper. Mashashi Goto, animateur de ce « réseau des citoyens contre le nucléaire », se souvient des débuts de Fukushima, première centrale du pays et pilier, à l’époque, de la recherche effrénée de l’indépendance énergétique sur fond de crise pétrolière annoncée.

« Nous n’avons presque pas contesté les plans de General Electric. Nous avons importé une technologie qui n’était pas conçue pour notre géographie particulière et les menaces qui vont avec. »

Coupable ? « Tout le système, nous y compris, poursuit-il, en se courbant profondément, signe d’excuse publique. Je sais qu’à Fukushima, plusieurs systèmes de pompage de secours étaient à l’origine destinés à éteindre des incendies mineurs, pas à apporter de l’eau pour refroidir les réacteurs. »

Même si le mot n’est pas prononcé, il résonne dans toutes les têtes : le complexe nippon de l’atome, confronté à des défis jugés alors trop compliqués et trop coûteux à résoudre, s’est contenté de « bricoler » des solutions. Au mépris de la sécurité.

Ce « J’accuse » est d’autant plus terrifiant qu’il n’est pas assorti d’une liste de noms. A chaque image du toit du réacteur 2 détruit par les flammes, à chaque nouvelle secousse ressentie dans ce quartier de Yurakucho où ils tiennent chaque soir une conférence de presse sur l’état des dégâts et la menace radioactive, Chiro, Masashi et leurs collègues ont l’estomac noué.

Ils ne condamnent pas tel ou tel, mais font au fil de leurs déclarations accablantes le procès de leur passé, de leurs négligences, de leur indifférence : « Cette passion de l’atome qui les réunissait est devenue pour eux un boulet impossible à porter », juge Chihiro Kamisawa, médecin du collectif spécialisée dans les radiations.

Alors ils accusent. Aussi, pour que les sacrifices des heures à venir ne soient pas vains. Tous connaissent en effet au moins l’un des employés de Tepco qui, malgré les risques immenses, continuent de piloter ces jours-ci les opérations désespérées de secours dans la centrale-cauchemar de Fukushima, isolée tel un paquebot naufragé dans le périmètre d’évacuation de trente kilomètres décrété par le gouvernement.

Il était à peu plus de 19 heures à Tokyo hier soir lorsqu’ont été rediffusées les images de la relève opérée mercredi entre les deux équipes d’urgence d’une cinquantaine d’employés chacune. L’une sortait du site. L’autre y entrait. Impossible de voir les visages derrière les vitres des masques et sous les combinaisons hermétiques blanches, copieusement arrosées à intervalles réguliers pour la décontamination.

Chiro Ogura, comme Masashi Goto, eux, ont préféré ne pas regarder.

 http://archives.lesoir.be/seisme-au...

Messages

  • Les institutions internationales hypocrites :

    vendredi 18 mars 2011

    Nucléaire civil, pourquoi cette folie ?

    Pourquoi utilise-t-on des matières dangereuses, alors que par exemple le thorium est plus propre et très bon marché ? De la même manière qu’un pays a besoin d’une industrie automobile civile pour pouvoir financer les véhicules militaires. La vraie raison pour laquelle on ne veut pas renoncer à l’energie nucléaire "civile", c’est l’aspect militaire. Le thorium n’est pas adapté à la production d’armes nucléaires.

    Vu chez Jojo :
    COMMENT LES GENS DU NUCLEAIRE NOUS ONT ROULE DANS LA FARINE...

    Depuis 40 ans on nous fait croire que l’énergie nucléaire est la seule possible pour avoir de l’énergie pas chère. Sauf que les ingénieurs ont omis de nous dire qu’il y avait quelque chose de bien moins dangereux que l’uranium : le thorium (ne pas confondre avec le rhodium).

    "Le thorium est un élément chimique, un métal de la famille des actinides, de symbole Th et de numéro atomique 90. Il a été découvert en 1829 par Jöns Jacob Berzelius et nommé d’après Thor, dieu scandinave du tonnerre. Ses principales applications sont dans les alliages de magnésium utilisés pour les moteurs d’aéronefs. Il a un énorme potentiel comme combustible nucléaire, mais cette voie est encore en cours d’exploration (avec les centrales HTR)."

    Eh bien Ambrose Evans Pritchard a lancé un immense pavé dans la mare des "nucléaristes" expliquant que thorium, qui se trouve partout, peut aussi nous donner de l’électricité sans toute la folie sécuritaire nécessaire pour une centrale à l’uranium. De l’électricté si bon marché qu’elle serait gratuite et réglerait tous les problèmes énergetiques de la planète, même plus besoin d’aller chercher du pétrole... "work by Nobel laureate Carlo Rubbia at CERN (European Organization for Nuclear Research) on the use of thorium as a cheap, clean and safe alternative to uranium in reactors may be the magic bullet we have all been hoping for, though we have barely begun to crack the potential of solar power".

    AEP explique qu’une tonne de thorium donne autant d’énergie que 200 tonnes d’uranium ou 3,5 millions de tonnes de charbon ! Faites vos calculs. De plus, le cartel du nucléaire ne va pas aimer du tout cette avancée qui la met en danger, en particulier la France : "Once you start looking more closely, it blows your mind away. You can run civilisation on thorium for hundreds of thousands of years, and it’s essentially free. You don’t have to deal with uranium cartels," Thorium is so common that miners treat it as a nuisance, a radioactive by-product if they try to dig up rare earth metals".

    AEP explique que la France a tout fait pour détourner les travaux sur le thorium "parce qu’elle ne voulait pas de concurrents"... et que 10 années ont été perdues. Pour en savoir plus sur le thorium et les travaux de du Pr Rubbia :

    Telegraph

    http://www.telegraph.co.uk/finance/comment/7970619/Obama-could-kill-fossil-fuels-overnight-with-a-nuclear-dash-for-thorium.html

    La radioactivité menace tout l’hemisphere nord

    Swedish Government : Radiation To Cover Entire Northern Hemisphere

    Swedes were first in world to detect radiation from Chernobyl disaster

    IAEA chief urges Japan PM to give more info on nuclear crisis

    TOKYO, March 18 | Fri Mar 18, 2011 10:58am IST

    TOKYO, March 18 (Reuters) - The head of the U.N. atomic watchdog on Friday urged Japanese Prime Minister Naoto Kan to provide more specific information on the Fukushima nuclear reactors.

    "We have been receiving information but there is the opinion in the international comminuty that more detailed information is needed," Yukiya Amano, the head of the International Atomic Energy Agency, told reporters at the prime minister’s residence.

    http://in.reuters.com/article/2011/03/18/japan-iaea-idINTKG00709920110318