Le scoop du Time magazine

Le Time magazine vient de se surpasser. Mais étant initialement au niveau nul, il le reste malgré son remarquable dernier effort. Il ne fait même plus de l’information. Mission trop délicate pour lui, il tombe dans la propagande.

A quoi bon informer les lecteurs, quand le but est de façonner les esprits ? Dès lors, on se sent pousser des ailes, et on vole au secours des nobles causes.

C’est ainsi que ce prestigieux torchon, dans son édition du lundi 20 décembre vient de nommer, le plus sérieusement du monde, Georges W.Bush "personnalité de l’année 2004". (*)

Heureusement qu’elle touche à sa fin !

Ce serait probablement l’explication, sommes-nous tentés de penser. Les lecteurs sont si excités par l’approche des fêtes de fin d’année que le magazine a pensé leur servir une surprise de cette ampleur pour les surexciter. C’est chose faite.

Que voulez-vous ? On a les lecteurs qu’on mérite !

Mais ne nous arrêtons pas en si bon chemin et avançons, si vous voulez bien, vers de plus amples détails.

GWB a été choisi "pour le fait d’être resté droit dans ses bottes (au propre comme au figuré), pour avoir adapté les règles de la politique afin de les faire coller à son style de cow-boy et pour avoir réussi à persuader une majorité d’électeurs qu’il méritait d’être à la Maison Blanche quatre ans de plus", écrit le rédacteur en chef du journal, Jim Kelly.

Non, non ... vous ne vous trompez pas. Vous avez bien lu "cow-boy". Les irakiens apprécieront et les indiens n’auraient pas été surpris. Car les ancêtres de l’heureux élu auraient pu aussi bien mériter du même titre, et pour les mêmes raisons : " Invasion, occupation, massacres, extermination ..."

Finalement, les lecteurs peuvent regretter une chose : Que ce titre ne puisse être partagé. Car au vu de ces critères, Sharon est un candidat idéal.

Lui aussi est adepte du style "cow-boy" avec le peuple Palestinien. Lui aussi a réussi à persuader la majorité des israéliens à le soutenir, au point que les travaillistes ont accepté de le rejoindre au gouvernement. Performance que Bush n’a pas eu avec les démocrates.

Dommage que le Time magazine n’ait pas pensé plutôt. La surexcitation aurait été sublime. De plus, sans aucune plus-value d’information.

Sauf que l’objectif de ce papier torchon n’est pas d’informer mais de façonner les esprits ... Et puis qui sait ?

Peut-être que Sharon sera le scoop de la fin 2005.

( Lundi, 20 Décembre 2004 )

( * ) [ Extraits ... ]

Dans une longue interview accordée à Time dans son bureau ovale de la Maison Blanche, M. Bush déclare qu’il a dû rester ferme face aux critiques tout en se disant assuré que "les décisions prises rendront le monde meilleur".

"Je crois que si vous croyez en quelque chose, vous devez rester sur vos positions, particulièrement face aux critiques. Quand je dis quelque chose, c’est généralement que j’y crois. J’y crois toujours. Vous pouvez gommer le mot +généralement+", a-t-il dit.

Il a indiqué vouloir faire de "l’effet de la liberté dans le monde" l’un des principaux thèmes de la bibliothèque présidentielle qui fera le bilan de ses deux mandats.

"Je pense qu’à ce stade, s’il faut penser à des thèmes, l’un d’eux serait : l’effet de la liberté dans le monde. Et pour l’action intérieure, peut-être : comment arriver à un gouvernement centré sur les résultats, ou le programme de conservatisme de compassion".

"Si on aspire à de grands changements, il ne faut pas espérer être récompensé dans l’histoire proche. De toutes façons, je n’escompte pas que beaucoup d’historiens à court terme écriront beaucoup de choses gentilles sur moi", admet-il.

M. Bush a confié avoir inscrit les élections irakiennes sur la liste des cadeaux de Noël qu’il souhaite cette année. "Je veux qu’il y ait des élections en Irak le 30 janvier, et que les gens aient la possibilité de s’exprimer", répond-il à une question sur ce qu’il souhaite pour Noël après le "gros cadeau" qu’avait été la capture de Saddam Hussein l’an dernier.

"C’est un formidable moment pour le monde de voir un pays passer du désespoir et de la barbarie à un stade où les gens viennent voter pour choisir leur président", ajoute-t-il.

"L’un des grands paradoxes de la vie, c’est qu’un Etat palestinien et l’Irak sont devenus les catalyseurs du changement dans une partie du monde qui a besoin de changement - en tous cas, c’est notre politique : il faut que ça change", ajoute encore M. Bush.

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