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Le Japon plongé dans une véritable catastrophe nucléaire après le séisme et le tsunami

Publie le samedi 19 mars 2011 par Open-Publishing
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L’électricité devrait enfin être rétablie ce dimanche à Fukushima afin de tenter de refroidir les réacteurs nucléaires, accidentés par le séisme et le tsunami, de la centrale japonaise. L’Agence de sûreté nucléaire nipponne a relevé vendredi de 4 à 5 le niveau de l’accident sur une échelle de 7. 30 camions de pompiers ont pris le relais des camions de l’armée pour empêcher la fusion du combustible nucléaire. Le Conseil des gouverneurs de l’AIEA doit se réunir lundi.

Les autorités japonaises et l’exploitant des centrales nucléaires endommagées par le tsunami, Tepco, multiplient les efforts ce week-end pour contenir l’accident nucléaire. Camions et hélicoptères se succèdent pour déverser de l’eau sur les installations, dans l’espoir de refroidir le coeur et d’empêcher la fusion qui déclencherait une forte vague de radiations sur le pays et son voisinage.

Parallèlement, les techniciens travaillent à réparer les pompes à eau destinées à refroidir les réacteurs. Il faut pour cela rétablir d’électricité, et les mécanismes des pompes elles-mêmes, elles aussi partiellement détruites par le tremblement de terre et la gigantesque vague du vendredi 11 mars. Dans la journée de samedi, l’électricité a été raccordée mais le courant ne sera rétabli pour les quatre réacteurs accidentés que dimanche si tout se passe comme prévu. Du coup, les pompes ne fonctionnent pas encore. L’objectif reste d’éviter des rejets radioactifs massifs. Des essais préalables seront menés dimanche matin, heure japonaise (GMT+9), pour vérifier l’état des installations.

Les autorités japonaises ont en outre annoncé que la situation se stabilisait dans le réacteur n°3. Dans la nuit de vendredi à samedi, des camions de pompiers ont projeté des tonnes d’eau sur ce réacteur qui préoccupe le plus les autorités japonaises car il fonctionne avec du combustible MOX, un mélange de plutonium et d’uranium.

L’inquiétude principale du week-end concerne les « piscines », dans lesquelles sont stockés les combustibles usagés. Il y aurait 800 tonnes de ce matériau dans les piscines des six réacteurs de Fukushima. C’est la piscine du réacteur 4 qui est la plus préoccupante. Elle contient 250 tonnes de combustible et n’a plus de couverture. Le dernier relevé de température date du 14 mars, il indiquait 84 degrés celsius, alors que la température normale de ces unités de stockage ne doit pas dépasser 25 degrés.

Vendredi, 30 camions de pompiers sont venus relayer les camions citerne de l’armée. Leurs lances sont capables de balancer 3,8 tonnes d’eau par minute ; l’objectif étant de remplir la piscine du réacteur 3 et éviter que le combustible nucléaire ne reste hors d’eau et n’entre en fusion. Or, si le combustible devait entrer en fusion, cela provoquerait d’importants rejets radioactifs.

Prétendument stabilisée, la situation reste extrêmement préoccupante. La preuve, devant l’ampleur des dommages constatés sur les quatre premiers réacteurs, l’Agence de sûreté nucléaire japonaise a relevé ce vendredi le niveau de l’accident nucléaire de Fukushima. De 4, il passe à 5 sur une échelle allant jusqu’à 7, soit le même niveau que celui de Three Mile Island (Etats-Unis) en 1979. Rappelons toutefois que l’Autorité française de sûreté nucléaire maintient cet accident au niveau 6 de gravité.

Dans un discours télévisé, le Premier ministre japonais a déclaré que la centrale connaissait toujours d’énormes difficultés" mais s’est engagé au nom de l’Etat à "prendre fermement" le contrôle de la situation.

Le conseil des gouverneurs de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a prévu de se réunir ce lundi au siège de l’agence à Vienne à partir de 10H GMT. "Le directeur-général Yukiya Amano informera les Etats membre sur l’urgence nucléaire au Japon après son séjour dans le pays du 17 au 19 mars", explique le communiqué publié vendredi. La zone d’évacuation autour de la centrale pourrait être portée de 30 à 70 kilomètres.

Jeudi, quatre hélicoptères de l’armée japonaise ont largué environ 30 tonnes d’eau sur le seul réacteur 3 de la centrale nucléaire de Fukushima-Daiichi, endommagée par le séisme de vendredi dernier. Tokyo Electric Power (Tecpo), l’opérateur de la centrale estime en effet que ce réacteur est prioritaire car il est le seul à utiliser du plutonium, plus dangereux pour la santé humaine que l’uranium. Cette opération avait échoué la veille tant le niveau de radioactivité était élevée mercredi. Deux des quatre largages semblent avoir atteint leur but et ces opérations se poursuivront vendredi, a déclaré l’agence japonaise de sûreté nucléaire.

Située à 240 km au nord de Tokyo, la centrale, endommagée par le puissant séisme du 11 mars, a connu une série d’explosions et d’incendies. Quatre réacteurs ont été endommagés. Les réacteurs n°5 et 6, a-t-il ajouté, sont alimentés en électricité par un générateur commun alimenté au diesel.

Ci-dessous, cette vidéo explique (en anglais) le problème que rencontrent les réacteurs endommagés de Fukushima. Les images prises à l’intérieur de la centrale sont antérieures aux événements.

La radioactivité pourrait augmenter

La piscine de stockage du combustible usé du réacteur n°4 a été endommagée par deux incendies successifs et, en raison de la vaporisation de l’eau, des rejets radioactifs sont susceptibles d’être émis directement dans l’atmosphère, selon les autorités japonaises. L’urgence est montée d’un cran mercredi soir après les propos tenus par le président de l’Autorité de sûreté nucléaire américaine (NRC).Devant la sous-commission de l’Energie de la Chambre américaine des représentants, Gregory Jaczko a déclaré que la piscine de refroidissement de combustibles usagés du réacteur n°4 pouvait être à sec.Il a ajouté qu’une deuxième piscine dans le réacteur n°3 pourrait présenter des fuites, ce qui, selon des experts, risque d’augmenter la radioactivité. A Vienne, le directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), Yukiya Amano, a parlé de situation "très sérieuse" et a décidé de se rendre sur place. Mais il a jugé impropre de dire que la situation était "hors de contrôle". Selon des experts, dans le pire des cas l’accident à Fukushima-Daiichi pourrait envoyer dans l’atmosphère une forte radioactivité mais les conséquences devraient rester largement limitées au territoire japonais. Contrairement à la catastrophe de Tchernobyl qui, il y a un quart de siècle, avait alors entraîné un nuage radioactif ayant survolé une grande partie de l’Europe.

La France et les Etats-Unis envoient du matériel

Eric Besson, le ministre français de l’Energie a annoncé qu’un premier avion de matériel est en partance pour le Japon. A son bord notamment, 95 tonnes de bore, un agent chimique servant à retarder le processus de fusion nucléaire. "Nous allons donné aussi du matériel de radioprotection un certain nombre d’éléments indispensables", a-t-il déclaré sur France 2. L’avion transporte également 3.000 masques de protection avec cartouches aérosols, 10.000 combinaisons et 20.000 paires de gants.

Quant à l’armée américaine, elle a fourni 100 combinaisons de protection contre les émanations radioactives. Ces combinaisons dites NBC (nucléaire, biologique, chimique) sont accompagnées de masques de protection. Ils ont été livrés au gouvernement japonais et sont destinés à la centrale nucléaire de Fukushima. Ce n’est pas tout. Les Etats-Unis ont envoyé 33 experts du département américain de l’Energie, venus avec 8 tonnes de matériel ainsi que 9 experts de l’Autorité américaine de régulation nucléaire. En plus de cette aide matérielle, le secrétaire à la Défense Robert Gates a donné son feu vert au déblocage de 35 millions de dollars d’aide humanitaire.

Les évacuations se poursuivent

De nombreux pays ont recommandé à leurs ressortissants de quitter le nord et la région de Tokyo. La France a affecté deux avions supplémentaires au rapatriement de Français résidant au Japon. Selon le Premier ministre, François Fillon, il restait mercredi un peu plus de 2.000 Français à Tokyo contre 5.000 en temps normal et 9.000 pour tout l’archipel. Le département d’Etat américain a autorisé jeudi les familles de son personnel de son ambassade à Tokyo à quitter le Japon.

A Tokyo, des files d’attente s’allongent aux guichets des aéroports et les habitants qui restent font des stocks de nourriture et se barricadent chez eux. Jusqu’à présent, le vent au-dessus de la centrale de Fukushima a poussé les poussières radioactives vers la mer. Le niveau de radioactivité à Tokyo est presque dans la moyenne. Au pire, il a atteint mardi le triple de la normale mais même dans ce cas, marcher dans Tokyo est moins grave que de subir une radio des dents. La Croix-Rouge japonaise a affirmé mercredi qu’il n’y avait actuellement pas de risque radioactif dans la capitale.

Face au risque de radiation, plusieurs compagnies aériennes ont pourtant suspendu ou modifié leur desserte du Japon, évitant Tokyo où des taux de radioactivité anormalement élevés ont été enregistrés ces dernières 24 heures. Dans le Nord, quelque 850.000 foyers sont toujours privés d’électricité, selon la Tohuku Electric Power. Le gouvernement évalue à 1,5 million le nombre d’habitations sans eau courante.

Tokyo privée d’électricité ?

Le ministre japonais de l’Industrie a indiqué ce jeudi que si les Japonais ne réduisent pas de façon rapide et très importante leur consommation d’électricité, une coupure de courante géante pourrait survenir dans la capitale." Ce matin déjà, la consommation était déjà presque égale à la production, ce qui signifie qu’au moment des pics traditionnels de consommation, les besoins pourraient excéder largement l’offre, et engendrer une imprévisible coupure de courant à grande échelle", a-t-il prévenu."Pour éviter cette situation, je demande aux entreprises comme aux citoyens d’éteindre systématiquement tous les appareils électriques allumés inutilement ou dont l’usage n’est pas indispensable", a imploré le ministre. Il faut dire que le thermomètre a nettement chuté depuis mercredi soir.

"A cause du tsunami et du séisme, le parc nucléaire japonais est endommagé et nous connaissons une importante pénurie d’électricité (...) c’est pourquoi j’ai demandé au gouvernement indonésien d’augmenter ses exportations de gaz naturel liquéfié et de pétrole à destination du Japon", a déclaré jeudi à la presse la vice-ministre des Affaires étrangères Makiko Kikuta. Pour pallier ce manque, les importations du pays en pétrole, en gaz naturel liquéfié et en charbon devraient être accrues, selon des analystes. Le gaz naturel liquéfié devrait être la principale énergie de substitution au nucléaire.

L’Indonésie, ancien pays membre de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), est le troisième pays exportateur de gaz naturel liquéfié et le premier exportateur de charbon thermique.

Froid et neige compliquent sensiblement les opérations de sauvetage

Le sort des centaines de milliers de sans-abri, qui ont tout perdu dans la catastrophe, est un autre motif d’inquiétude pour les autorités japonaises, d’autant que la météo hivernale a provoqué une chute des températures, qui dépassent à peine le 0°C, et même de la neige dans les régions les plus touchées, rendant le travail des sauveteurs encore plus difficiles. Ces conditions détestables touchent tout particulièrement les foyers qui, dans le nord du pays, restent toujours privés d’électricité. Selon la Tohuku Electric Power, 850.000 foyers seraient concernés. Le gouvernement évalue, de son côté, à 1,5 million le nombre d’habitations sans eau courante.

Un G7 consacré au Japon

Les ministres des Finances et les gouverneurs des banques centrales du G7, réunis dans la nuit de jeudi à vendredi par téléconférence, ont décidé d’une intervention commune des grandes banques centrales de la planète pour tenter de limiter la volatilité sur les marchés financiers et l’envolée du yen face au dollar, lié au risque de rapatriement massif des capitaux nippons (le pays détient 800 milliards d’euros de réserve de change soit le deuxième détebnteur après la Chine) et à l’intervention massive de la Banque centrale du Japon, la BoJ, à hauteur de 300 milliards d’euros en quelques jours.

Intervention exceptionnelle de l’Empereur

Devant la gravité de la situation dans son pays, l’empereur Akihito s’est -fait exceptionnel- exprimé mercredi au cours d’une allocution télévisée. Il s’est dit "profondément préoccupé" par une situation aux développements "imprévisibles", le gouvernement japonais envisage de faire appel à l’armée américaine pour l’aider à refroidir ses réacteurs. "Il n’y a pas danger immédiat si l’on va dehors, il faut que tout le monde le comprenne", a déclaré pour sa part le secrétaire général du gouvernement, Yukio Edano, lors d’une conférence de presse télévisée, évoquant les personnes qui vivent en dehors de la zone interdite décrétée dans un rayon de 30 km autour de la centrale accidentée. Dans la zone proche de la centrale, quelque 140.000 habitants ont été invités à rester confinés chez eux.

Plus de 180 milliards de dollars pour reconstruire

Ce très grave accident nucléaire vient s’ajouter aux dégâts dévastateurs du séisme et du tsunami du 11 mars qui auraient fait plus de 20.000 morts avec officiellement 6.400 morts confirmés et 8.606 disparus. Ses conséquences économiques, qui ont fait dévisser la Bourse de Tokyo en début de semaine, seront également considérables. Les experts évaluent le seul coût de la reconstruction à plus de 180 milliards de dollars. Une société américaine spécialisée dans la modélisation des risques a de son côté apporté une première évaluation du coût de cette catastrophe pour les assureurs. "Eqecat estime le total des pertes de biens assurés entre 12 et 25 milliards de dollars" écrit-elle dans son communiqué.

Au total, la banque du Japon a consacré 28.000 milliards de yens depuis le début de la semaine pour éviter l’effondrement de la Bourse de Tokyo.

Outre les localités détruites, il faudra reconstruire les structures de production industrielle et les réseaux de transport, dont les destructions partielles ont aussi des conséquences sur l’économie mondiale, notamment dans le secteur des technologies et de l’automobile. La plupart des économistes jugent à présent que la production japonaise devrait repartir à la baisse en ce deuxième trimestre 2011. Et cette récession pourrait se prolonger.

http://www.latribune.fr/actualites/economie/international/20110315trib000608059/le-japon-plonge-dans-une-veritable-catastrophe-nucleaire-apres-le-seisme-et-le-tsunami.html

Messages

  • Mars 18, 2011

    La quantité de matieres radioactives à Fukushima 10 FOIS superieure a celle de Tchernobyl

    Science Insider a noté hier :

    Le complexe Daiichi à Fukushima, Japon ... avait un total de 1760 1760 tonnes de combustible nucléaire neuf et d’occasion sur le site l’année dernière, selon une présentation par ses propriétaires, la Tokyo Electric Power Company (Tepco).

    Le réacteur le plus endommagé Daiichi, numéro 3, contient environ 90 tonnes de matieres radioactives, et le pool de stockage au-dessus du réacteur 4, que la Nuclear Regulatory Commission (CNRC) Gregory Jaczko rapporté hier avait perdu son eau de refroidissement, contient 135 tonnes de combustible usé.

    La quantité de carburant perdus dans la fusion du cœur à Three Mile Island en 1979 était d’environ 30 tonnes, le réacteur de Tchernobyl avait environ 180 tonnes lorsque l’accident est survenu en 1986.

    Cela signifie que Fukushima a presque 10 fois plus de combustible nucléaire que Tchernobyl.

    Cela signifie également que le combustible dans la piscine - au réacteur 4, qui a perdu toute son eau et donc fait face à un degagement de ses matières radioactives - a 75% du combustible nucléaire de Tchernobyl.

    Toutefois, les chiffres réels sont encore pires.

    Plus précisément, Tepco a très récemment transféré beaucoup plus de barres de combustible irradié radioactifs dans les piscines de stockage.

    Selon Associated Press , il y avait - au moment du tremblement de terre et du tsunami - 3.400 tonnes de carburant dans sept piscines de combustible usé, plus 877 tonnes de carburant dans les noyaux actifs des réacteurs.

    Cela fait au total 4.277 tonnes de combustible nucléaire à Fukushima.

    Ce qui signifie qu’il y a presque 24 fois plus de combustible nucléaire à Fukushima qu’a Tchernobyl.

    http://georgewashington2.blogspot.com/2011/03/amount-of-radioactive-fuel-at-fukushima.html#comments