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Intervention occidentale à BAHREIN !

Publie le mercredi 30 mars 2011 par Open-Publishing

C’est pas la peine ! C’est déjà fait !

l’article de libération qui suit date de 1995. On y parle d’un tortionnaire écossais bien connu au Soudan et au Kenya :

Ian Henderson, un Britannique de l’ombre au service du Bahreïn Depuis 30 ans, il dirige d’une main de fer les services secrets de l’émirat.

PERRIN Jean-Pierre

C’est le Britannique le plus puissant du Golfe. Malgré cela, on ne l’aperçoit jamais en photo dans la presse du Bahreïn, qui publie pourtant nombre d’ images de la famille régnante et de tous ceux qui gravitent autour d’elle. Le royaume de Ian Henderson, c’est l’ombre. Cela fait près de trente ans que ce Britannique de 67 ans dirige les services secrets du petit émirat du Golfe. Il n’a pas seulement tout pouvoir sur l’omniprésente police de l’archipel, qui compterait 12.000 hommes. Il a aussi façonné la législation de Bahreïn en matière de répression pour l’adapter à ses besoins.

Quand ils ont donné leur indépendance aux émirats pétroliers du Golfe, les colonisateurs britanniques ont laissé sur place nombre de conseillers, en particulier dans l’armée, la police et les services secrets. Vingt-cinq ans plus tard, certains sont toujours là. Le plus efficace est sans conteste le général Michael Barclays, à Dubaï, qui a grandement contribué à l’extraordinaire prospérité de l’émirat. A Oman, c’est aussi un ancien agent des services secrets britanniques qui conseille l’irréductible sultan Qabous. A Bahreïn, où l’Ecossais Ian Henderson arrive en 1966, il dirige d’abord les services secrets britanniques avant d’être recruté par la famille régnante des Al-Khalifa. Son expérience impressionne ses nouveaux patrons. Il l’a acquise de 1948 à 1966, comme officier de la police coloniale au Soudan et, surtout, au Kenya contre les rebelles mau-mau. Selon le Times de Londres, il s’est rendu à plus de six reprises, et presque sans armes, dans la forêt kenyane pour rencontrer les chefs des insurgés. Il capturera l’un d’eux, Dedan Kimathi, qui sera ensuite exécuté par les Britanniques. Ses exploits lui vaudront de recevoir la prestigieuse George Medal mais d’être obligé de quitter le Kenya à l’heure de l’indépendance.

Dans l’archipel de Bahreïn, Henderson fonde le terrible State Intelligence Security (SIS). Ses collaborateurs sont souvent d’anciens « spécialistes » britanniques, tels que le général Jim Bell, qui a servi en Birmanie et en Irlande du Nord. Comme l’officier écossais n’a confiance en personne, sa propre épouse lui sert de secrétaire. C’est un homme routinier. Chaque matin, il se lève avec le soleil, fait un peu d’exercice, s’habille ensuite élégamment et prend le chemin de son bureau. « Sur son passage, tous les policiers bahreïniens effectuent un splendide garde-à-vous à l’anglaise », rapporte un diplomate occidental.

Pendant vingt-cinq ans, Henderson et ses collaborateurs vont persécuter toute forme d’opposition dans le très fragile émirat, où la population est en grande majorité chiite, et donc hostile au pouvoir sunnite des Al-Khalifa. En 1981, il déjoue un complot visant à renverser l’émir.

Ce que l’opposition reproche aussi à Henderson, c’est d’être derrière l’arsenal répressif de Bahreïn, qui fait de ce petit pays une terrible dictature. Les forces de sécurité ont ainsi le droit de détenir tout individu pendant trois ans sansque sa famille puisse être prévenue. « C’est une méthode très efficace. Les proches du prisonnier n’osent pas bouger, craignant qu’une réaction de leur part retarde sa libération », indique un diplomate occidental. Des garde-côtes aux prisons de l’archipel, les services de Henderson contrôlent tout. « Lorsqu’ils m’interrogeaient, les policiers lisaient leurs questions sur des papiers écrits en anglais, preuve que c’étaient des Britanniques qui les avaient rédigées », déclare un opposant, Ahmed Chamlan. Tous les opposants, ainsi qu’Amnesty International, confirment que la torture est largement pratiquée, voire systématique, dans les prisons bahreïniennes et certains accusent même les Britanniques de la superviser. « Les détenus chiites sont considérés comme moins que des animaux par les policiers sunnites qui sont souvent des Pakistanais et des Jordaniens. Je suis content qu’il y ait eu des officiers britanniques. Ce sont eux qui empêchaient mes tortionnaires de s’acharner sur moi », affirme un jeune homme qui a requis l’anonymat.

En Grande-Bretagne, les agissements de l’officier écossais, même s’il ne sort jamais la tête de l’ombre, commencent à susciter des critiques. Le 25 janvier, une motion signée par 17 parlementaires britanniques a déploré son rôle « à la tête d’un service qui a tué au moins 9 personnes sous la torture et exilé de force plus de 1.000 personnes ». Et le Parlement européen s’en est pris également à l’officier écossais.

http://www.liberation.fr/monde/0101...