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Paris ne ferme pas la porte à l’exploitation des gaz de schiste...

Publie le vendredi 22 avril 2011 par Open-Publishing
3 commentaires

La France ne renonce pas à la recherche scientifique pour s’autoriser, dans l’avenir, un possible recours aux gaz de schiste. "Aujourd’hui, il y a des risques incontestablement qui ne sont pas bien maîtrisés, a réaffirmé, vendredi 22 avril, le ministre de l’énergie, Eric Besson. En même temps, la science va progresser, et il faut se donner les moyens que peut-être un jour, dans deux ans-trois ans, on trouve que l’exploitation peut être faite".

"Ce qui est important, a-t-il ajouté sur France Info, c’est de dire qu’il n’y aura pas exploration et exploitation. En même temps, ne fermons pas définitivement la porte. Le gaz naturel dans la roche, peut-être que ce sera un jour une source d’énergie intéressante. C’est le cas des Etats-Unis."

UN PRÉ-RAPPORT DÉFEND LA POURSUITE DES TRAVAUX

Rendu public jeudi 21 avril, un rapport d’étape sur les enjeux économiques, sociaux et environnementaux des huiles et gaz de schiste s’est révélé favorable à la poursuite des travaux de recherche et d’exploration, mais sous un contrôle très strict. Il avait été demandé début février par la ministre de l’écologie, Nathalie Kosciusko-Morizet, et par M. Besson, après qu’ils ont suspendu tous les projets d’exploration de ces hydrocarbures non conventionnels, qui soulèvent une vaste opposition des écologistes.

"Il serait dommageable, pour l’économie et pour l’emploi, que notre pays aille jusqu’à s’interdire (...) de disposer d’une évaluation approfondie de la richesse potentielle" de ces gisements, indiquent les auteurs du rapport d’étape. "Mais pour ce faire, il est indispensable de réaliser des travaux de recherche et des tests d’exploration", ajoutent-ils.

Les experts recommandent que ces expérimentations soient assorties d’un "encadrement strict". Ils suggèrent ainsi la création d’un comité scientifique national composé d’experts du Bureau de récherches géologiques et minières (BRGM, un service géologique national), de l’Ifpen (Institut des énergies nouvelles) et de l’Ineris (Institut national de l’environnement industriel et des risques).

"Mon premier sentiment était le bon, ces autorisations n’auraient pas dû être données avant l’évaluation environnementale", a déclaré la ministre de l’écologie, Nathalie Kosciusko-Morizet, réagissant aux conclusions du pré-rapport. Selon elle, ce texte indique qu’"il y a besoin de beaucoup de travaux complémentaires avant de conclure dans un sens ou dans l’autre".

Initialement, le rapport final de la mission chargée d’étudier les enjeux des "hydrocarbures de roche mère" (huiles et gaz de schiste), était attendu fin mai, mais ses travaux pourront être prolongés.

VERS PLUS DE CONCERTATION

Disséminés dans la roche au lieu d’être concentrés dans des poches, les gaz et huiles de schiste sont extraits grâce à des forages horizontaux qui fracturent la roche en injectant d’énormes quantités d’eau, de sable et de produits chimiques. Les auteurs du pré-rapport citent quatre conditions qui doivent être "impérativement satisfaites" avant toute exploration : une bonne connaissance de la géologie et de l’hydrogéologie locales, l’utilisation des meilleures technologies disponibles, un strict encadrement juridique et technique des travaux de recherche et des contrôles rigoureux.

Le bassin parisien devrait renfermer d’importants gisements d’huile de schiste (100 millions de mètres cubes techniquement exploitables) et le sud de la France, du gaz de schiste (500 milliards de mètres cubes).

Plusieurs milliers de personnes ont manifesté, le 16 avril, contre le gaz de schiste à Donzère, dans la Drôme, ville dont le maire est Eric Besson.

Le premier ministre, François Fillon, avait annoncé, le 13 avril, qu’il allait annuler les permis d’exploration accordés en 2008, 2009 et 2010 avec les technologies actuelles, objets de vives critiques des écologistes. Il avait néanmoins gardé la porte ouverte à cette filière énergétique à condition d’utiliser de nouvelles techniques. Le gouvernement avait aussi annoncé son soutien aux projets de loi déposés, dont l’un issu de la majorité UMP, pour interdire les explorations. Un débat est prévu le 10 mai à l’Assemblée nationale.

Mais ce rapport risque de ne pas calmer la contestation contre le gaz de schiste. Celle-ci a donné lieu à une importante mobilisation dans les zones concernées ces dernières semaines (édition abonnés). La ministre de l’écologie a cependant rappelé que, parallèlement, il est "prévu de réfléchir à l’ouverture du code minier pour aller vers plus de concertation." Il est notamment prévu que les populations soient consultées sur tout projet susceptible d’avoir des impacts sur l’environnement.

[http://www.lemonde.fr/planete/article/2011/04/21/gaz-de-schiste-un-pre-rapport-plaide-pour-des-forages-experimentaux_1511200_3244.html]

Messages

  • Il faut rappeler aussi que l’exploration suppose les explosions.

    Interdire l’exploitation ne sert peut être pas à rien, mais le mal est déjà fait.

  • quand gaz de schiste rime avec boite de pandore, mieux vaut ne pas estimer sa concentration en france et meme sur la terre.

    Tolkien s’en retourne dans sa tombe, soron , saruman et l’anneau l’emporte sur le monde lucide et naturel. ^^
    Aprés les deux tours ont verra peut etre le retour du roi ?

  • Attention : la mission d’expertise en cours sur les gaz de schistes est entre les mains du CGIET et du CGEDD.

    Qui sont ces organismes ? Il s’agit de ce que l’on appelait avant « les Mines » et les « Ponts et chaussée ». C’est le Conseil Général de l’Industrie, de l’Energie et des Technologies (CGIET) qui a décidé de l’exploitation des gaz de schiste, comme Les Mines avaient décidé jadis du nucléaire, en promettant l’indépendance énergétique au gouvernement. Ce sont eux qui ont préparé les permis d’exploitation paraphés par BORLOO. Quant au Conseil général de l’environnement et du développement durable (CGEDD), créé en juillet 2008, c’est un service du Ministère du Développement durable, présidé par Nathalie Kosciusko-Morizet,

    Cette mission d’expertise est une tromperie car ces organismes sont aux antipodes de la neutralité que le citoyen serait en droit d’exiger et il ne faut pas attendre d’eux qu’ils aient un regard critique sur cela même qu’ils ont récemment promu.

    C’est exactement comparable au fonctionnement de L’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (AFSSAPS), travaillant (parfois ?) sous l’influence de l’industrie pharmaceutique et récemment impliquée dans le scandale du Médiator.

    ll me semble qu’un droit élémentaire qu’un citoyen est en droit d’attendre dans le cadre d’une gouvernance démocratique est que les structures d’expertises et d’évaluations soient indépendantes, le plus possible indépendantes. Ce combat vaut le coup d’être mené.

    Voir http://fabrice-nicolino.com/index.php/?p=1061
    Et l’étude remarquable sur les gaz de schiste par les équipes de l’Université de Montpellier 2 (dont on peut espérer l’indépendance) : http://www.gm.univ-montp2.fr/spip/IMG/pdf/rapport_preliminaire_hydrocarbures_LR_par_UM2_29_janvier_2011.pdf