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Contre la gentrification impliquée par le projet d’aménagement de la citadelle à Amiens

Publie le vendredi 29 avril 2011 par Open-Publishing
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INTERVENTION SUR LE PROJET CITADELLE (le 28 avril 2011)

Le projet de la citadelle est le seul projet d’ampleur aujourd’hui pour Amiens-Métropole. Son budget de 163 millions d’euros mérite une analyse approfondie. Et il a bien fallu travailler dessus malgré le fait que nous n’avons pas accès au local de notre groupe politique http://cedric.maisse.over-blog.fr/a... , une mesure que vous avez prise sans même nous le faire savoir... tout cela est anti-démocratique...

Revenons au sujet de la citadelle :

Informer et convaincre les Amiénois, un enjeu démocratique : le projet retenu est celui de Renzo Piano. On ne sait pas pourquoi. On a vaguement entendu parler de la place d’armes comme lieu de rencontre. Ce sont de pures banalités. Une place, c’est bien fait pour se rencontrer ou se réunir même au sein de l’armée. Il aurait fallu montrer aux Amiénois les différentes maquettes des différents projets. Au moins, on aurait pu monter le projet de Jean Nouvel. On parle sans cesse de démocratie participative dans la propagande municipale. Ce projet engage la collectivité pour des années et là, rien. J’ai posé la question en commission. On m’a répondu que c’était juridiquement impossible de présenter les différents projets. Un architecte aurait pu attaquer en justice Amiens-Métropole pour se venger d’avoir perdu la commande. Au nom d’un juridisme tatillon, on refuse aux Amiénois le droit de donner leur avis sur un projet que l’on met en place avec leur argent. Pendant la campagne de 2008, vous disiez vous-mêmes qu’un projet mené par un élu, seul, prétendant à l’infaillibilité, était voué à l’échec...

Pourquoi aller chercher des vedettes de l’architecture ? Jean Nouvel, Renzo Piano ? On parle à leur propos de Starchitectes car leur nom seul apporte une plus-value aux bâtiments qu’ils construisent. Exemple : Franck Gehry a réalisé le musée Guggenheim à Bilbao. C’est très beau. Cela attire les touristes mais le bâtiment n’a rien à voir avec la ville elle même. On a posé une construction en plus, tout cela pour avoir un avantage comparatif par rapport aux autres villes. On se concentre plus sur le projet pour l’image qu’il va donner de la ville à l’extérieur que pour ses fonctionnalités propres. Je ne reviendrai pas dessus : on oublie les conditions de travail des professeurs et des étudiants (moins d’amphithéâtres, moins de places, pas de restaurant universitaire dans la 1ère phase...). La recherche esthétique passe avant toutes les autres préoccupations. C’est un effet de la mondialisation : les architectes sont en train de construire à l’échelle du monde une ville universelle où l’on ne trouve que des sièges sociaux, des musées, des universités... mais surtout pas de logements sociaux, ce serait se rabaisser sans doute. Renzo Piano va contribuer, avec son nom, à légitimer le projet de la citadelle et donner un peu de sa réputation à Amiens et, en échange, il gagne de l’argent et ajoute une ville dans son carnet d’adresses.

Le projet ne semble pas si original. Amiens-Métropole n’a pas les moyens de Columbia ou de Boston. On va payer cher ses services et cela risque d’amoindrir les moyens que l’on pourrait utiliser dans la solidité des matériaux et de la structure générale des bâtiments. On aurait pu imaginer un autre scénario. On embauche un jeune architecte talentueux (et donc moins cher) et on lui donne des moyens pour réaliser un projet solide et durable. Je ne suis pas convaincu par les cubes en métal rouge qui apparaissent sur les projets. Cela fait penser au Gaumont de la place de la gare. Pensons au développement durable. Regardons par exemple le centre Beaubourg, oeuvre de Renzo Piano. Sa construction a coûté 993 millions de francs (151 millions d’euros) en 1972. Il a fallu le rénover 24 ans plus tard, cela a coûté 482 millions de francs (soit 74 millions d’euros) quasiment la moitié du coût de construction de départ. La tendance est de réaliser de beaux édifices mais avec des matériaux sophistiqués qui ne résistent pas au temps. Même si on accepte le projet, on pourrait être plus modeste et plus original dans sa mise en oeuvre. Mais on préfère croire que l’on est important parce que l’on s’achète les services d’un starchitecte.

Les implications en terme d’urbanisme. On entend que la citadelle va servir de lien entre le centre-ville et le quartier nord d’Amiens. Comment ? Nous sommes dans un société où chaque lieu a une fonction spécifique. Donner une autre fonction à un lieu fait pour étudier me paraît hasardeux. Cela va à l’encontre de l’organisation sociale elle-même. Ou alors, il faut prévoir d’autres activités dans le lieu. C’est la mode de vouloir donner diverses fonctions à un même lieu : sans doute une volonté de rentabiliser ce lieu à tout prix. Et surtout, ce projet est dans la droite ligne d’un phénomène que les géographes appellent la gentrification. On va bouleverser le quartier populaire de saint Maurice : hausse des loyers, manque de places de stationnements... On va repousser en périphérie les catégories populaires. C’est pourquoi ce projet plaisait tant à Gilles de Robien. On risque de faire naître des antagonismes imprévus en n’associant pas les quartiers alentours au projet. Et l’université risque de se refermer sur elle-même plutôt que d’être un lien...

le coût du projet et son véritable objectif. La Région investit 44 millions d’euros alors qu’elle supprime des subventions notamment dans la culture. Amiens-Métropole va dépenser 35 millions d’euros. On pourrait faire la 4ème piscine ou le tramway. Qui a arbitré dans le choix de la priorité à donner à tel ou tel projet ? Vous seul, monsieur le président. Sans doute pour laisser votre nom dans l’histoire d’Amiens et satisfaire une ancienne ambition de président d’université.


Gilles Demailly (PS) s’est contenté de me répondre que je disais des bêtises. Il adopte toujours la posture du professeur à l’égard d’un étudiant qui passe un oral. C’est un peu court. Il faudrait qu’il commence se forger le début d’une argumentation quelque convaincante. Depuis le temps que l’on en parle de ce projet...

Bernard Nemitz (UMP et, surtout, ancien président d’université) a soutenu encore une fois le projet en m’opposant l’exemple de l’université de Dublin dans laquelle la population aime à flâner, sauf que cette unvisersité a des bâtiments très anciens, construits à partir du XVIème siècle pour étudier (et non pas faire la guerre) . Ils se trouvent en centre-ville et attirent les touristes. Il faut comparer ce qui est comparable...

Benoît Mercuzot (UMP) suit l’avis de B. Nemitz mais il s’inquiète du coût du projet. Les autres collectivités (la Région, le conseil général) ont bien spécifiés que leur enveloppe respective était fermée et que tous les dépassements de budget seraient à la charge d’Amiens-Métropole.

CONTRE : 2 (les conseillers délégués communistes M.-H. Loew et C. Maisse)

Messages

  • Ce projet immense et très couteux ne semble pas amener des éléments concrets sur la culture. Pourquoi dépenser autant d’argent alors qu’il suffit de mieux subventionner les associations culturelles et notamment les écoles de musique d’Amiens métropole sur des projets des centres musicaux innovants et touchant la jeunesse et les orchestre ou harmonie de nos villes et villages, en les incluant aussi dans des projets d’échanges pendant le fête de la musique, ou l’été musical^, ou des espaces de rencontre et d’échange de tous les styles de musique, du rap à la musique classique en passant par le Jazz , de l’accordéon au violon en passant par la cornemuse, des stages ouverts vers des régions à dominante culturelle Avignon,Cannes/Antibes.
    Un ancien maire qui pense que la métropole doit mieux gérer sa culture.
    Patrick.