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Partenariat Public-Privé made in 93

Publie le samedi 30 avril 2011 par Open-Publishing
2 commentaires

Le collège Jean Moulin d’Aubervilliers fait partie du “plan exceptionnel d’investissement“ pour les collèges voté par le département de Seine St Denis en octobre 2010. L’année scolaire dernière (2009/2010), M.Hanotin, vice-président du Conseil Général, s’invite en grande pompe dans notre collège, conviant tous les personnels et les parents, pour nous présenter le projet de reconstruction (prévu depuis maintenant 5 ans), et pour nous expliquer à quel point ce projet est ambitieux, etc…
S’ensuit alors une période de concertation : des réunions, le soir, avec le responsable du projet (M.Hamet) et les différentes catégories de personnels pour étudier le programme type et négocier point par point les besoins en salles et en surfaces. Ces réunions se passent plutôt bien, dans un esprit de dialogue constructif. Les personnels du collège font preuve d’un certain réalisme, tandis que certaines de leurs demandes sont prises en compte. Des compromis (trop importants pour certains collègues) voient le jour, sans trop de tensions. Un document est finalement constitué sur la base du travail effectué, et voté au dernier CA de l’année, tout début juillet. Les oiseux chantent, le soleil brille, fin du premier acte.

En février de cette année, les choses se gâtent… Le CG apprend à la chef d’établissement que la reconstruction de Jean Moulin est passée en Partenariat Public-Privé, ce dont il n’était pas question au départ. Mais là, curieusement, M.Hanotin n’a pas organisé de réunion pour nous expliquer en détail ce que le Partenariat Public-Privé impliquait. Il faut dire que le PPP est fortement critiqué, notamment à gauche pour de nombreuses raisons (voir l’article sur le site d’Attac 45 : http://local.attac.org/attac45/spip.php?article470). M.Hanotin ne s’est pas non plus précipité pour venir nous expliquer que le document final, qui avait été voté en CA en juillet 2010, avait été tout bonnement… jeté à la poubelle, et remplacé par un nouveau programme type, daté de février 2011…
Les raisons ne manquent pas, donc, de dénoncer le Partenariat Public-Privé comme mode de financement public qui nie le rapport de force entre la puissance public et les financeurs privés (rapport de force que la crise a pourtant remis en lumière). Quoi qu’il en soit, à Jean Moulin, les personnels ont vite constaté les dégâts, tant sur le plan de la qualité du projet qu’au niveau démocratique : entre ce qui avait été voté au CA en juillet 2010 et ce qui nous est proposé (imposé) aujourd’hui, le collège perd 10 salles ! 300 m2 disparaissent rien que pour les locaux d’enseignement, sans compter la Segpa qui perd elle aussi une salle sur ce qui avait été voté… Par exemple, aucune salle informatique n’est prévue, sous le prétexte fallacieux que tous les élèves auront leur ordinateur personnel (mais le nombre de postes informatiques prévus dans les salles de classe ne dépasse pas la douzaine…). En réalité, les explications pseudo pédagogiques cachent mal des motivations purement comptables, dictées par les entreprises privées. De l’aveux même du responsable du projet, la seule salle de permanence (de 80m2) qui figure dans le projet a été pensée pour qu’un surveillant puisse prendre en charge un maximum d’élèves à lui tout seul, anticipant ainsi les baisses d’effectifs en personnels de Vie Scolaire. Pour les personnels ATTEE les changements sont aussi conséquents, notamment en ce qui concerne la cuisine, qui disparaît au profit d’une cuisine relais (lieu de réchauffage et de service). Sans compter les risques de transferts de postes du CG vers des entreprises privées, en ce qui concerne la maintenance, l’entretien, la restauration…

L’incompréhension, savamment entretenue par la communication du CG, laisse donc la place à la stupeur chez l’ensemble des personnels. Tout le travail effectué l’an dernier, les heures de réunions passées à lire les documents, à tenter de comprendre, à discuter, à négocier, tout cela, effacé par une décision politique, sans que personne ne s’en émeuve ?
Les personnels se sont donc réunis en urgence en AG avant les vacances de Pâques et ont décidé d’exiger que ce qui avait été voté l’année précédente soit maintenu comme base de travail. Mais lors de la dernière réunion avec le responsable du projet (le CG avait pris soin de l’envoyer tout seul au front…) au collège le jeudi 28 avril dernier, la situation est apparue totalement bloquée. Le nouveau programme type a été rédigé, nous a-t-on expliqué, avec « des professionnels de l’éducation nationale, des inspecteurs, des recteurs… » et il est non négociable (au cas où l’on aurait envie de repartir pour un tour…).

Incompréhension, stupeur puis écœurement. Espérons maintenant que la colère suive et qu’elle nous mette en mouvement. Un certain nombre de collègues parlaient déjà, jeudi, d’occuper le collège et de faire venir M.Hanotin pour qu’il s’explique devant les personnels et les parents. L’éducation nationale doit aussi assumer ses responsabilités, et entendre les demandes des personnels sur le terrain avant de se plier aux exigences du PPP. Y a-t-il une possibilité d’envisager un recours, comme il est mentionné dans l’article d’Attac cité plus haut ? Affaire à suivre…

Messages

  • les PPP sont un des outils inventés par les idéologues libéraux pour une privatisation rampante.

    que les socialos l’utilise n’étonnera que ceux qui ne veulent ni voir ni savoir

    et combien dans les rangs de la gauche de la gauche ( comme on dit ! ) vont encore voter pour ces libéraux de gauche au deuxième tour en 2112 ?

    les socialistes sont des libéraux.

    Avec Sarkozi et consort, c’est à sec

    avec le ps et toute la gauche à sa remorque ( explicitement ou implicitement ) , ça sera avec de la vaseline

    2112 , votez pour la vaseline DSK, un produit étiqueté 100% FMI

  • La 93 est malheureusement devenue un laboratoire des idées libérales : les PPP font leur entrée en force avec le plan pluriannuel d’investissement du conseil général. Mais une ville comme Aubervilliers, municipalité socialiste depuis 2008, n’est pas en reste. Une école a ouvert ses portes en novembre 2010 construite en PPP. Coût pour la collectivité : 23,5 millions d’euros. La Courneuve, municipalité communiste, a construit dans le même temps une école en maîtrise d’oeuvre interne. Coût : 12 millions d’euros. Bien sûr, il y aura des intérêts d’emprunts, mais on n’atteindra jamais ce coût exorbitant. Le site http://pcfaubervilliers revient à travers cette école, le collège Jean Moulin, et un article dans son journal aubercom en ligne (janvier 2011) sur cette technique de financement et ses effets à l’échelle locale.