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DISCOURS DE LA CGT LORS A LA CÉLÉBRATION A BRUAY-LA-BUISSIÉRE DU 70ème ANNIVERSAIRE DE LA GRÉVE DES MINEURS EN MAI JUIN 1941

Publie le samedi 7 mai 2011 par Open-Publishing

DISCOURS DE LA CGT LE 29 AVRIL 2011 LORS DE LA CÉLÉBRATION A BRUAY-LA-BUISSIÉRE DU 70ème ANNIVERSAIRE DE LA GRÉVE DES MINEURS EN MAI JUIN 1941 RÉPRIMÉE DANS LE SANG.

Nous sommes aujourd’hui réunis afin d’honorer la mémoire de cette résistance des mineurs à l’oppression nazie qui voulait les asservir, mais aussi à l’oppression patronale qui profitait de la dissolution de la CGT par les lois pétainistes de 1940-41.

Cette journée marque le 70ème anniversaire de la terrible répression qui s’abattit sur des centaines de militants syndicaux et adhérents de la CGT, au printemps 1941.

Avec cette grève, nos courageux et déterminés camarades ont ouvert la voie de la résistance, celle des FTP, des FTP-MOI, des FFI, celle du Front National dont le nom a été usurpé par le parti des fascistes et des nationalistes-chauvins… que la CGT combat de toutes ses forces.

Tous ces mouvements de résistance, si différents mais qui se sont unis, ont conduit au Conseil National de la Résistance qui nous a apporté d’énormes avancées sociales. Des droits nouveaux pour les travailleurs que le gouvernement d’aujourd’hui tente de détruire, négligeant au passage le passé glorieux de nos camarades, pour mettre en place sur fond de remondialisation du capital, l’ultra-libéralisme destructeur de droits, de services publics et d’emplois.

Voilà pourquoi nous sommes ici camarades !

Notre identité syndicale CGT s’est construite sur des valeurs de résistance, de solidarité et d’humanité qui se sont traduites, dans l’histoire de notre bassin minier, par la volonté de nous retrouver ensemble dans les combats autour de grandes causes progressistes locales, nationales et internationalistes…

Contre la guerre et pour le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, pour la liberté et les droits, la CGT a toujours été de tous les combats.

Arrêtés, emprisonnés, torturés, déportés, nos camarades martyrs se sont engagés avec courage et abnégation jusqu’à la mort qui fût parfois atroce et innommable, intolérable et inexcusable… même 70 ans plus tard… nous ne pouvons oublier !

Leurs revendications de classe et de masse, ouvrières et justes, la liberté, la fierté d’appartenir à la CGT et à son histoire de luttes 5 ans après 1936, ont été plus importantes que leur propre vie.

Leur engagement, leur sacrifice ont été exemplaires et porteurs d’un message universel fort : ensemble et malgré les différences, on pouvait réaliser des choses exceptionnelles, héroïques, pour de grandes causes humaines telle que la libération de l’oppresseur nazi.

Camarades, se retrouver ici ce soir, c’est être porteurs de cet espoir, de cette vérité et c’est continuer à faire vivre ces exemples d’hommes debout au service de la liberté et de la dignité, au service d’une classe en soi vers le passage d’une classe pour soi.

Honorer aujourd’hui leur mémoire dans notre mémoire collective de luttes, de classe, de sacrifice de soi, c’est rappeler, qu’en gommant nos différences, nous pouvons bâtir des projets communs au service de tous dans le respect mutuel et pour des siècles sans guerre.

Quelque soient nos croyances, nos religions, nos affinités politiques et syndicales, nous devons nous retrouver afin de poursuivre les combats qui les ont tous concernés, et qui nous concernent encore à notre époque.

Des combats pour l’ensemble de l’humanité, à commencer du combat pour la paix et ceux qui nous paraissent indissociables, les combats pour la justice sociale et la reconnaissance de chacun dans cette société de plus en plus repliée sur elle-même, ou la misère, le racisme et l’individualisme gagnent du terrain pour faire le fumier malodorants des partis fascistes qui s’affichent sans vergogne.

Oui camarades, des partis fascistes qui s’affichent sans contrainte pour vomir la haine des autres, alors que nos camarades de dizaines de nationalités différentes sont morts en martyrs pour avoir défendu des idéaux d’humanisme, de solidarité et de fraternité de classe.

Ils portaient des noms d’ici et d’ailleurs, ils étaient nés ici et ailleurs, et pourtant ils se respectaient et s’entraidaient... sans racisme ni haine.

Dénoncés, arrêtés, emprisonnés, torturés, fusillés, déportés, gazés, brûlés… parfois à la fleur de l’âge, nos camarades sont restés dans nos mémoires comme nos héros, nos véritables héros, nos héros-mineurs parmi les 75 000 camarades de la CGT tombés face aux fascistes nazis et français. Ils sont tombés en Hommes de devoirs mais plus simplement en Hommes de Cœur, Hommes tout court.

Pourtant camarades, 70 ans plus tard, les idées de la bête immonde ne sont pas encore détruites, la haine et la volonté d’une supériorité de race ou religieuses sont toujours bien présentes. ; et le pire est qu’elle se banalise, ce que la CGT combat avec force et détermination chaque jour.

Pour conclure cet hommage bien trop bref au regard de leur engagement exceptionnel, nous rappelons ici camarades, que c’est notre classe sociale, celle des travailleurs, que nous honorons en déposant cette gerbe en mémoire.

Camarades, quelle leçon de force de ces travailleurs des mines, frères de luttes de Guy Moquet, de Maïa Politzer, de Martha Desrumaux et de tant d’autres, jeunes et moins jeunes, qui ont mis leur vie totale au service d’un idéal de liberté au risque de la perdre à jamais.

A une époque où les jeunes nous demandent plus que jamais de leur faire confiance, l’engagement de nos camarades mineurs, résistants et martyrs, nous invite à nous tourner vers eux car beaucoup d’entre eux portent haut les valeurs de la solidarité, de l’entraide, de la fraternité de classe et du refus de l’exclusion.

Alors chers camarades !

Gloire à nos martyrs mineurs, résistants, syndicalistes CGT, tombés sous le joug du nazisme et de leurs collaborateurs fascistes patronaux.

Gloire à la résistance !

Honneur à leur mémoire et à leur courage.

Ils étaient français, polonais, yougoslaves, portugais, italiens..

Ils ont été fusillés dans les citadelles d’Arras, de Lille, d’Amiens, dans les forts du Vert-Galand à Verlinghem ou du Curgies à Valenciennes, dans les prisons de Cuincy et de Loos les Lille, et dans la forêt de Champigneulles en Meurthe et Moselle.

Ils étaient nos camarades !

Ils travaillaient ici !

Ils s’appelaient* :

Léon BAILLEUX - Barlin
Louis BERTOUX - Vermelles
Emile BERTRAND - Auchel
Henri BODELOT - Bruay-en-Artois
Marcel BODELOT - Haillicourt
Auguste BRUNOVIC - Divion
Georges CADREN - Hersin-Coupigny
Serge CANDAS - Auchel
Augustin CARON - Bruay-en-Artois
Henri CARON - Divion
Paul CARON - Saint-Pierre-les-Auchel
Kléber CARPENTIER - Bruay-en-Artois
Marty CHATELAIN - Divion
Augustin CHAVATTE - Hersin-Coupigny
Joseph CONSONNI - Vermelles
Henri DECROIX - Cauchy-à-la-Tour
Georges DELLERUE - Rimbert-lez-auchel
Julien DELVAL – Beuvry
Raymond DERUY - Bruay-en-Artois
Paul DESCAMPS - Bruay-en-Artois
Voltaire DHENNIN - Beuvry
José DOS SANTOS - Divion
Léon DOYELLE - Houdain
Louis DUSSART - Bruay-en-Artois
Léon GALLOT - Beuvry
Alexandre GREGOIRE - Estrée-Blanche
Fernand GROSSEMY - Annezin-les-Béthune
Edmond HEAULME - Hersin-Coupigny
Ignace HUMBLOT - Auchy-les-Mines
René JAMSIN - Annezin-les-Béthune
Tadeusz KEMPA - Hersin-Coupigny
Joseph KRYSTKOWIAK – Houdain
Jean LEFEBVRE - Beuvry
Léopold LESAGE - Haillicourt
Alphonse MADELAINE - Divion
Ulfroy MARCOTTE - Calonne-Ricouart
Louis MARQUANT - Annezin-les-Béthune
Jules NOYELLE - Bruay-en-Artois
Louis PART - Auchy-en-Bois
Victor PATINIER - Calonne-Ricouart
Paul PLOUVIEZ - Bruay-en-Artois
Joseph RATAJCZYK - Houdain
Oscar ROUSSEL - Hersin-Coupigny
André SENECHAL - Vermelles
Amédée SUCHET - Auchel
François SURDYK - Vermelles
Auguste TRANNIN - Vermelles
Lucien TRINEL - Labourse
Emile VIEUBLED – Vermelles

* lecture des noms par 5 camarades des 5 unions locales CGT d’AUCHEL-BETHUNE-BRUAY-ISBERGUES-LILLERS