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Tout est sous contrôle à Fukushima. Dormez en paix braves gens.

Publie le vendredi 13 mai 2011 par Open-Publishing
4 commentaires

Article sur le blog de Dominique Leglu directrice de "Science et avenir"

12.05.2011
FUKUSHIMA (suite 36) Accident maximal dans le réacteur n°1

On s’en doutait depuis longtemps, mais voir la chose admise par l’opérateur TEPCO de la centrale Fukushima fait un effet sidérant : le cœur fondu du réacteur n°1 a percé sa cuve en de multiples endroits ! Ou pour le dire avec les circonvolutions de l’opérateur : « des trous ont été créés par le combustible nucléaire fondu au fond de la cuve du réacteur n°1 » (1). C’est, en clair, l’accident maximal pour un réacteur de ce type. L’enceinte ultime, autrement dit la cuve pressurisée dans laquelle est enfermé le combustible nucléaire, cuve censée être le dernier rempart contre l’émission de radioactivité vers l’extérieur, est rompue !

Selon l’agence de presse Kyodo news, TEPCO a déclaré « avoir trouvé de multiples trous sur plusieurs centimètres dans de la tuyauterie soudée ». Une situation qui n’étonne pas plus que cela un spécialiste de la soudure qui nous avait dit à quel point il redoutait le phénomène. Il nous a expliqué, ce dont nous le remercions, pourquoi il appréhendait depuis le début ce genre de problème majeur : « les 4 réacteurs et les appareillages environnants vont se retrouver à l’état de passoires ! » pronostiquait-il. En effet, il s’inquiétait de la réaction des métaux de la cuve – et des diverses tuyauteries- quand ils sont soumis aux très hautes températures dues à la fonte du réacteur, mais aussi quand - ce qui fut le cas- ils sont soumis à une corrosion intense (due au sel qui fut injecté quand l’eau de mer a été employée pour le refroidissement).

En particulier, il avait attiré notre attention sur la fragilité des aciers inoxydables utilisés à la centrale de Fukushima. Ce spécialiste ne voyait pas comment l’inox employé à Fukushima (le 304L selon la terminologie des spécialistes (2)) allait pouvoir résister, notamment dans le « cuvelage du réacteur lui-même. Les fissures, elles sont en train de courir ! » assurait-il. C’est un problème archi-connu (et redouté !) par tous les chaudronniers du monde ». Et de préciser que « le seul inox qui tient le coup (904L (3)) n’a connu qu’un réel essor qu’après 1995, dans l’industrie en général, avec une petite entrée dans le nucléaire, qui ne peut pas facilement intégrer ces nouveaux matériaux. Les études métallurgiques sont très poussées et demandent du temps ».

Le problème est d’autant plus inquiétant que cet inox se retrouve aussi ailleurs dans la centrale, notamment dans les casiers des assemblages de combustibles (dans les piscines qui ont été dramatiquement endommagées – en particulier dans les unités 3 et 4 mais encore ailleurs (soufflets de dilatation qui enserrent le tore de l’enceinte de confinement, matériau des tiges de contrôle cruciformes etc.)

Comme si cela ne suffisait pas, on avait appris dès hier par une dépêche (Reuters) venant de Tokyo qu’un nouvel écoulement d’eau radioactive vers l’océan avait « peut-être été décelé », en provenance « du réacteur n°3 ». Annonce étonnante, sachant que l’eau très contaminée qui s’était déversée il y a plusieurs semaines dans l’océan venait alors d’un autre réacteur, le n°2 (dont l’enceinte de confinement a manifestement été fissurée très tôt dans la catastrophe lors d’une explosion non vue en images).

En résumé, à l’heure qu’il est, on se demande si tous les réacteurs (pas seulement le n°1 mais peut-être aussi les n°2 et N°3) ne sont pas en train de « tomber en miettes » - leurs structures métalliques étant de plus en plus défaillantes, après que les structures en béton ont été ébranlées et fissurées lors des explosions qui ont eu lieu dès les premiers jours de la catastrophe. On se demande aussi comment une unité de refroidissement, telle que celle envisagée par Areva (4) pourra bien être raccordée à ces structures vacillantes. Il y a dix jours, en effet, l’entreprise française, par la voix de Thierry Varet, son directeur technique ( BU valorisation AREVA), expliquait vouloir décontaminer l’eau (5) qui a abondamment servi à refroidir les réacteurs et les piscines et installer un circuit fermé pour la ré-utiliser. Comment faire un circuit fermé avec une (des) cuve(s) de réacteur transformée(s) en passoire ? Surtout, comment s’approcher de ces lieux extrêmement radioactifs – vu la non étanchéité de l’ensemble - pour éventuellement « reboucher » les trous ? Qui va s’approcher ?

Deux mois après la catastrophe, on se demande encore autre chose : pendant combien de mois (d’années ?) va-t-il falloir continuer à refroidir les lieux, accumulant toujours plus d’eau contaminée. Cela signifie-t-il qu’il va falloir rejeter à nouveau celle-ci « volontairement » dans l’océan, comme cela a été fait pour plus de 10 000 tonnes (eau dite alors « faiblement contaminée ») il y a quelques semaines ? C’est un véritable cauchemar qui continue.

1) http://english.kyodonews.jp/news/2011/05/90715.html

2) Cet inox (dit austénitique) de résiste pas aux ions chlorure du sel (le sel a pour formule chimique Na Cl ou chlorure de sodium )

3) Le "DUPLEX" (904L) : un « austéno-ferritique », mélange de deux structures cristallines.

4) http://www.newscastwire.com/fr/org/areva?event=175

5) On ne sait pas exactement combien de dizaines de milliers de tonnes (90 000 ? 100 000 ?) d’eau doivent actuellement être décontaminées, en coagulant les particules radioactives de façon à les séparer de l’eau ainsi « purifiée ». Eau qui ensuite pourrait être ré-utilisée.

Messages

  • des decés camouflés :

    45 personnes parmi 440 patients de l’hôpital (340) et de l’hospice (100) adjacent de Futaba à Okuma sont décédés après l’évacuation forcée.

    Les autorités sont en train d’enquêter pour comprendre pourquoi 90 patients ont été abandonnés sur place. Après le tremblement de terre et la coupure d’électricité suivis de l’ordre d’évacuer, le 12 mars, 209 personnes en mesure de marcher sont parties avec le personnel.

    Les grabataires et les personnes handicapées n’ont pas pu suivre. Le directeur de l’hôpital aurait alerté les autorités qui ne sont intervenues que le 14 mars. Entre temps, les patients abandonnés étaient dans un état déplorable. Ils souffraient de déshydratation car ils n’avaient rien eu à manger pendant 3 jours. L’abri supposé les accueillir n’avait aucune structure médicale. 10 sont décédés pendant ou après l’évacuation. 21 autres sont partis le 15 mars en bus pour l’hôpital d’Aizu. 6 autres sont décédés dans les jours qui ont suivi. Le 6 avril la police a découvert 4 corps à l’hôpital de Futaba. Ils n’ont jamais été évacués.

    Pour l’un d’entre eux, le certificat de décès mentionne : "décédé le 14 mars d’un cancer du poumon". D’autres patients, évacués vers d’autres lieux sont aussi décédés. (D’après une enquête publiée dans le quotidien Mainichi du 26 avril)

    http://sciencepourvousetmoi.blogs.sciencesetavenir.fr/archive/2011/05/12/fukushima-suite-36-accident-maximal-dans-le-reacteur-n-1.html#comments

  • en cas de catastrophe, toutes les normes volent en éclats, c’est chacun pour soi et le bon dieu (si lui aussi ce ne s’est pas fait la cerise) pour ceux qui peuvent encore. Idem pour les droits de l’homme et ce qui fait la démocratie.
    Le nuke c’est "sympa" quand tout va bien et que tout est sous contrôle ; mais quand ça plante, c’est plus drole du tout.

  • Il fallait bien être nigaud pour croire tous ces salopards. Je ne suis pas scientifique, mais il y a une chose que j’ai compris depuis tchernobyl, le nucléaire c’est l’énergie du diable. On exploite une énergie que l’on ne maitrise pas en cas de problème. J’ai bien peur d’avoir raison. Depuis le 12 mars je dis que Fukushima c’est la catastrophe nucléaire finale. 6 réacteurs dont certains avec du mox (merci la france et areva). Personne au monde ne pourra arrêter le processus. Les russes avaient compris depuis le 1er jour de la catastrophe qu’il fallait mener une guerre inédite et impitoyable. Ils l’ont mené avec un succès relatif, au prix de peut être plus d’un million de morts directs. Mais ils ont pour l’instant épargné l’Europe du pire. Qu’en est-il au pays de la technologie ?? Le pays dont on nous rabâchais les oreilles quant on faisait grève dans les centrales nucléaires Françaises pour la sécurité : Pendant ce temps la les Japonais produisent.
    Je suis farouchement contre la peine de mort, mais le crime de ces gens qui prônent le nucléaire est le pire que nous ayons connu. Il faut tous les rapatrier et les envoyer à fukushima essayer de réparer leurs conneries, le 1er pro nucléaire français en tête. Pour ceux qui croient en un dieu, il faut prier. Les autres espérer que le crabe nous épargnera quelque temps.