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Solidarité autour de Florence Aubenas

Publie le lundi 10 janvier 2005 par Open-Publishing


de Hassane Zerrouky

Des journalistes irakiens ont déclaré, ven- dredi, avoir été abordés par trois
hommes cagoulés affirmant que Florence Aubenas et son chauffeur-interprète, Hussein
Hanoun Al Saadi, disparus depuis mercredi matin, seraient « en bonne santé ».
L’information a été accueillie avec « prudence » par la rédaction de Libération
pour qui « cette nouvelle a le mérite d’être un signe de vie » mais qui « demande à être
vérifiée ». Prudence également du côté du Quai d’Orsay qui n’a pas souhaité réagir.
Quant aux forces américaines, elles ont déclaré n’avoir « aucune information
indiquant la localisation » de la journaliste. Si celle-ci ne reparaît pas aujourd’hui,
cela fera six jours qu’on est sans nouvelles d’elle.

Un choc terrifiant

Du côté de la famille de la journaliste, c’est naturellement un sentiment de forte inquiétude qui prédomine. « Je dois avoir les yeux rouges de larmes parce que c’est d’abord un choc terrifiant [...]. Et puis cette incertitude, ce vide, cette absolue impossibilité de faire quoi que ce soit. On est réduit à une inertie douloureuse », a confié la mère de la journaliste, Jaqueline Aubenas. Des messages de solidarité, émanant de l’ensemble de la profession sont arrivés à Libération, où malgré le choc provoqué par cette disparition, on garde un espoir raisonné. « Nous attendons tous la réapparition de Florence et d’Hussein, le coeur étreint et le souffle court », écrivait Serge July, le directeur de Libération, dans l’édition de samedi de son journal.

Réagissant aux déclarations de Jaques Chirac qui a déconseillé « formellement l’envoi de journalistes dans ce pays » lors des voeux à la presse, le directeur de Libération a jugé nécessaire que les journalistes soient présents en Irak afin d’informer et de témoigner de ce qui s’y passe. Autrement, soulignait-il, « le jour où il n’y aura plus de journalistes à Bagdad, Donald Rumsfeld, le secrétaire américain à la Défense, et le représentant d’al Qaeda en Irak, Abou Moussab Al Zerkaoui, seront les principales sources d’information ». Mê- me positionnement pour RSF (Reporters sans frontières) dont le secrétaire général, Robert Ménard, a souligné qu’« il est impératif que les médias étrangers continuent de couvrir la situation dans ce pays ».

Un métier à risque

Le ministre de la Culture, Renaud Donnedieu de Vabres, faisait cependant remarquer hier, à la suite de Jacques Chirac sur Radio-J, combien « le métier de journaliste sur place est extraordinairement dangereux et perd de son sens, à partir du moment où la liberté même du journaliste qui doit avoir la possibilité d’aller, de venir, de rencontrer qui il veut, n’est pas assurée ». C’est la raison pour laquelle, ajoutait le ministre, « dans le droit fil de ce qu’ont dit le président de la République et le ministre des Affaires étrangères, je demande aux rédactions une extraordinaire vigilance, parce que nous ne pouvons pas aujourd’hui assurer le minimum de sécurité aux journalistes présents sur place ».

Deux semaines après la libération de Georges Malbrunot et de Christian Chesnot, la disparition de Florence Aubenas pose la question (aux rédactions des médias français) de savoir s’il faut ou non envoyer des journalistes en Irak. Après Libération qui a tranché la question, le Monde envisage d’envoyer des journalistes. L’AFP, quant à elle, s’appuie sur des journalistes - la plupart arabes - venant de ses agences basées au Proche-Orient. En revanche, certains médias, comme le Figaro et RTL, ont décidé de n’en envoyer aucun, préférant travailler à partir des agences ou de contacts en Irak.

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