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Pour M. Le Pen, "l’occupation allemande n’a pas été particulièrement inhumaine"

Publie le jeudi 13 janvier 2005 par Open-Publishing
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de Christiane Chombeau

Dans un entretien à l’hebdomadaire négationniste "Rivarol", il présente la Gestapo comme une police protectrice de la population.

On savait que, pour le président du Front national, les chambres à gaz n’étaient qu’un "détail" dans l’histoire de la seconde guerre mondiale. Cette fois, Jean-Marie Le Pen explique que l’occupation allemande, en France, n’a été accompagnée que de quelques "bavures".

Il présente en outre la Gestapo - police politique qui fait partie des organisations jugées criminelles par le tribunal de Nuremberg - comme une police protectrice de la population.

Interrogé sur les "commémorations de la fin de la seconde guerre mondiale" par Rivarol, hebdomadaire antisémite et négationniste, M. Le Pen n’hésite pas à affirmer qu’"en France du moins, l’occupation allemande n’a pas été particulièrement inhumaine, même, ajoute-t-il, s’il y eut des bavures, inévitables dans un pays de 550 000 kilomètres carrés".

Pour illustrer ses dires, le président du FN raconte, dans cet entretien publié le 7 janvier, l’histoire d’un lieutenant allemand qui, "fou de douleur que son train de permissionnaires ait déraillé dans un attentat, causant ainsi la mort de ses jeunes soldats, voulait fusiller tout le village". C’est, explique M. Le Pen, "la Gestapo de Lille (...) qui arriva aussitôt pour arrêter le massacre".

Oubliés les fusillés de Châteaubriant (Loire-Atlantique) ou les pendus de Tulle (Corrèze), pour ne citer qu’eux. A moins que M. Le Pen ne classe leur exécution parmi les "bavures". A Châteaubriant, 27 prisonniers politiques internés dans un camp de la ville ont été fusillés le 22 octobre 1941, en représailles au meurtre d’un Allemand à Nantes. A Tulle, 99 habitants ont été pendus par les Allemands, le 9 juin 1944, le lendemain de la libération de la ville par le maquis de Corrèze.

Oubliée aussi la déportation des juifs de France planifiée à partir de juin 1942 par la section de la Gestapo chargée des questions juives et mise en œuvre avec la complicité de l’Etat français de Vichy. Sur 75 000 juifs ainsi déportés, moins de 2 500 ont survécu.

Evoquant le "drame d’Oradour-sur-Glane", Jean-Marie Le Pen laisse entendre que la vérité n’est pas celle que l’on croit et déclare qu’"il y aurait beaucoup à dire". Il fait ainsi écho, sans s’y référer explicitement, à une thèse révisionniste bien connue des lecteurs de Rivarol : selon cette thèse, des explosifs auraient été dissimulés par les résistants dans l’église où le 10 juin 1944 la division SS Das Reich avait enfermé 642 civils (parmi eux, 245 femmes et 207 enfants) avant de mettre le feu au bâtiment. Cette thèse justifie le massacre en parlant de mesure de représailles aux activités des maquis. Ces affirmations, proférées notamment dans une cassette vidéo par Vincent Reynouard, un néonazi reconnu coupable à plusieurs reprises de négationnisme, ont valu à leur auteur d’être condamné, le 4 juin 2004, à vingt-quatre mois de prison, dont six mois ferme, par la cour d’appel de Limoges, pour "apologie de crime de guerre".

M. Le Pen explique enfin, toujours dans cet entretien, que "si les Allemands avaient multiplié les exécutions massives dans tous les coins comme l’affirme la vulgate, il n’y aurait pas eu besoin de camps de concentration pour les déportés politiques". Et le président du FN conclut : "Ce n’est pas seulement de l’Union européenne et du mondialisme que nous devons délivrer notre pays, c’est aussi des mensonges sur son histoire, mensonges protégés par des mesures d’exception. D’où notre volonté constante d’abroger toutes les lois liberticides Pleven, Gayssot, Lellouche, Perben II." Des lois qui condamnent notamment le racisme et l’antisémitisme.

Christiane Chombeau


"Rivarol" : "Occuper le terrain du social"

Reprenant à son compte les critiques formulées par la base du Front national, Rivaroldéplore, dans son édition du 7 janvier, l’absence du parti d’extrême droite sur le terrain social. "Avant les multiples scissions, il n’y avait pas grand-chose de fait malgré l’Entraide nationale du pasteur Blanchard", organisatrice de soupes populaires, "à l’heure actuelle, force est de constater que l’activité de Fraternité française reste très marginale", note l’hebdomadaire d’extrême droite, qui estime que "la vraie droite sociale, nationale et populaire, censée représenter le vote ouvrier, se devrait d’occuper ce terrain naturel".

Selon Rivarol, "la majorité des SDF ou des gens dans le besoin sont (...) des indigènes ou des continentaux" et non les immigrés, appelés dans l’article "allogènes" et fustigés pour recevoir "l’essentiel de la manne sociale sans avoir cotisé à rien". "Tant que la droite nationale divisée n’occupera pas solidement le terrain du social (...), il n’y aura pas de percée électorale majeure", explique l’article, qui invite "Bruno - Mégret - et Bruno - Gollnisch -, Marine - Le Pen -, Jean-Marie - Le Pen -" à participer aux soupes populaires.

http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3224,36-393895,0.html

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