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London Calling !!!

par TBH

Publie le mardi 9 août 2011 par TBH - Open-Publishing
7 commentaires

London Calling !!!

« Celui qui, dans la guerre civile, ne prendra pas parti sera frappé d’infamie et perdra tout droit politique. » Solon Constitution d’Athènes.

« Une poudrière prête à exploser  », voilà comment la députée Diane Abbot a décrit les événements partis de la banlieue de Tottenham ce weekend, et qui se sont propagés à d’autres quartiers londoniens, avant d’atteindre la province. Une explosion ? Oui, mais quelle explosion ? Face aux combats de rue, aux célébrations de ces feux de joie, et face à cette rage détonante, la spectaculariation va bon train. On voudrait ranger ce brasier au sein d’une géographie politique identifiable et maitrisable. Déjà on entend le faux débat entre ceux qui cherchent à y voir l’expression de la plus stricte délinquance, et ceux qui analysent le coup de gueule d’une jeunesse désœuvrée, représentante d’une ‘’communauté ethnique’’ mal intégrée. Les parallèles avec la révolte française des banlieues de 2005 sont déjà en place, et tout le monde attend d’entendre un Finkielkraut en mal de publicité.
Laissons les sirènes du Spectacle. Aucune analyse policière, journalistique, politicienne ne pourra masquer l’inscription de l’insurrection de Tottenham au sein de la guerre sociale. Et c’est précisément cela qui inquiète. La force de cette insurrection est qu’elle déchire le voile d’une fausse pacification sociale, que même les narcotiques ont du mal à entretenir. Ni délinquante, ni politicienne cette violence échappe à tout contrôle analytique, et apparait pour ce qu’elle est : le cri de joie de ceux qui se sont réveillé en dehors des dispositifs subjectivisant du Spectacle et du Biopouvoir. La mort du jeune Mark Duggan ne fut que le signal de la libération d’une dynamique dévastatrice et salvatrice, en un mot nihiliste, déjà présente. Car qu’est ce qu’un incendie urbain, un corps à corps avec les représentants de l’Etat, l’absence de mobil identifiable, et le rejet de cadres médiateurs, sinon l’expression d’un refus des rapports sociaux pacifiés et disciplinarisés qui prévalaient jusqu’alors. Ni police, ni association de quartier, ni syndicat, ni politicien, ne pourront plonger leurs tentacules dans ce mouvement pour le ramener à une forme identifiable du spectacle politicosocial. Tout comme en France, à l’automne 2005, l’insurrection anglaise actuelle est l’expression d’une lame de fond qui parcoure l’ensemble de la société, et plus précisément les jeunes générations, et qui fait du ravage, de la dévastation, le point de départ d’un mouvement visant à réinventer la communauté sociale, au sein des ruines de l’ancien monde. Tottenham est l’expression de cette génération qui n’a que pour seule respiration la violence extatique, que pour seule éthique le Macache. Cette génération qui a côté du nihilisme de masse et de son hédonisme narcotique, cherche à renouer avec le nihilisme véritable et sa force de création, en se jetant dans la guerre civile.
Car c’est bien ce que nous adjoint de comprendre les brasiers londoniens, rien ne se ferra sans la conscience de la guerre civile en cours, et la nécessité d’adopter une éthique guerrière implacable. Le révolutionnaire, disait déjà Netchaïev, n’a qu’un seul but : « la destruction la plus rapide et la plus sûre de cet ordre abject  ». Ainsi, ne l’oublions pas, si pour l’esthétique il y a les catégories beau/laid ; pour la morale celles de bien/mal ; pour l’économie celles d’utile/nuisible ; pour le politique il y a l’ami et il y a l’ennemi, et avec l’ennemi seul le conflit armé est envisageable. Car qu’est qu’une insurrection urbaine sinon la déterritorialisation du sujet politique et sa réaffectation au politique sur le mode de la conquête guerrière. Voilà pourquoi les événements actuelles à Londres et dans d’autres villes anglaises étonnent et apeurent, car « le danger pour l’Empire, ce sont les machines de guerre : que des hommes se transforment en machines de guerre lient organiquement leur goût de vivre et leur goût de détruire » (Tiqqun)
A quoi nous appelle Londres ? A ouvrir les yeux sur le désastre, à saisir ce nihil créatif, à construire des lignes de fuite ouvertes vers l’agencement d’un nouveau processus révolutionnaire, capable de libérer la puissance de toutes les subjectivités frappées de l’étonnement du premier homme avide de faire sien un monde qui lui est hostile.
Allons ! Propageons ces feux de joie !

Messages

  • " Laissons les sirènes du Spectacle"

    Toujours rigolo d’entendre ce refus légitime du "Spectacle" et de lire un texte aussi pompeux et sensationnaliste...

  • Fascination pour une violence esthétisée à l’extrême de bourgeois en mal de sensation forte, absence du minimum de réflexion politique.
    Les mêmes caractéristiques qui ont conduis à l’aventure lybienne "aux côtés" des "rebelles" de Bengazi.
    L’ensemble est admirablement résumé par la citation de solon dirigeant impérial à la tête d’une société basé sur l’esclavage de masse.

    L’ennemi est bête, il croit que c’est nous l’ennemi, alors que c’est lui...

  • si seulement sa pouvait finir en révolution =)

  • Texte romantique écrit dans une épicerie corrézienne ?
    On y voit les mots "insurrection", "nihiliste", "guerre civile", "destruction d’un ordre abject" mais tout cela n’est que la projection de l’auteur(e). Que la fureur capitaliste et la pauvreté qu’elle génère pousse ces jeunes à mettre le feu ne fait aucun doute mais en faire des révolutionnaires est une erreur classique de personnes en mal de sensations fortes devant leur écran. Les émeutiers ne cherchent certainement pas à renverser le capitalisme mais se vautrent dans le consumérisme dans lequel il nous immerge. En rêvant d’IPhone, d’IPod, de Home cinema et autres gadgets électroniques, ils sont les meilleurs agents du capitalisme dévastateur qui pousse à toujours plus acheter et jeter. Ce ne sont pas les librairies qui sont pillées.

  • "La mort du jeune Mark Duggan ne fut que le signal de la libération d’une dynamique dévastatrice et salvatrice, en un mot nihiliste, déjà présente."

    Elle est pas nihiliste cette violence, elle a une cause - les coupes sociales terribles orchestrées par Cameron, dans la lignée Tatcher - et un objectif : détruire ce qui apparaît être comme un urbanisme-prison où s’exerce un containment de plus en plus serré pour obliger les gens à accepter une vie de privations, sans espoir aucun de mobilité sociale ascendante, pour eux et leurs proches, tandis qu’à côté une minorité traverse les plumes sèches la période, voire s’enrichit encore, tout en criant "haro" sur le pauvre.