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LA POSTE A LA REMORQUE DES MARCHES FINANCIERS

par Bernard DUPIN

Publie le lundi 29 août 2011 par Bernard DUPIN - Open-Publishing

Le dernier Conseil d’Administration de La Poste a validé une augmentation de capital de La Banque Postale à hauteur de 860 millions d’euros.

Par cette recapitalisation, La Poste donne suite aux injonctions de la Commission Européenne, du Conseil ECOFIN et du G7 qui, depuis octobre 2008 voient dans ces plans de recapitalisation « l’une des mesures clés pour garantir le bon fonctionnement des marchés financiers ».

Les résultats à fin juin 2011, des encours d’épargne et de dépôts qui s’établissent à 286 milliards d’euros, en progression de + 6 milliards d’euros, montrent par exemple qu’une augmentation des capitaux n’est pas nécessaire.

De plus, d’autres moyens existent : supprimer les dividendes, générer du capital à travers les bénéfices ou diminuer les rémunérations des dix premiers dirigeants du Groupe qui ont progressé de 9,4% en 2 ans.

En fait, par cette proposition d’augmentation du capital, La Poste cherche à amortir les effets des crises à venir alors qu’il est urgent d’établir des règles qui permettent de les éviter.

il faut mettre un terme à cette dictature des marchés financiers pour dynamiser l’économie, créer des emplois stables, augmenter les salaires et soutenir l’investissement productif.

La situation actuelle démontre également que La Poste au travers de la Banque Postale devrait participer rapidement à la création d’un pôle financier public regroupant l’ensemble des institutions financières ayant de par leur statut une mission d’intérêt général, dans le respect des spécificités de chaque établissement et du statut de leur personnel.

Le rôle de la Banque Postale n’est pas de donner des gages aux marchés financiers en participant aux politiques de sauvetage, mises en place depuis trois ans et qui sont contre-productives et en opposition à l’intérêt général.

Au 1er janvier 2011, le Groupe La Poste avait une exposition aux risques souverains dramatique et est d’ores et déjà confrontés à une perte sèche de 158 millions d’euros sur la Grèce.

Cet argent aurait pu être mobilisé au service de l’emploi et du développement du service public postal.

Les moyens pour éteindre l’incendie spéculatif qui jette les populations dans la misère et plus particulièrement le peuple grec existent ; Il suffirait que la Banque Centrale Européenne prête aux Etats aux taux où elle prête aux banques.

D’autre part, il est annoncé comme objectif prioritaire, le développement du crédit : le crédit immobilier, le crédit à la consommation, le crédit aux personnes morales, mais La Poste n’évolue pas en dehors du contexte économique.

Tous les observateurs annoncent une explosion prochaine de la bulle immobilière en France, le gouvernement souhaite supprimer les niches fiscales sur l’immobilier et le taux de croissance du dernier trimestre est du niveau 0.

En participant aux programmes d’austérité exigés par les marchés financiers, La Poste génère une souffrance au travail insupportable, des suppressions d’emplois, de la précarité et une dégradation de la qualité de service.

Après bientôt 1,5 an de son changement de statut et après 7 mois de l’ouverture totale du courrier à la concurrence, il est plus que temps pour La Poste d’envisager une rupture avec des règles qui livrent ses budgets aux marchés financiers et de décider sans attendre, d’une augmentation conséquente des salaires et des emplois afin de pouvoir rendre un service de qualité.

Les 2,7 milliards apportés par l’Etat et la Caisse des Dépôts et Consignation doivent être utilisés à cet effet.