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Le DG de la police admet la surveillance d’un journaliste (video)

par Flore Galaud

Publie le vendredi 9 septembre 2011 par Flore Galaud - Open-Publishing

Frédéric Péchenard a reconnu vendredi avoir demandé « d’identifier » la source d’un journaliste du Monde dans l’affaire Bettencourt. Il risque une mise en examen.

Le directeur général de la police nationale (DGPN), Frédéric Péchenard, a confirmé vendredi au micro de France Info avoir demandé « d’identifier » la source d’un journaliste du Monde qui enquêtait dans l’affaire Bettencourt. « J’ai demandé à la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) d’identifier le haut fonctionnaire qui, soumis au secret professionnel et ayant un accès direct à des documents confidentiels, divulguait des informations confidentielles sur une affaire judiciaire en cours », a-t-il déclaré.

Aux yeux de Frédéric Péchenard, l’affaire est « grave ». « Il s’agit d’une infraction pénale ». « Je me dois de réserver mes déclarations à la justice », a-t-il précisé, interrogé sur le fait de savoir si cela était « légal ». « Il y a une instruction en cours », a fait valoir le DGPN, qui a encore indiqué ne pas voir encore reçu de convocation de la justice et ajouté qu’il y répondrait si c’est le cas.

Une violation inscrite dans la loi

Ami d’enfance de Nicolas Sarkozy, qui l’a nommé à son poste en juin 2007, Frédéric Péchenard risque désormais, de même que Bernard Squarcini, patron de la DCRI, une mise en examen. Les faits sont en effet susceptibles de constituer une violation du secret des correspondances et de la vie privée et une violation du secret des sources journalistiques, un principe que le gouvernement actuel a inscrit dans la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse. Prié de dire s’il démissionnerait en cas de mise en examen, Frédéric Péchenard a répondu : « on verra ».

La défense autour du directeur général de la DGPN commence en tout cas déjà à s’organiser. S’ils sont entendus par la juge Sylvia Zimmermann, qui instruit la plainte du Monde, Frédéric Péchenard et Bernard Squarcini comptent invoquer l’article 20 de la loi sur les écoutes qui dispense de toute forme de contrôle en cas d’atteinte aux « intérêts nationaux ». Les deux responsables policiers entendent en effet plaider que les fuites à répétition dans la presse menaçaient l’institution judiciaire.

David Sénat limogé

De son côté, le ministre de l’Intérieur Claude Guéant a affirmé la semaine dernière qu’il n’envisageait « bien évidemment » pas de sanctions à l’encontre du DGPN et du « patron » de la DCRI, dans cette affaire dite des « fadettes »,terme pour évoquer des relevés de communications téléphoniques utilisés par la police pour identifier la source d’un journaliste.

Le journaliste du Monde Gérard Davet a été mis sous enquête juste après avoir publié en juillet 2010 un article relatif à une déposition dans l’enquête judiciaire sur l’héritière de L’Oréal, Liliane Bettencourt, qui mettait en difficulté le ministre du Travail d’alors, Eric Woerth. Identifié grâce aux relevés du téléphone du journaliste, la source supposée de Gérard Davet, un magistrat en poste au ministère de la Justice, David Sénat, a été limogé et chargé d’une mission sur la justice en Guyane. Il a toujours clamé son innocence dans le cadre de cette affaire.

http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2011/09/09/01016-20110909ARTFIG00385-le-dg-de-la-police-admet-la-surveillance-d-un-journaliste.php

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