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Sur les pavés les fonctionnaires

Publie le jeudi 20 janvier 2005 par Open-Publishing
3 commentaires

de Lucy Bateman

« Le gouvernement veut sans doute nous voir nombreux dans la rue », ironise un syndicaliste que les déclarations de Renaud Dutreil au JDD sur le non-paiement des jours de grève n’ont pas fait flancher.

Après les postiers et les cheminots, les quelque 5 millions de fonctionnaires des trois fonctions publiques sont appelés aujourd’hui à 24 heures de grève par la CGT, la CFDT, FO, la FSU, l’UNSA et la CFTC. Ils doivent manifester pour les salaires, mais aussi pour la défense de l’emploi et des missions de service public. La CGC, qui estime avoir obtenu des « avancées significatives » pour les cadres lors des négociations salariales ratées de la fin décembre 2004, n’appelle pas à la grève mais « laisse libres » ses organisations de participer au mouvement. Dans l’éducation nationale, outre les salaires et les « milliers de suppressions d’emplois » que dénonce l’intersyndicale FSU, UNSA, CGT, CFDT, FAEN, c’est aussi contre la loi d’orientation sur l’école de François Fillon que les personnels sont appelés à protester. Enfin, la mobilisation touchera aussi certains personnels de santé (psychiatrie publique, médecins hospitaliers).

5 % de pouvoir d’achat en moins

Alors que la grève s’annonce bien suivie, les initiatives intersyndicales sont massivement unitaires. C’est un signe important en direction des personnels, dont certains (les profs) terminent de digérer le traumatisme du mouvement de 2003 contre la réforme des retraites : la mobilisation, massive malgré les divisions syndicales, n’avait débouché sur aucun résultat, tout en coûtant très cher aux grévistes. Les organisations syndicales ont le sentiment que les personnels sont de nouveau prêts à en découdre.

Chez les fonctionnaires, l’exaspération face à la politique salariale du gouvernement devrait muscler les défilés. La rémunération des agents « augmentera en moyen- ne de 3,2 % en 2005 », expliquait ce week-end le premier ministre Jean-Pierre Raffarin à Libération. C’est faux, mais le gouvernement n’en est plus à une approximation près sur ce dossier. Un décret faisant état d’une revalorisation des salaires des fonctionnaires est paru mardi au Journal officiel : 0,5 % au premier février 2005, qui devrait être suivi par un autre royal demi-point au premier novembre, application d’une décision unilatérale du ministre de la Fonction publique, Renaud Dutreil, après l’échec des négociations salariales fin 2004. On est loin des 3,2 % annoncés par le premier ministre, qui mesurent en fait l’évolution de la masse salariale en intégrant le déroulement de carrière ou les mesures catégorielles. Pour un fonctionnaire sur deux, l’augmentation cette année sera celle du point d’indice. On est très loin également des 5 % de pouvoir d’achat que les fonctionnaires, tous syndicats confondus, estiment avoir perdus depuis janvier 2000.

Le gouvernement fait le « maximum »

« Nous sommes allés au maximum de ce que nous pouvions faire, compte tenu des contraintes qui pèsent sur nous », expliquait ce week-end Jean-Pierre Raffarin. Des contraintes budgétaires, pour lesquelles les fonctionnaires, leur rémunération et leurs effectifs sont une variable d’ajustement. Le non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux partant en retraite est un des principaux objectifs du ministère de la Fonction publique, qui a supprimé 7 188 postes dans la fonction publique d’État en 2005, ce que Renaud Dutreil juge « extrêmement modéré ». La « modernisation » pour raisons budgétaires du service public et les menaces sur le statut cristallisent également la colère des agents, qui réclament une vraie réflexion sur la qualité du service rendu aux usagers : la rémunération au mérite, la réorganisation des corps de métiers, la décentralisation qui donne des sueurs froides aux fonctionnaires de l’équipement qui ne savent pas trop à quelle sauce ils seront mangés par les départements, et les externalisations massives de missions vers le privé qui privent des services entiers du ministère des Finances de raison d’être.

 http://www.humanite.presse.fr/journ...

Messages

  • "La rémunération des agents « augmentera en moyen- ne de 3,2 % en 2005 », expliquait ce week-end le premier ministre Jean-Pierre Raffarin à Libération. C’est faux,"

    Non c’est vrai et c’est le signe meme du démentellement des services publics car cette hausse n’est pas lié à une hausse du point d’indice. L’Etat ne recrute plus de jeunes, le travail est fait par des précaires qui n’ont plus aucun statut. La destruction des services publics entraine une hausse du salaire moyen des fonctionnaires...

     titularisation immédiate et sans condition de tous ceux qui travaillent pour faire fonctionner les services public .. ce qui se traduira par une baisse du salaire moyen des fonctionnaires.

    • sur les 3,2 % d’augmentation annoncés par le gouv : j’ai entendu une explication sur france info (eh oui, il arrive à france info de dire ou de laisser passer des entretiens intéressants) : sont pris en compte dans les augmentations de salaires, tous ceux dont les salaires ont effectivement augmenté... grâce à un changement d’échelon ou de fonction, comme par exemple, un technicien qui après une formation passe ingénieur, etc. L’augmentation du point n’intéresse absolument pas nos chers dirigeants et ceux qui restent au même indice (la grande majorité) n’ont que leurs yeux pour pleurer, s’ils ne se bougent pas.

      Je ne suis pas fonctionnaire, mais on nous a gentiment proposé, après 2 ans de stagnation totale, 2 cts d’augmentation du point, ce qui, vu nos salaires faramineux, revient à à peu près 7 € par mois. C’est risible ? :-)) ou c’est à pleurer ? :-((

  • « ...déclarations de Renaud Dutreil au JDD sur le non-paiement des jours de grève ... »
    On ne peut laisser passer une telle déclaration fielleuse destinée à discréditer les fonctionnaires, ce qui semble la mission principale du ministre en question. Je suis enseignant à la retraite et, pendant toute ma carrière, je n’ai jamais perçu de salaire pour mes jours de grêve, sauf en mai 68.