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Porto Alegre-carnet de voyage

Publie le mardi 1er février 2005 par Open-Publishing

JOURNAL DE PORTO ALEGRE

Une délégation d’unre quizaine de militant-e-s des Alternatifs est présente au FSM 2005. Compte-rendus sur le vif....
http://www.alternatifs.org

FSM#1 : Porto pas si Alegre

Le 5eme Forum Social Mondial devait etre un "retour au pays" : apres s’etre exporte avec succes en Asie (Mumbai 2004), le FSM revenait dans "sa ville". Mais ce n’est pas la meme ville qu’il retrouve.

Memes rues en pente, meme lagune aux eaux grises, memes grands immeubles en briques a l’americaine, et memes eglises "gateau a la creme" a la mexicaine. Memes favellas, memes hotels chics. Pourtant ce n’est la ville des premiers forums. Apres avoir perdu l’etat du Rio Grande do Sul, le Parti des Travailleurs a perdu Porto Alegre. Quinze jours apres l’investiture du nouveau maire, la ville semble anesthesiee sous les coups lourds du resultat electoral. Apres 16 ans de gestion petiste, Porto Alegre (PoA) est redevenue une ville de droite. Les rues se sont depouillees des affiches, autocollants, peintures et graffitis politiques. Ces ponctuations aux couleurs des partis. associations et syndicats, ont fait place aux affiches publicitaires. Comme si, avec l’ancienne majorite, toute l’agitation politique avait quite la cite.

Malgre le changement de climat politique, le Forum est en route avec comme premiere constance pas mal de retard. Le passage par l’Inde a aussi modifie l’organisation spatiale du Forum : lors de premiers FSM, les lieux de reunions etaient disperses dans la ville. Aujourd’hui ils sont concentres sur une langue de 5 Km le long de la lagune. Et ca pousse dans tous les sens : des chapiteaux en baches jaunes et bleues, des stands en plastique, des amphitheatres, des podiums ...

Une serie de batiments attirent particulierement l’attention : il s’agit de bioarchitecture. Ce projet, mene par l’Institut Permaculture, consiste a meler differentes techniques traditionnelles, issues de toute la planete, pour construire des batiments a base de produits recycles et naturels. Melange de traditions et de debrouillardises, le resultat de ces constructions est magnifique.

Le campement de la jeunesse se construit aussi. Encore dispersees, des ten es regroupees par affinite politique ou par nationalite essayent d’organiser un grand village tres largement autogere.

Et cette ruche qui pousse dans tous les sens promet au moins et le nombre et la diversite.

Le soir, des habitants nous apostrophent : "Vous etes la pour le FSM ? C’est bien." Finalement le Forum est tout de meme de retour a Porto Alegre.
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FSM#2 : Occupation !

Il y a deux façons de préparer son forum social mondial à Porto Alegre : courir dans tous les sens pour trouver le programme ou bien faire une occupation.

C’est cette deuxième option qu’a choisie le MNLM (mouvimento nacional de luta pala moradia), un mouvement de mal logés brésiliens soutenu par le réseau No Vox (outre plusieurs mouvements de "sans" français ; sans papiers, D.A.L., droit devant, A.P.E.I.S., AC !... No Vox regroupe des mouvements Dalits indiens, des mouvements de "sans" Japonais...)

C’est entre 1 heure et 4 heure du matin, dans la nuit du 24 au 25 janvier que des familles brésiliennes ont été acheminées par un bus aux rideaux fermés, pour faire au plus discret, afin de prendre possession d’un immeuble sur la principale avenue de Porto Alegre, Borges de Medeiros.

Cet immeuble, un ex-centre de soin abandonné depuis quelques années, appartient à l’état du Rio grande do sul, passé du PT à la droite.

Le choix d’un immeuble "fédéral" à l’ouverture du Forum n’est pas un hazard. En effet, la droite brésilienne locale, notament avec Rigotto -le gouverneur- et Fogaca -le nouveau maire de Porto Alegre-, a decidée de faire bonne figure par rapport au forum. Le but de l’action est donc de profiter de la brèche ainsi ouverte pour insister sur la "fonction sociale des bâtiments publics" tel que le revendique le MNLM. D’ailleurs un action similaire avait été mener lors du premier FSM. Côté boutiquier, notons que le soutien des Alternatifs fût pour le moins visible.

Malgrès toutes ces bonnes choses, utiliser le Forum Social Mondial pour cette action a un revers. Le bâtiment risque fort d’être repris à la fin du forum, aprés le départ des journalistes.

No Vox va engager de nouvelles négociations, la Lutte continue...

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FSM#3 : Manifestation d’ouverture du FSM Le cadavre a la forme !

"Le forum est-il en crise ?" s’interrogent, comme tous les ans, les analystes autorisés. La manifestation d’ouverture du 5è FSM pourrait, à elle seule, être une réponse : "ça va très bien, merci." 200 000 personnes (chiffres de la presse de droite) ont manifestées du centre ville à la place Pór-do-Sol. De 16h à 21h30, ce défilé - le plus gros qu’aient connus les FSM - a brassé des cortèges jeunes, dynamiques, mélangés et radicaux. L’image des altermondialistes, telle qu’elle est trop souvent véhiculée par les médias français (le cadre quadra bac+4, de gauche mais pas trop) est ici totalement balayée.

Un tour, forcément partiel, de la manif :
Le cortège comprenait des représentants des différents continents.

 Le Forum Social Africain et des délégations de certains pays d’Afrique aspirant à l’organisationen Afrique du prochain FSM en 2007.

 Les Asiatiques, particulièrement représentés par des délégations de l’Inde, du Japon et de la Corée du Sud.

 Le continent américain avec un cortège conséquent du Québec (pour l’Amérique du Nord) et de nombreuses délégations regroupées par pays pour l’Amérique Latine :

Les Chiliens étaient très nombreux et très dynamiques ; Les Uruguayens, les Paraguayens, les Vénézueliens, les Guatémaltèques, Les Péruviens étaient également en nombre ; L’Argentine était représentée par diverses organisations : Attac, le mouvement Piqueterros (Barrio de Pie et le Courant Classique Communiste), la centrale syndicale CTA et la coalition politique Izquierda Unida.

Enfin, le Brésil était représenté par une multitude d’organisations couvrant tout l’éventail politique, syndical et associatif. A noter qu’une importante délégation d’indiens d’Amazonie représentait le Forum Social Amazonien.

 L’Europe, quant à elle était peu visible et moins présente que lors des précédents forums. Seules quelques délégations syndicales constituaient un semblant de cortège : CGIL, CGT-PTT, SUD PTT, etc. Il convient d’ajouter quelques drapeaux d’ATTAC, basques, d’EUiA. Petit plaisir : les Alternatifs formaient un cortège bien visible autour d’une quinzaine de drapeaux. Curieusement, les Alternatifs était d’ailleurs la seule organisation politique européenne présente dans le défilé. Rifundazione comunista, très présente il y a 2 ans, était totalement absente ; de même que les COBAS.

Outre les délégations des différents continents, plusieurs collectifs regroupaient des milliers de personnes : solidarité avec la Palestine, solidarité avec le peuple irakien, collectif pour la paix. Différentes coordinations nationales ou internationales contre l’ALCA (accord de libre échange des amériques) et pour l’annulation de la dette constituaient de gros bataillons. La Marche mondiale des femmes avait également un cortège important et très festif. La légalisation de l’avortement était un thème revendiqué.

Le secteur de l’économie solidaire était également très présent : comités de base, mouvement coopératif. Le secteur environnementaliste était peu visible hormis le cortège de Greenpeace.

Les mouvements caritatifs étaient beaucoup plus représentés ; Caritas, mouvement des chrétiens pour la paix, Emmaus international, etc.

Les syndicats brésiliens étaient très présents et en force ( CUT, sa tendance de gauche, MST, COMTAG). Citons également d’autres syndicats sud-américains comme la CTA argentine, le PIT-CNTn uruguayenne et des syndicats asiatiques comme la KTCU coréenne et le NTUI indien. Pour les partis brésiliens, tout le spectre de la gauche était représenté. Mais seul le PT, ses tendances de gauche, ses alliés locaux ( PCdoB et le PCB) et ses scissions (PSTU et PSOL) avaient des cortèges conséquents. Les cortèges du PSTU (ancienne scission de démocratie socialiste) et du PSOL (récemment sorti du PT) qui avaient pour objectif dans cette manifestation de dénoncer la politique de Lula étaient séparés par les NO-VOX.

Il y a deux jours, lors d’une réunion du CRIID, Chico Withaker du comité organisateur interrogeait les participants : "on dit le FSM en crise. Combien d’entre-vous sont nouveaux ? (une majorité de mains se lèvent) Combien sont fatigués ? (peu de mains)".

La manifestation d’ouverture apporte un démenti encore plus fort.
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FSM#4 : place aux débats

Apres la manif festive et colorée de Mercredi, une fois les brumes du concert de Gilbert Gil et Manu Chao dissipées, les choses “sérieuses” ont débuté.

Plus de 120 000 personnes, cela fait du monde. Sauf qu’elles sont éparpillées sur 11 espaces thématiques repartis sur 5Km le long de la lagune. Chaque espace est organise autour de grands chapiteaux bordes de plus petits. Il s’agit de gros bourg, avec ses buvettes ( on dit “lanchonettes” ici) officielles ou informelles, son bureau d’information, tout est très formalisé, repéré. Les tentes sont équipées de gros ventilateurs, sorte de gigantesques hannetons y diffusant en outre de la brume rafraichissante. Tout est prêt donc. Les débats commencent. Quelques problèmes techniques ; sonorisation défaillante, ou, a l’inverse, voisins omniprésents. On doit vite stopper les hannetons pour s’entendre ! Mais le principal problème est la traduction : elle est très souvent absente, non faute de traducteurs mais faute de casques. Du coup, les non-lusophones ou non-anglophones se retrouvent totalement dépendants de quelques volontaires autour desquels ils se regroupent.

Les brésiliens sont bien évidemment très dominants, mais la délégation française est aussi très nombreuse. Pour les débats eux-mêmes, qu’il s’agisse de “grand messe”, de séminaires, d’ateliers ..., on n’a que l’embarras du choix. Certains s’incrustent, d’autres papillonnent ... Des grands chapiteaux quasi vide, des tentes hyper bondées : visiblement ce sont les réseaux qui font les succès ou non de tel ou tel débat. Il est vrai que le programme, deux cahiers de 130 pages plus le programme culturel peut tout a la fois effrayer ou nourrir une joyeuse boulimie. La plupart des participants semblent avoir en main une liste beaucoup plus limitée. Ceux venus par les réseaux disposent d’une pré sélection. Pour nous Alternatifs nous tentons de faire une sélection large, chaque soir selon les passions de chacun(e)s.

Mais le FSM c’est aussi un évènement politique. Et le plus marquant, hier, la venue de Lula. Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il s’agissait la d’un véritable test de popularité. Dans le stade une dizaine de milliers de militants arborant “100% Lula”. En dehors, une forte délégation de dissidents du PT (PSTU et P-Sol) dénonçant le “traître Lula” et brûlant son effigie ... “Ambiance”. Une délégation des Alternatifs a rencontre hier Sofia Cavedon, élue locale du PT a PoA, investie dans la démocratie participative. Elle a partage une autre approche des tensions actuelles dans le PT et la gauche brésilienne, particulièrement ici, après deux défaites électorales successives dans l’état et la ville.

Les ateliers

Souveraineté alimentaire

Pour la 1ere fois lors des FSM, les Alternatifs ont pris l’initiative d’organiser, ou plutôt de co-organiser, des débats. Hier, il s’agissait de la souveraineté alimentaire. La co-organisation avec notamment lê CRID (Collectifs d’ONG de solidarités Nord Sud), la FETRAF (Syndicat d’agriculteurs familiaux bresiliens), la Confédération Paysanne Européenne a permis de réunir un large panel d’intervenants, bresiliens, nigériens, européens ... et même chinois.

Sans entrer dans lê détail des propositions de l’atelier qui a suivi, l’essentiel tient a la décision de mettre en place un forum permanent de la souveraineté alimentaire, lieu d’information et de formation, d’initiatives aussi. Un réseau de réseaux.

Emile Ronchon

Réflexion sur l’immigration animé par George Castella Sarriera de l’universite catholique de PoA Une assistance tres jeune (3/4 de de 25 ans). Des échanges de ce débat ressortent les problématiques suivantes :

 la discrimination des personnes est universelle, et l’image négative des migrants est accentuée par les medias

 a contrario l’influence de l’Eglise catholique en Amérique du Sud qui facilite malgré tout l’acceptation de l’autre par cette culture chrétienne

S’intégrer sans perdre son identité, créer une image positive, lutter pour l’égalité des droits. Reconnaître les compétences des uns et des autres. Un groupe de femmes peruvienne l’ont mis en pratique et ont abouti a une déclaration des droits des migrants et se sont mobilisées pour venir au Forum tout en ayant que 2Rs par jour pour y vivre, mais elles sont la et témoignent.

Brigitte Carraz

Fantaisie et Irrévérence

C’est sur des slogans : “nous sommes des femmes, pas des marchandises” “Nous les femmes nous faisons le monde que les gens aiment” chantes sur un air de samba que l’atelier de la Marche Mondiale des femmes a commence, comme dans la manif.

Pour conclure, sans les femmes, sans la culture, pas d’autre monde possible.

Des femmes de tous les pays d’Amérique et d’Europe se sont succédées sur le podium, symbolisant le parcours de la charte des femmes pour les droits de l’humanité dans les prochains mois. Cette charte partira le 8 mars de Sao Paulo pour arriver a Ouagadougou le 17 octobre.

Malika, Nathalie et Nicole

Création d’une monnaie sociale mondiale

Tel était le thème du séminaire que j’ai anime avec Heloisa Primavera, qui a expérimenté cette pratique en Argentine. Comme grande vulgarisatrice, nous nous sommes vite retrouves sur la même longueur d’onde avec un public attentif et convaincu.

La monnaie est avant tout un moyen d’échange, un déclencheur d’activité et non un outil de spéculation. Sur place, dans le cadre du Forum, une expérimentation a été mise en place. Elle permet de démontrer que la monnaie peut effectivement provoquer du lien social entre les individus et que le lien est plus important que le bien.

Reste maintenant a réfléchir au moyen de relier ces différentes expériences et créer une monnaie sociale, mondiale, vecteur de lien et de rencontres et non une monnaie virtuelle, type carte a puce, qui nous replacera dans un rôle de consommateur. Roger
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FSM#5 : Les enfants des fleurs, ceux du commerce, ceux du forum

Sur la terrasse de l’hôtel Ritter, le QG que le CRID s’est choisi le temps du Forum, il n’y a pas qu’une piscine, il y a aussi une belle vue sur la lagune de Porto Alegre. En regardant un peu plus au Nord , on peut voir les toits de tôle ondulée du quartier de Flores (les fleurs).

C’est là que vit une grosse communauté de Papeleros, les chiffonniers qui traversent toute la ville, tirant derrière eux d’énormes charrettes á bras.

Il y a quelques mois, un incendie a rasé en une heure la moitié de la favela. "Mais sans faire le moindre mort, ni de blessés" se félicite l’un des responsables de cette communauté.

Depuis plus de 16 ans, avant même l’arrivée a la Mairie du PT, ils ont bataille pour garder leur local, puis pour l’améliorer. Ensuite, ils se sont totalement investis dans le budget participatif pour continuer cette lutte.

Un hangar commun payé par la mairie pétiste leur sert de lieu de tri des déchets récupérés, qui s’effectue pour partie en groupe, et pour partie individuellement.

Dans peu de temps, les habitants devraient bénéficier de logements en "dur", quand leur quartier sera totalement remodelé.

L’un des fils des Fleurs (Flores) raconte qu’il a couru tous les FSM tenus à Porto Alegre afin que "toute la Planète connaisse les engagements de la municipalité" vis à vis d’eux, et que si, par malheur elle ne les respectaient pas, ils sauraient aussi "le faire savoir au Monde".

Fils de Commerce

En face des chapiteaux accueillant les débats sur l’"Économie souveraine, pour et par les peuples, contre le capitalisme néo-libéral", s’élève un gigantesque centre commercial, tout propre, tout moderne, tout climatisé, au milieu de son jardin "public sponsorisé" aux allures d’allée triomphale avec ses colonnades. Ici le Brésil, enfin le Brésil qui compte économiquement, vient flâner à l’américaine, des lieues au dessus de la populace et du bruit. Des employés en uniforme sont là pour s’occuper des enfants, permettant aux parents de vaquer à leurs emplettes en toute quiétude.

Les fils des Fleurs, ceux du centre commercial, et les participants au forum sont dans la même ville. Tous se croisent. En s’ignorant ?

Les Papeleros sont allés à la rencontre des alters, animant un cortège lors de la manifestation. Chaque jour, ils se rendent visibles, animant des débats, discutant, interpellant, tout en poursuivant leur tache harassante et routinière du ramassage de nos déchets. Des passerelles s’établissent qu’il ne tient qu’a chacun de multiplier, de renforcer.

En revanche, l’abîme qui existe entre les fils des Fleurs et ceux du Commerce ne semble pas prêt de se combler, malgré les belles paroles de nos gouvernants à Davos.

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FSM#6 : La gauche dans le monde arabe.

Le forum de Porto Alegre n’est pas seulement l’occasion de se retrouver entre Français hors du cadre habituel ou de rencontrer les brésiliens. Il permet ausside connaître les luttes à travers le monde et notament dans le monde arabe. Des représentants Libanais, Egyptiens, Tunisiens et Marocains ont pu exposé la situation de cette region du globe : executions, emprisonnement, torture des opposants... Une opposition qui resiste malgrès tout et qui arrive au mêmes conclusions quand au problèmes du Magreb et cela quelque soit le pays représenté dans cette conférence :

Une gauche divisée, éclatée qui ne trouve pas de base commune pour lutter, le danger que représente l’Islam politique, la condition des femmes (absente, notament de toute déçision politique, tout comme les jeunes) et le manque de liberté traduit par l’absence de démocratie. La majorité c’est accordée pour dire que les gauches Arabes ont besoin de trouver de nouvelles pratique et de nouvelle formes de luttes. Le Forum doit aussi être un réseau d’entraide : les autres pays doivent connaître la situation et l’opposition Magrebine afin de faire agir l’opinion publique
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FSM#7 : Un forum réduit au 19/160 000ème ?

Depuis la fin du FSM 2004 à Mumbai, nous avions évoqué les divergences parmi les membres du comité organisateur du Forum entre les partisans d’un renforcement démocratique de la rencontre et les partisans d’un débouché politique immédiat pour le mouvement altermondialiste. Alors que le déroulement du forum pouvait faire penser que le débat était tranché, un appel relance, au moins médiatiquement, le débat.

Deux positions

Parmi les membres du comité organisateur, des personnalités telle que Chico Whitaker -de lABONG - défendait un renforcement de lauto-organisation des activités, la multiplication des espaces et des opportunités de voir converger les initiatives et les débats de la façon la plus horizontale qui soit. C’est ce qui prédominait dans le déroulement de ce FSM. Ainsi, les grands messes avec vedettes et thèmes consentuels marginalisant (potentiellement) les petits ateliers éclatés dans de multiples salles dans la ville ont été remplacé par une multitudes de salles, pour plusieurs milliers de réunions dans un lieu unique (avec, par exemple, des salles libres tous les soirs pour permettre des réunions plus spontanées). Ainsi aussi, le comité organisateur sest interdit de proposer ses propres réunions car "elles auraient semblé plus légitimes que les autres aux yeux de certains" (C.Grzybowski). Comme ponctuation des articles sur le FSM dans les journaux locaux, c'est bien "Autogestão" qui revient toujours. Autres organisateurs du forum, des personnalités telles que Cassen ou Sader prônaient eux la production d'une base commune á la majorité des participants du forum : un "consensus de Porto Alegre " a opposer à lautre consensus, le libéral, celui de Washington.

Pour eux, il y avait urgence à faire fructifier le travail des précédents forums en produisant un outil symbolique et politique utile, quitte á s’asseoir un peu sur la réalité du forum, parce qu’on ne fait pas rentrer 160 000 réalités dans 12 points sans forcer un peu.

L’avantage d’un compromis en petit nombre, c’est qu’il y a moins de monde á convaincre. C’est à lhôtel Plaza San Rafael ( le genre dhôtel où lon croise rarement des damnés de la terre se mettant debout) qu'a eu lieu la conférence de presse des 19 signataires de lappel. Une tête pour 8400 altermondialistes (160 000/19} On pourrait débattre longtemps sur la prétention de 19 personnalités á parler au nom de lincroyable diversité du forum. On peut surtout sinterroger sur le contenu de cet appel. En effet les 12 points sont, pour le moins, en retrait au vu des débats en cours. La semaine de promotion du commerce équitable Les 12 points sont positifs, mais à avoir tant vise au consensus, leur incroyable modération est loin de faire l'unanimité. Ainsi, à côté de l'annulation de la dette des pays du sud, on retrouve le démantèlement des paradis fiscaux ("progressivement"), la "promotion d'autres formes de commerce", ... Le tout présenté comme une alternative crédible au libéralisme. Cela peut paraître un peu court... A la gauche de Chirac Surtout, quel décalage ! Dehors, sous un soleil costaud, le forum, dans son animation désordonnée, sa diversité ( avec de vraies idées novatrices et d'authentiques propositions saugrenues, avec ces micro-réseaux et ses grosses machines internationales) na de cesse de remettre en question la logique libérale et de douter de ses propres solutions, a remettre sans cesse sur le chantier. Malgré la chaleur, on est mieux dehors !

Demain, un premier bilan esquisse par les participants Alternatifs au FSM et... le récit d’une journée avec Chavez, la nouvelle idole des jeunes gauchos latinos.

Richard, Mathieu, Nathalie, Fred, Nicole, brigitte, Malika