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LE FORFAIT JOURS POUR LES NULS

par Le Snj-CGT

Publie le lundi 21 novembre 2011 par Le Snj-CGT - Open-Publishing

Cool le forfait jours ! Tu arrives à la rédac le matin tranquillement, tu prends tes contacts, tu lis les journaux et l’APF, tu fais éventuellement un sujet pour le soir. Tu peux aussi être en reportage et bosser dur, mais tu sais que demain ça sera plus calme et que tu va te faire une petite journée tranquille, aller à la piscine entre midi et deux, prendre un pot avec les copains vers 17 heures ou faire du shopping.

Est-ce que c’est comme ça dans la vraie vie d’un journaliste de télé ?
Pour quelques-uns peut-être… Pour la grande majorité des JRI et des rédacteurs, qu’ils soient à Paris, en Région ou Outremer c’est beaucoup moins cool : vite refaire le papier du Parisien ou de Sud-ouest pour l’édition de midi, enchaîner les interviews ou les bouts de reportages, courir après les micros trottoir et en Région tout refaire pour mettre en ligne sur le web ou attendre les directs-live en tournage.

50 heures par semaine … pas cool ! C’est quoi la journée de travail d’un journaliste à la télé ? Grosso modo, c’est arriver vers 9 / 10 heures le matin, faire un ou deux sujets pour partir vers 19 / 20 ou 21 heures (France2) ou aller en mission avec des horaires élastiques… Au bas mot, c’est 10 heures de travail mini par jour. 5 jours de suite, ça fait 50 / 55 heures…. payées 40 !

65 heures par semaine, encore moins cool ! Non, la CGT n’exagère pas ! L’article 2/ 2 – 1 – 2 - 1 du projet d’accord collectif stipule : « Les journalistes bénéficient d’un repos quotidien entre deux journées de travail d’au moins 11 heures consécutives. En conséquence, l’amplitude horaire maximale de la journée de travail ne peut dépasser 13 heures (soit 65 heures par semaine - NDLR) .... A titre exceptionnel, ce repos quotidien peut être ramené à 9 heures »

Et qui décide de tes horaires ? « L’activité prévisionnelle (est) fixée par la hiérarchie…. » Tu t’imagines discuter tes horaires en tête à tête avec ton rédacteur en chef ou ton chef de service ? Bonjour l’augmentation (n’oublie pas que ton chef est à la part variable !) Et tu imagines le pigiste, le CDD, ou celui qui n’a pas 25 ans de carte de presse ? Avec la pression de plus en plus forte sur les effectifs, les budgets de plus en plus serrés, la pub qui rentre mal… tu peux toujours te faire du cinéma sur le métier de journaliste… tu es bel et bien entré dans l’ère de la « News Factory », l’usine !

Journaliste = autonomie, liberté, pas d’horaires LOL ! Désopilante la note de service qui circule à France2 où les journalistes sont théoriquement au forfait jours. Elle menace de sanctions les journalistes de permanence qui ne sont pas à leur poste à 8 heures et demie du matin. Faudrait savoir, le forfait c’est pour les cadres autonomes ou c’est l’autonomie et la pointeuse ?
Rédacteur en chef, responsable d’édition, rédacteur, JRI, preneur de son (quand il y en reste un) n’ont en réalité aucune autonomie pour gérer leur temps de travail. La pointeuse, c’est l’heure du JT ! Le forfait jours n’a aucune raison de s’appliquer à ces catégories

Moins de 2 € de l’heure, LOL again ! Pour faire accepter le forfait jours, la direction mise en place par Sarkozy (vous savez, le travailler plus !), propose généreusement une majoration de 3% du salaire. Calcul facile, 50 heures payées 40, ça fait du 2 € l’heure sup. Il y a des volontaires ?

C’est quoi l’auto-déclaratif ? Se lever tôt pour aller en reportage, se coucher tard pour suivre une actu, ne pas regarder sa montre, oui ça fait partie du métier de journaliste ! Mais quand la semaine est finie, on fait les comptes. Tout ce qui dépasse 8 heures par jour est récupéré* (voire payé dans le cadre des 17 jours de CET monétisables – et dans ce cas, ça fait du 20 € de l’heure-) L’auto-déclaratif, largement pratiqué dans les rédactions de France3 permet de faire le bilan de l’activité par rapport au tableau de service prévisionnel. Le N+1 valide. C’est souple, équitable et transparent. Le Snj-CGT exige la généralisation de l’auto-déclaratif.

La semaine de 4 jours : Cool ! Dans nombre de rédactions ou de services de France 3 (JRI de la rédaction nationale), le décompte horaire a permis de mettre en place la semaine de 4 jours soit par des JSV (journées sans vacation) ou par l’alternance de RTT et de journées de récupération. Un carcan ? Non. S’il faut travailler 5 jours, 6 jours, notamment en mission, pas de problème, on récupèrera plus tard ! C’était d’ailleurs l’esprit de l’accord 35 heures à France 3.

Le forfait jours ou pas, il faudra tout de même faire les comptes. LOL et pas cool ! Pas cool pour la direction qui s’imagine que le forfait c’est tout simple à mettre en place et que ça ne coûte pas un rond. En fait, la loi (Cour de Cassation du 29 juin 2011) oblige les entreprises à faire le décompte de l’activité de chaque salarié, indiquant les jours travaillés et le respect des temps de repos. En cas de problème, d’accident, de faute professionnelle etc. c’est la boîte de Pandore (le gnome CGT qui sort de la boîte y veillera) et la porte ouverte à tous les contentieux

Le Snj-CGT n’hésitera pas à mobiliser les journalistes en cas de passage en force

* Le calcul se base sur la semaine de 40 heures (5 jours de 8 heures) assorti de 25 Jours de RTT pour arriver aux 35 heures