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Sortir de l’Euro... Jacques Nikonoff chez les Fralib...

par bernard SARTON

Publie le dimanche 4 décembre 2011 par bernard SARTON - Open-Publishing
13 commentaires

J’ai assisté avec plaisir,vendredi après-midi, à la rencontre entre les militants en lutte de Fralib avec Jacques Nikonoff sur le thème qu’il défend "Sortir de l’Euro" dont il a fait un livre à trouver à la Fnac ou ailleurs .

Les interrogations sur les luttes à venir et à prévoir pour sortir de la crise actuelle du capitalisme sont nombreuses avec la nécessité de changer vraiment de société en allant vers la société socialiste et communiste . L’Euro , arme monétaire de la grande bourgeoisie européenne, doit-il se maintenir pour éviter un effondrement de l’économie des pays de la zone euro ou doit-on en sortir comme le propose jacques Nikonoff ??

Les Fralib peuvent-ils gagner la formation d’une coopérative pour gérer eux-même leur entreprise avec le thé "l’éléphant",marque historique, avec le système capitaliste dont Unilever est un des fleurons comme multinationale de l’agro-alimentaire ? Cela semble impossible sans une municipalisation ou une aide de l’Etat. Ces organismes aux mains des valets du capitalisme feront tout pour faire capoter ce projet d’avenir qui échappera à l’avidité actionnariale si dévastatrice . Sans reprendre notre autonomie financière au niveau national avec la sortie de l’Euro et le retour du Franc nous ne pouvons avoir de prise sur nos solutions crédibles entreprenariales ,même à Fralib . Jacques Nikonoff décrit dans le détail cette sortie absolument nécessaire de l’Euro pour notre pays, complètement piégé par les institutions bourgeoises de L’UE,de la commission de Bruxelles, avec aussi le FMI,l’OMC,l’OCDE,l’OTAN chapeautant le tout pour empêcher les peuples de se libérer de l’exploitation de l’homme par l’homme .

Posant la question :"Pourquoi le PCF a renoncé pour l’instant à sortir de l’Euro ,rompant ainsi avec son choix précédent des années 50 contre la construction de l’Europe du capital", jacques Nikonoff estime ,et moi avec ,que la direction du PCF actuelle a renoncé à ce combat de classe par opportunisme avec le souci de coller à la social-démocratie, collaboratrice active de ce système en pleine crise aujourd’hui . Avoir mis 20 ans pour se rallier à l’utopie d’une Europe possible sociale c’est nier l’inégalité de développement des consciences de chaque peuple européen dirigé pour l’instant par des gouvernements de droite ou sociaux-libéraux. Renouer avec un véritable "internationalisme" des prolétaires et exploités peut se construire par un retour à un "Nationalisme" monétaire de chaque peuple européen avec la mise en place d’une monnaie d’échange inter-Etat comme le "Sucre" de l’Alba des peuples latino-américains qui équililibre les échanges d’une manière équitable sans déficit extérieur.Cet exemple formulé par Jacques Nikonoff est à mon avis trés crédible et devrait renforcer le programme du Front de Gauche "l’humain d’abord" assez "faiblard "sur ce sujet, laissant à Marine Le Pen le monopole politique de cette sortie de l’Euro . Nous savons tous l’impopularité de cette monnaie en France qui a surenchérit le coût de tout ce que nous achetons et permit à l’Allemagne de nous damer le pion sur le plan industriel . Notre classe ouvrière , dans des régions entières ,est au chômage avec la fin de la sidérurgie,des chantiers navals , des mines ,du textile et de la chaussure . Nos usines automobiles se délocalisent , même "la moutarde de dijon" est parti sous d’autres cieux . Il faut arrêter le carnage ....

Entendre ce que dit Jacques Nikonoff ,ancien ouvrier devenu économiste et professeur d’université, est absolument nécessaire avec cette crise cataclysmique du capitalisme financier qui met tous les peuples européens à la diète , à la précarité permanente , à la pauvreté endémique , en un mot au déclin de ce continent . Cette politique d’austérité drastique des classes dominantes du capitalisme est grosse de conflits dramatiques comme nous l’avons vu en Ex-Yougoslavie . le capital est aux abois avec cette crise historique,plus grave encore que celle de 1929, et il fait feu de tout bois pour éviter de mourir de sa bonne mort sociétale programmée comme l’avait prévu Marx . D’ailleurs il est très possible que nous sortions de l’Euro par la force des choses à cause de l’impossibilité de rembourser les dettes souveraines incroyables accumulées par les Etats européens, y compris l’Allemagne.Même des économistes bourgeois développent cette idée dans tous les médias .Les candidats à la Présidentielle seront mis devant le fait accompli par les marchés, et les peuples en colère seront sûrement capables d’initier autre chose pour sortir de cette crise qui les met au tapis . Sarko-Merkel rament à contre courant de la volonté populaire de changement et leurs discours tombent à plat car la réalité sociale et économique détruit tout ce qu’ils peuvent dire en pure démagogie .

Le Front de gauche et tous les révolutionnaires doivent s’unir pour organiser une "sortie de l’Euro" sur un mode de rupture efficace avec l’appui actif du peuple qui inventera une nouvelle économie des besoins loin du marché capitaliste obsolète .Nos amis et camarades latino-américains expérimentent et construisent les bases d’une nouvelle société sociale,prémisse de la société socialiste et communiste, pourquoi n’arriverions-nous pas à faire comme eux ...?

Cette rencontre avec Jacques Nikonoff a permis de remettre en place une analyse crédible et non chaotique d’une sortie de l’Euro pour nous permettre de redonner à la France son indépendance et son choix de vie futur sans "Germanophobie" que distillent les médias pour diviser les peuples comme nos dirigeants bourgeois l’ont réussi au 20ème siècle avec deux guerres mondiales. L’histoire nous a prévenus ..Il faut éviter de nouveaux carnages par la mobilisation populaire pour mettre fin au capitalisme et développer la coopération entre les peuples européens dans le respect de leur diversité nationale et culturelle . Chacun sa monnaie et une monnaie commune pour ses exportations-importations sans déficit . Et plus tard peut-être d’autres défits obligeront les nouvelles générations d’inventer autre chose de plus adaptée à leurs normes et ambitions .

Bernard SARTON ,section d’Aubagne

P.S. Le front de gauche et ses militants ne peuvent rester sans réagir sur cette question de l’Euro et du retour au Franc ...

Messages

  • "Le Front de gauche et tous les révolutionnaires doivent s’unir pour organiser une "sortie de l’Euro" sur un mode de rupture efficace avec l’appui actif du peuple qui inventera une nouvelle économie des besoins loin du marché capitaliste obsolète .Nos amis et camarades latino-américains expérimentent et construisent les bases d’une nouvelle société sociale,prémisse de la société socialiste et communiste, pourquoi n’arriverions-nous pas à faire comme eux ... ?"

    Ce court extrait... C’est tout le drame de l’enfermement du PCF malgré les portes ouvertes et de ceux qui s’en sont mal remis. Il me semble tout au moins.

  • Le franc était si progressiste que çà ?......Les capitalistes ne jouaient pas avec le franc ? Pour éviter l’exploitation des chauffeurs de camions, revenons à la traction animale !....Avec le franc, les capitalistes français ne feront plus fabriquer leur camelote en Chine ....etc ...etc

  • Il est surtout nécessaire de sortir d’un système économique qui permet en toute impunité à une bande de banksters et de traders au service d’une oligarchie de faire retourner les peuples à l’état d’esclaves !

    L’euro n’en est qu’une facette .

    t.y

  • voici un article qui ouvre une nouvelle piste, bien qu’incomplet et succint il demande a etre devellopé :

    http://2ccr.unblog.fr/2011/03/13/une-monnaie-alternative-le-franc/

  • Je pense que J.NIKONNOFF, oublie un peu vite que si la finalité, pour un marxiste du moins, c’est"SORTIR..du CAPITALISME" ..la question posée n’est pas -ou n’est PLUS -selon moi, en 2011, de "Sortir del’EURO". ou d’y rester..

    Je me pose donc à haute voix la question, , vu que j’ai longtemps soutenu ce mot d’ordre, " si l’on ne doit pas approcher autrement ces "problématiques" en fonction de la CRISE aujourd’hui et du REEL à affronter..

    Une politique progressiste en France est elle compatible avec les contraintes que le Capitalisme a pu inventer ces 60 dernières années ?

    Ma réponse est NON.


    La rupture
    c’est donc, par un processus impliquant une lutte de classes assez difficile à conceptualiser dans l’abstrait qui impliquerait :


     Que la France déclare REFUSER toute contrainte EXTERIEURE s’opposant à ces choix "citoyens"

    Ce débat serait à porter dans les masses.

    Autrement qu’avec l’"économisme " d’un Nikonnof ou d’un FDG qui reprend les conneries dela Section ECO du PCF genre" démocratisation de la BCE".. , histoire de se donner un air gauchisant par rapport au PS..

    Plus que le nom et la nature d’une"monnaie(le FRANC, l’ECU ou la piastre..) ce qui est de processus transformateur, révolutionnaire, communiste donc, c’est un rapport de forces K/travail qui mette la gouvernance en situation de RESISTANCE face au Capitalisme..

    Donc, la façon dont on se positionne vis à vis du CAPITAL, et non pas de telle ou telle monnaie suppose le débat pour définir les contours de cette RESISTANCE de classe ET de masse .

    Afin qu’une gouvernance tenant compte du rapport de FORCES que créeront les luttes , opte pour le REFUS des "contraintes" dites libérales que sont les divers plans d’Austérité sous Haute Surveillance du Capital , continentalement organisé autour de l’Allemagne .

    Ilfaut parler clair : on nous bassine avec la "dette".
    Si la guerre des classes conduit à un affrontement d’un" Etat-Nation" avec le reste du monde Capitaliste-bien entendu sans perdre du vue la finalité du COMMUNISME sans Etats, monnaies, armées, etc- au prétexte que les institutions (chaines et boulets ) entrent en contradiction violente avec l’intérêt général, la classe ouvrière , le peuple SONT en état de légitime défense.

    C’est alors une situation pré-révolutionnaire et la question des liens inter-capitalistes est posée en termes nouveaux.
    .
    Personne ne peut prévoir la suite..

    Ce qui est certain, c’est que la France n’étant pas la Bosnie ou le Cap vert..le Capitalisme dans cette nouvelle étape de SA crise globale, devra "faire" avec une France s’affranchissant des règles d’OR..du Capitalisme

    Il cherchera à éviter "le pire".

    Qui serait la contagion, par exemple.

    Nous sommes un pays riche en savoirs et savoir faire, richesses naturelles et malgré la casse, nous restons une grande puissance économique..
    Si le rapport des forces penche en notre faveur, que Union Européenne actuelle, actuel Euro , FMI , Banques Centrales et autres parasites genres appareil de financiarisation spéculative(Banques , Assurances) goutent aux choix de classes.!

    De la NOTRE, ça les changera un peu.


    L’Appropriation Sociale
    -qui n’est pas la Nationalisation étatique- mais une ’autogestion au coeur du projet, la possible confiscation de cec quiest à"NOUS"...(et que le Capital VOLE depuis des lustres, ce qui ramène le débat "indemnisations" a sa juste valeur,) la"vox populi" en permanence, c’est pour ceux qui luttent et espèrent, une autre perspective que la science de Nikonnof.

    C’est dire si ce garçon respectable qui feint aujourd’hui d’oublier qu’en période huiste, il s’est retrouvé au Comité éxécutif national du PCF...ou il pondait des notes-qui étaient du "Boccara au carré," del ’économisme parfois délirant, ce qui lui a permis de se faufiler à Attac ou aucun marxiste conséquent n’aurait pu accéder à la Présidence, voyons ! , c’est dire si lui, son p’tit M’PEP mélanchonisé, sont bien bien dans ce rôle de pseudo "élite économiste"en venant avec des bouts de slogans "éclairer la lutte de classes à Gémenos !

    ..Sans compter que certains écrits ou propos trahissent, selon moi, un penchant de "nationalisme " suspect, proche de certaines thèses des secteurs dits "souverainistes(les Pasqua, St Aignan et autres)

    Voilà , à cette heure, mon opinion..

    On dira que je méfie duFDG !

     :))

    oui c’est le leurre" et l’argent du BEURRE.(socialo)

    Cordialement

    A.C

    • Pense- que le NON aux référendums était 100% PCF ? Comment font les Américains pour réduire leur dette colossale ? En fabriquant des dollars. Comment aujourd’hui réduire les taux exorbitants et indus payés en euro par les états européens ? En revenant aux monnaies nationales donc à la souveraineté. Pourquoi le MEDEF reste-t-il attaché à l’Euro et à la BCE ? parce que ce sont "nos" grands patrons qui sont à la fois industriels, financiers et banquiers qui profitent totalement du système européen actuel.
      La posture lepeniste ne sert qu’à créer la confusion afin de détourner la lutte des classes.
      Le FN est à la politique ce qu’était le mouvement des "Jaunes" au syndicalisme ; une arme du Capital contre les travailleurs.
      L’une des premières choses qu’ont faite Lénine et les Soviets en 1917 fut d’annuler la dette contractée par le Tsarisme auprès des banques "occidentales" etc. Pourquoi ne pas développer un véritable internationalisme qui nous rendrait plus solidaires des Grecs, des Italiens,des Portugais, des Espagnols... dans le respect de leur volonté et de diversité. Tout le contraire de l’Europe du capital qui donne aux pays récalcitrants des gouvernements "d’unité nationale" où se cotoient fascistes et socio-démocrates comme en Grèce avec banquier à la tête pour sauver l’Euro.

  • Le problème ne pas seulement dans la sortie de l’euro.

    Si l’on sort de l’euro sans rien faire d’autre, le capitalisme demeure et c’est lui le véritable ennemi. La monnaie n’est qu’un outil et c’est la machine qu’il faut briser.

    Cela ne servira à rien de revenir au franc si l’on ne détruit une bonne fois pour toutes le capitalisme.

    • Personne ne dit qu’il faut "simplement" sortir de l’euro. Permettre à la France de retrouver sa souveraineté monétaire est une étape - et une étape seulement - sans laquelle toute politique de gauche dans notre pays est inenvisageable. Le principe de souveraineté monétaire peut être utilisé pour mener une politique de gauche ou une politique de droite, mais il est indispensable pour mener une politique de gauche. A moins de rêver à une Europe comportant l’unanimité (principe inscrit dans les traités) de ses membres (27 pays) voulant rompre avec l’ordre libéral... mais ça, ça s’appelle de la sciences fiction !

      Arven

    • La "souveraineté monétaire" ? Diable !
      Et si on s’orientait vers l’abolition de la propriété privée, en-deçà et au-delà des Pyrénées ?
      Et pour remplacer l’euro, pourquoi pas le "mondio" ! Non ?

    • De quelle propriété privée parlez-vous ? Abolition de la propriété privée dans le crédit, dans la production et le transport de l’énergie, de l’eau, dans la santé, les assurances, les banques..? Dans tout ce qui est nécessaire à la vie, Pourquoi pas ? Cela s’appelle le Socialisme et la liste n’est pas close. Pour l’Euro, on ne peut pas continuer comme cela sans créer de la misère noire y compris pour nous pour satisfaire les financiers propriétaires de "la dette" . Sortir de l’Euro c’est pouvoir faire descendre immédiatement les intérêts indus de cette "dette" basée sur une monnaie unique surévaluée pour faciliter les réimportations de nos "patrons délocalisateurs" et des maîtres US et Chinois (avec leurs intermédiaires Français et Européens) qui dévaluent à leur guise en "imprimant" des billets, rendant leurs marchandises plus attractives etc.
      Pour le coup, vous pouvez dire "diable !" vous irez en enfer avec nous.

  • Pour alimenter ce débat

     je compte y revenir mais dans le cadre d’un essai de débat sur : Avancée progressiste en France : Lutte des classes , souveraineté NATIONALE, Carcan dit "EUROPEEN "et ses instruments(Institutions, Monnaies "-que je vais mettre en ordre dans mon neurone ,

    -En re-compulsant quelques notes que je dois retrouver dans un coin -

    En attendant, les réponses de J.N.avec, en simple commentaire,le "gras" du sur-lignage perso

    le " non- dit" ,chez J.N est au coeur de ma divergence avec le m’PEP et le FDG :

    Ou sont les travailleurs , ou est la lutte desclasses là dedans ?

    Sans ses repères, " on" tombe dans l’angélisme du "crétinisme parlementaire " qui se mèlerait à de" l’économisme d’illusion.."
    Dans de l’incantation certes intellectuellement d’apport, mais qui, évacuant le FONDAMENTAL brouille les pistes , et peut même aider ceux qui opposent LDC et souveraineté nationale et renvoient inconsciemment le COMMUNISME à une construction "mondialisée" alors que c’est un processus ou chaque spécificité , chaque Histoire des peuples et de leurs lutte oblige à réfléchir en termes de recherche d ’UNION POPULAIRE , à partir dela réalité"nationale" dans son contexte géopolitique

    Tout cela en fonction de ce que la CRISE GLOBALE et SYSTEMIQUE du K(oui, je rabâche, ça compense les"manques" de ceux qui n’en parlent pas) engendre de nouvelles "réalités" qu’il faut se farcir pour essayer de COMPRENDRE, FAIRE PARTAGER

    Sinon il n’y a pas LUTTES de MASSE

     Encore une fois, je le redis :

    En politique, il ne SERT à RIEN..d’avoir "RAISON"

    J’ajoute en conclusion de ce commentaire c’est que si le 13 la CGT ne peut pas proposer , organiser des puissantes manifs et qu’on s’oriente vers des rassemblements (..) ce n’est pas SIMPLEMENT parce que Thibault et l’intersyndicale « "CES" section France » freinent objectivement pour X raisons la lutte...

    C’est ,qu’avant d’envahir la RUE avec enthousiasme, il faut au masses une certaine "visibilité" du champ du "possible" et de la radicalité d’Alternative, à court et moyen terme.

    A part de croire qu’en scandant sur Internet"Grève Générale ILLIMITIEE, REVOLUTION , REVOLUTION"..on fera bouger le curseur K/Travail d’un seul mm..

    Non,au mieux on muscle ses doigts ...

     :)

    Aucune politique de gauche n’est possible avec l’euro »

    Recueilli par Dominique Albertini

    Grèce, Portugal, demain peut-être l’Italie... La crise des dettes souveraines menace la stabilité de la zone euro et fait la monnaie unique un enjeu de la prochaine élection présidentielle

    . Libération.fr donne la parole à des économistes partagés sur l’avenir de l’euro.

    Premier entretien : un partisan de la sortie de l’euro, Jacques Nikonoff, professeur associé à l’Université Paris VIII, porte-parole du Mouvement politique d’éducation populaire (M’PEP), ex-président d’Attac et auteur de Sortons de l’euro !.

    LIBE :


    Pourquoi faudrait-il, selon vous, sortir de l’euro ?

    J.N : Parce qu’aucune politique de gauche n’est possible avec l’euro. Par exemple, sans être responsable du chômage, de la précarité et de la pression sur les salaires, l’euro a aggravé ces phénomènes et empêche de les résoudre. L’euro est surévalué, il est trop cher. Donc il réduit nos exportations, accélère les délocalisations, encourage les importations, fait pression sur les salaires. De plus, il a été conçu comme une monnaie de réserve concurrente du dollar pour attirer les capitaux ; la BCE a donc mené une politique de taux d’intérêt élevés qui a dissuadé l’emprunt et bloqué la croissance.

    Enfin, la monnaie unique entraîne une politique monétaire unique pour des pays aux situations économiques très différentes : certains ont besoin de taux d’intérêt forts, d’autres faibles. Des pays comme l’Allemagne ont des conceptions monétaires héritées de leur histoire, qui interdisent aux banques centrales de prêter à l’État.

    Quel serait le scénario d’une sortie de l’euro ?


    D’abord,
    il faut la victoire électorale d’un rassemblement qui comprenne que la sortie de l’euro est la condition pour résoudre le problème de l’emploi, des salaires et de la protection sociale. Le soir même de son élection, le nouveau président de la République devra annoncer qu’il convoquera un référendum le jour des législatives. Il posera la question : « Acceptez-vous que la France se retire de l’Union européenne, conformément à l’article 49A du Traité de Lisbonne ? ». Avec pour conséquence la sortie de l’euro et la suppression du titre 15 de notre Constitution qui a intégré le traité de Lisbonne malgré le résultat négatif du référendum de 2005 !

    Ensuite ?

    Ensuite les choses vont très vite : le nouveau président annonce la réquisition de la Banque de France, des banques et des compagnies d’assurance, le contrôle des mouvements de capitaux et des changes, la dévaluation du franc qui devient non convertible, l’annulation des plans d’austérité, la hausse du SMIC et des allocations chômage, l’échelle mobile des salaires et des prix, la fermeture provisoire de la Bourse et celle, définitive, du marché obligataire. Pour financer l’Etat, il impose aux banques et aux compagnies d’assurance l’achat régulier de bons du Trésor, et à la Banque de France de lui prêter sans intérêt.

    C’est Noël...

    C’est la solution ! A la Libération, comment finance-t-on la reconstruction ? Par la création monétaire qui permet de redémarrer très vite l’activité économique. Ce n’est pas de la magie, c’est de l’histoire économique.

    Pourquoi ne pas plaider d’abord pour une réforme de la gouvernance de l’euro, qui permette aux Etats de décider eux-mêmes de la politique à suivre ?

    C’est impossible. La Banque centrale européenne est indépendante, elle ne peut pas être gérée par les États. De plus, les traités disent que la concurrence doit être libre et non faussée. Or, une politique économique implique justement de changer les conditions de la concurrence. Enfin, il faudrait l’accord unanime des 27 pays membres pour changer le traité de Lisbonne, ce qui n’est pas envisageable à court terme.

    Les partisans de l’euro prédisent une explosion de la dette en cas de sortie. Que répondez-vous ?

    Partout, il faut faire défaut sur la dette, c’est à dire arrêter de rembourser les spéculateurs. La dette vient des politiques néolibérales qui ont encouragé la spéculation. A partir de 1973, une loi a interdit à la Banque de France de prêter à l’Etat sans intérêts. C’est à partir de cette époque que la dette a commencé à s’accumuler. Dubaï il y a deux ans, l’Argentine en 2002, ont fait défaut sur leur dette, avec succès. C’est un non-problème.

    La dévaluation du franc nouveau n’aboutirait-elle pas à une guerre des dévaluations en Europe ?

    Ce n’est pas un argument sérieux, car si les autres pays restent dans l’euro, ils ne pourront dévaluer ! En France, il y a eu dix-sept dévaluations au XXe siècle. Certaines ont réussi, d’autres non. La démarche que je propose n’est pas agressive. Au contraire, la France devra négocier des accords bilatéraux sur la base de la Charte de la Havane, conçue au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, qui préconise un commerce fondé sur l’équilibre de la balance des paiements. En sortira un nouvel ordre commercial qui rejette le libre-échange et favorise la coopération. Les pays qui ne signeront pas ces accords visant à la construction de ce nouvel internationalisme se verront exposés, c’est vrai, à des mesures protectionnistes.

    Si le nouveau franc est dévalué, il faudra payer beaucoup plus cher pour certains produits importés, comme le pétrole ?

    C’est un sujet tout à fait réel, d’autant que les importations d’énergie représentent les deux tiers du déficit français. Il faudra mettre en place un fonds de stabilisation des prix du pétrole. Nous sommes actuellement obligés d’avoir quatre-vingt-dix jours de réserves stratégiques. Portons ce stock à un an. Pour l’alimenter, pourquoi ne pas explorer des partenariats avec un producteur comme le Venezuela, avec qui on pourrait payer en échange de services et non de dollars, par exemple ? Par ailleurs la taxe sur les produits pétroliers (TIPP) doit être ajustable pour lisser les prix à la pompe.

    Quelle différences entre ce plan et celui que propose le Front national ?

    Elles sont très simples : pour le FN, la sortie de l’euro est un but en soi à vocation de racolage électoral sans aucune chance de succès, alors que pour moi il ne s’agit que d’un moyen de résoudre les problèmes du pays. Ensuite, cette sortie doit s’inscrire dans une visée universaliste, pas nationaliste, pour aller vers un nouvel ordre commercial international fondé sur la solidarité et la coopération et non sur la confrontation. La sortie « groupée » de l’euro proposée par le FN est illusoire, car les pays qui sortiront le feront chacun à leur rythme. Enfin, Marine Le Pen propose de négocier pendant six à huit mois : pendant ce temps, la France sera livrée au pillage des marchés financiers.

    Il semble peu probable que le vainqueur de 2012 soit un anti-euro..
    .

    On ne sortira pas de l’euro en 2012 sous cette forme. Mais il est clair que tout ceci va exploser. On ne sait juste pas quand, ni comment.

    Source : LIBERATION