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Le tueur de Florence sous influence néofasciste (video it)

par Par Ariel Dumont

Publie le jeudi 15 décembre 2011 par Par Ariel Dumont - Open-Publishing
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Le tueur de deux Sénégalais à Florence était membre de CasaPound, un groupe d’activistes violents qui, sous couvert d’actions sociales, est ouvertement néofasciste.

Au lendemain de l’expédition meurtrière d’un militant d’extrême-droite, Gianluca Casseri, qui a tué deux marchands ambulants sénégalais et grièvement blessé trois autres, la vie s’est arrêtée à Florence. Pendant dix minutes, les magasins ont baissé leurs stores et les drapeaux mis en berne devant les écoles et les édifices publics.

Après l’expédition punitive organisée samedi dernier contre un camp de gitans dans la banlieue turinoise et la tuerie de Florence, l’Italie s’interroge sur la montée de l’intolérance.
Fascistes à l’intérieur, sociaux à l’extérieur

Le tueur de Florence était membre de l’organisation néofasciste CasaPound. Crée en 1997, cette association a pignon sur rue à Rome. Elle squatte depuis 2003 un immeuble désaffecté situé dans le quartier chinois de l’Esquilino dont elle fait son siège national. Suivent quelques autres occupations pour protester contre la crise du logement.

En 2006, CasaPound franchit un nouveau pas en adhérant au parti de la Flamme Tricolore, l’héritier du parti fasciste dissous à la fin de la deuxième guerre mondiale. Deux ans plus tard, elle se dote d’une formule juridique et constitue CasaPound Italia "association pour la promotion sociale".

On retrouve ses militants comme "volontaires" au Kenya et au Kosovo. En Italie, CasaPound déboule à l’Aquila la cité des Abruzzes anéantie par un terrible séisme le 6 avril 2009. Aux cotés de la Protection Civile, elle participe aussi à différentes interventions l’an dernier.

En fait, le mouvement veut proposer une interprétation différente du fascisme et dépasser les dichotomies droite-gauche en se différenciant des orientations classiques de l’extrême-droite",

estime le sociologue Emanuele Toscano.
Rétablissement de lois mussoliniennes

Entre deux interventions humanitaires pour peaufiner sa couverture, CasaPound multiplie les activités politiques. S’insérant dans les grands débats, le mouvement propose la réintroduction du prêt social inventé par le régime mussolinien dont le but est de favoriser l’accès des couches défavorisées à la propriété. Pour relancer la natalité en berne en Italie, il demande au parlement d’adopter des mesures d’incitation avec l’ouverture de crèches et un système d’aides à la maternité.

Mais considérant le recours occasionnel à la violence comme une nécessité, les militants cassent de temps en temps du carabinier, agressent des étudiants durant les manifestations, attaquent et occupent les sièges des organisations d’extrême-gauche. Ils sont aussi soupçonnés d’avoir envoyé le colis piégé qui a blessé, la semaine dernière, le directeur général des Impôts.

Profitant du désarroi en Italie avec la crise économique et l’échec de la classe politique qui n’a pas été capable d’affronter et de comprendre l’urgence, CasaPound tente aujourd’hui de s’insérer dans le débat pour élargir son portefeuille d’adhérents. Sur son site officiel, l’association publie son programme économique qui surfe sur l’idéologie fasciste avec, par exemple, le retour aux lois bancaires de 1936 qui instauraient une séparation entre les banques de dépôts, les instituts de crédit et d’affaires.
Les immigrés, interdits de séjour

Autre chapitre intéressant : celui sur l’immigration. Qualifiés de "travailleurs concurrentiels parfaits" dans la mesure où ils acceptent des salaires de misère et des conditions d’emplois misérables, les immigrés doivent être interdits de séjour en Italie. Cela implique le "gel des flux migratoires" et "la suspension des accords de Schengen".

C’est peut-être cet aspect du mouvement qui a séduit Gianluca Casseri et introduit en lui, la nécessité de "casser du nègre" comme l’ont expliqué, en applaudissant le tueur, des internautes membres de plusieurs associations d’extrême-droite.

Mais paradoxalement, c’est pourtant ce que réfute leader de CasaPound, condamné à 4 ans de prison pour avoir matraqué un carabinier pour commémorer l’anniversaire de la mort de Benito Mussolini.

Nous œuvrons dans le social, le sport, la culture. Nous nous occupons de solidarité et ne préparons pas des tueries dans l’ombre. Notre credo politique est axé sur le social. Casseri était une personne seule, un intellectuel insoupçonnable qui ne faisait pas officiellement partie de notre association",

affirme Gianluca Iannone.

Le tueur de Florence avait pourtant participé à plusieurs "activités" du mouvement et publié cinq articles sur son site officiel. Des articles qui ont été éliminés ce matin tôt, l’association voulant se démarquer officiellement du meurtrier.

C’est d’autant plus urgent pour CasaPound, que l’arrestation à Rome ce matin de cinq militants d’extrême-droite pour apologie du fascisme, les temps risquent d’être difficiles pour le mouvement.

La mairie de Florence paiera le rapatriement des corps au Sénégal et les funérailles. Pour sa part, la communauté sénégalaise de Florence, forte de 250 membres, a appelé à "une grande manifestation" samedi prochain dans le centre-ville.

http://fr.myeurop.info/2011/12/14/le-tueur-de-florence-sous-influence-neofasciste-4099


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