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N’oublions pas nos camarades disparus (video)

par Roberto Ferrario

Publie le mercredi 21 décembre 2011 par Roberto Ferrario - Open-Publishing
2 commentaires

Yves Domergue, Cecilia Rotemberg et Marie-Anne Erize sont "disparus"... victimes de la dictature militaire argentine entre 1976 et 1983.

Mais ils ont été aussi anciens élèves ou enseignants du lycée franco-argentin Jean Mermoz de Buenos Aires et du Collège français de Belgrano (établissement précédent, fermé en 1969).

Trente-cinq ans après ces disparitions, une grande majorité de la communauté du lycée l’ignore encore.

Avec l’intention de rappeler ces faits et de rendre hommage à leurs anciens camarades disparus, deux anciens élèves du lycée, Michelle Aslanides (promotion 85) et Roger Sorbac (promotion 76) se sont fixé comme objectif d’inaugurer une plaque dans l’enceinte du lycée, avec l’appui d’un groupe d’anciens élèves constitué a cet effet*.

Les jugements rendus lors du procès ESMA le 26 octobre dernier, et notamment la condamnation d’Alfredo Astiz, pour laquelle le ministre des Affaires Etrangères M. Alain Juppé a félicité l’Argentine, vont dans le sens d’un nécessaire devoir de mémoire, sur lequel la France et l’Argentine sont en phase.

Un deuxième procès débuté le 7 novembre dernier à San Juan, dont les prévenus sont Luciano Benjamin Menéndez, Jorge Olivera et dix autres militaires accusés d’avoir fait disparaître Marie-Anne Erize, rappelle l’ampleur et la gravité des faits que nous voulons commémorer avec le projet que nous présentons ici, et que nous vous demandons de soutenir.

Ce projet d’inauguration à déjà reçu l’aval des familles des disparus et recueilli environ 700 adhésions parmi les élèves, personnels et familiers du lycée.

Présenté à l’Ambassadeur de France en Argentine, Jean-Pierre Asvazadourian, et à la proviseure du lycée, Sabine Dubernard, ils ont manifesté leur soutien et demandé à ce qu’il soit largement diffusé. Depuis, il a été présenté a l’amicale des parents d’élèves et aux professeurs.

Nous sommes en attente de leur aval.

Notre projet :

En un premier temps faire connaître auprés de la communauté du lycée les faits, présenter le projet et organiser une pétition afin de recueillir les signatures "on line", à travers un blog créé à cette intention à l’adresse

 www.ancienslyceemermozeurope.blogspot.com

Avec le soutien des familles des disparus, présenter le projet aux autorités : Ambassadeur de France en Argentine, Proviseur et personnels du Lycée, amicale des parents d’élèves association des anciens élèves... en demandant leur adhésion au projet.

Une fois le consensus obtenu, lors d’une cérémonie où seraient présentes les familles des disparus, le personnel du lycée, les autorités, et prévue au premier semestre 2012, inaugurer une plaque commémorative dans l’enceinte du lycée et planter un arbre en leur souvenir.

Les fonds nécessaires à la réalisation de la plaque et l’achat de l’arbre seraient récoltés parmi les signataires de la cette pétition et la communauté des lycée et du collège français, de façon à ce que tous ceux qui ne pourraient assister à la cérémonie d’inauguration puissent être fiers d’avoir participé à ce projet, qui n’aurait pas pu se faire sans eux ...

La conception de la plaque pourrait être un projet de création, soumis à la communauté du lycée, mais le texte de la plaque sera le fruit d’un consensus entre les familles des disparus, le groupe organisateur du projet, les observations adressées par les signataires de la pétition et l’avis des autorités du lycée et l’ambassade de France en Argentine.

En un deuxième temps, et laissé à la libre appréciation du corps enseignant du lycée, notre projet propose un volet éducatif sur l’histoire récente de l’Argentine, basé sur les documents existants et du travail de recherche qui serait à réaliser par les élèves encadrés par leurs professeurs, avec pour exemple le travail réalisé par les élèves de Juliana Cagrandi, professeure à Melincué, petite ville de 2500 habitants près de Rosario, province de Santa Fé, travail qui a abouti à l’identification du corps d’Yves Dormergue et de sa compagne 34 ans aprés sa disparition .

Nous vous remercions de nous avoir lu, est espérons que vous soutiendrez ce projet.

Roger Sorbac(76)

placadesaparecidosmermoz@gmail.com

* Notre groupe est composé par :
Maria-Noël Gutierrez(95), Irene Buzzi(91), Maisa Garcia (91), Angeline Montoya (91), Michelle Aslanides(85), Valeria Castello-Joubert(87), Carine de Wandeleer(82), Liliana Samuel(78) et Roger Sorbac(76)

Collectif Argentin pour la mémoire


Messages

  • "L’ange blond de la mort", Alfredo Astiz, condamné à la perpétuité

    Au terme d’un procès-fleuve, l’ex-officier de marine Alfredo Astiz et onze de ses co-accusés ont été condamnés à la prison à vie. L’"ange blond de la mort" était jugé pour des crimes commis dans les années 1970 sous la dictature argentine.

    Alfredo Astiz, surnommé "l’Ange blond de la mort", et 11 autres personnes ont été condamnés mercredi à la réclusion à perpétuité en Argentine au terme d’un procès-fleuve sur les crimes de la dictature dans les années 1970.

    Alfredo Astiz et d’autres membres des escadrons de la mort étaient jugés pour les crimes commis à l’Ecole supérieure mécanique de la marine argentine (ESMA), où environ 5.000 dissidents ont été emprisonnés et torturés sous la dictature, de 1976 à 1983. Peu de prisonniers en sont sortis vivants.

    Au terme de ce procès de 22 mois, au cours duquel ont témoigné 79 survivants, 12 accusés ont été emprisonnés à vie tandis que quatre autres ont été condamnés à des peines allant de 18 à 25 ans de prison.

    Parmi les condamnés à la réclusion à perpétuité figure notamment Jorge Acosta, surnommé "le Tigre", qui a déclaré au cours du procès que "les atteintes aux droits de l’homme sont inévitables durant une guerre".

    Malgré la nuit froide, des centaines de personnes s’étaient rassemblées à l’extérieur du tribunal de Buenos Aires, lui-même bondé, pour écouter le jugement. Certaines brandissaient des portraits des victimes. La foule a applaudi à l’énoncé de chaque verdict.

    "Nous pouvons enfin vivre en paix, sachant que justice a été rendue", a dit une femme à une chaîne de télévision argentine.

    Les insultes ont fusé contre Alfredo Astiz lorsque sa condamnation a été annoncée. Une fois l’ensemble des jugements prononcés, la foule s’est mise à danser, certains pleurant, d’autres s’embrassant.

    Ancien officier de marine, Alfredo Astiz s’était vanté de ses crimes dans une interview donnée en 1998 à un magazine. Il s’était alors présenté comme "l’homme le mieux formé en Argentine pour tuer des journalistes et des politiques".

    "Je ne regrette rien", avait-il également déclaré.

    Infiltration

    Durant la dictature, il a infiltré des organisations de défense des droits de l’homme dont des membres étaient ensuite enlevés. Il a été condamné par contumace en France pour
    l’enlèvement de deux religieuses françaises emprisonnées à l’ESMA, la plus célèbre des prisons clandestines de la dictature militaire.

    On estime qu’environ 200 personnes seulement ont survécu aux geôles installées dans cette école militaire. La plupart des 5.000 autres prisonniers ont été drogués, mis dans des avions et largués en mer.

    Alors que les prisonniers étaient détenus pendant des heures, pour certains pendant des années, sous les combles de la résidence des officiers de l’ESMA, ces derniers continuaient de vivre une vie normale dans les étages inférieurs.

    Les organisations de défense des droits de l’homme estiment à 30.000 morts le nombre des victimes des six années de dictature en Argentine.

    Après la chute du régime militaire, d’anciens membres de la junte ont été condamnés avant de bénéficier d’amnisties.

    Alfredo Astiz a lui-même tenté de reprendre une vie normale. Il a ainsi été photographié dans des boîtes de nuit ou sur ses lieux de vacances. Devenu un symbole des crimes de la dictature, il a toutefois été agressé à plusieurs reprises en public.

    En 2005, la Cour suprême d’Argentine est revenue sur les lois d’amnistie à la demande du président de l’époque, Nestor Kirchner, dont la veuve Cristina Fernandez vient d’être réélue à la tête du pays.

    Depuis, la justice argentine a condamné plusieurs anciens officiers pour atteintes aux droits de l’homme.

    Nestor Kirchner et Cristina Fernandez se sont rencontrés alors qu’ils étaient étudiants dans les années 1970. Plusieurs de leurs amis ont été enlevés et assassinés à cette époque en raison de leurs activités politiques.

    27/10/2011

    http://www.france24.com/fr/20111017-argentine-proces-alfredo-astiz-ange-blond-mort-dictature-perpetuite-prison-crimes-religieuses-francaises

  • Pour comprendre les forces agissant à l’époque :

    Les deux principales forces militantes qui firent face aux fascistes argentins :

     les Montoneros

     le PRT-ERP (Parti révolutionnaire des travailleurs-Armée révolutionnaire du peuple)

    Ces deux mouvements furent écrasés par les militaires argentins entre la fin du Péronismeet la dictature des Militaires, avec des milliers de morts pour chacun de ces mouvements.

    Ces deux organisations ont été physiquement éliminées .

    On peut lire aussi cette tentative d’articulation de la résistance des groupes guévaristes et révolutionnaires dans le cône sud de l’Amérique latine :Junta de Coordinación Revolucionaria.

    On peut lire également des choses sur l’opération condor , entente des dictatures d’Amérique latine pour éliminer physiquement les mouvements révolutionnaires du continent : Chili, ’Argentine, Uruguay, Paraguay, Bolivie et Brésil.

    Des assassinats furent commandités sur la planète pour éliminer le mouvement révolutionnaire en Amérique latine.

    la collaboration de l’impérialisme américain est bine connue. Celle de la France moins connue, de 1959 à 1981 une mission militaire française permanente était à Buenos Aires pour conseiller les militaires argentins. Les services français furent très présents . Cela fut reconnu par le chef de la Police politique argentine ("DINA") :
    « C’est la DST qui a le plus coopéré. C’était un service de renseignement ami. »
    .

    A cela se rajouta la participation active d’ex OAS recyclés là bas.

    C’était à l’époque où un ministre de droite en France disait à la télé à propos de la gauche : Ils vous promettent le Pérou et vous aurez le Chili...

    A bon entendeur.

    Hymne des montoneros
    http://www.youtube.com/watch?v=6lmoVGsLyDs&feature=related

    hymne de l’ERP
    http://musicatono.com/escuchar/marcha-del-erp-marcha-del-erp/550b9da

    Il s’agit là de recoudre l’histoire, de ne pas construire des avenirs amnésiques.

    Les procès en cours, conférences , manifestations, sont importants, afin que le cheminement de l’esprit de ces combats n’ait pas été éliminé dans des salles de torture, avec les grands états impérialistes pour donner les outils aux chirurgiens de l’horreur.

    Il ne s’agit pas là d’approuver ou désapprouver des orientations politiques mais de comprendre que les victimes des bouchers argentins étaient des nôtres, de ceux qui combattent les injustices, ni des bandits, ni des criminels.

    Les histoires du passé recoupent celles du présent :

     quand on apprendra que Villepin fut celui qui referma la question de la participation de la France aux opérations criminelles de l’opération Condor lors d’un voyage au Chili.

     Quand on apprend qu’un Mélenchon se permit de dire :

    C’est le retour attristant à la tradition de l’ancien criminel de droit commun argentin, Paolo Paranagua que l’amicale des anciens de la ligue communiste révolutionnaire au « Monde » avait fait embaucher. Son passé de voyou dans la branche dure de « l’ejercito revolutionario del pueblo » (ERP) attendrissait les révolutionnaires germano- pratins, nonobstant les crimes et provocations de cette soi disant armée du peuple !

    Passer du désaccord avec un journaliste anciennement de l’ERP a un cri de haine contre l’ERP est assez impressionnant.

    Décidément il pourra aller dire cela aux pères, mères, épouses, enfants, grands-mères de la place de Mai à Buenos Aires qui ne veulent pas qu’on assassine une deuxième fois leurs enfants, maris, pères, etc ...

    Il pourra également nous expliquer cela au MIR chilien (allié de l’ERP de l’époque)qui ex-filtra des dirigeants de gauche par l’Argentine pour les préserver de la soldatesque de Pinochet . Sacrés voyous va !

    L’histoire se niche bien dans tous ces méandres. Hélas.

    La mémoire de ces jeunes gens et le respect qu’on leur doit est importante, elle passe par l’établissement des faits, des fouilles, des recherches et des procès si possible.

    La tuerie de cette génération n’ouvrit pas une route lumineuse aux charlatans de la gauche mais une porte vers l’abime où des mouvements révolutionnaires commencent à se reconstruire pour faire tourner la roue dans le bon sens.