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RD Congo : le vol à main armée du suffrage populaire par Joseph Kabila.

par J.U.D.A

Publie le dimanche 25 décembre 2011 par J.U.D.A - Open-Publishing

De Komla KPOGLI
25 décembre 2011
Web : http://lajuda.blogspot.com

Nous avons coutume à la J.U.D.A de dire que les régimes tyranniques dans les territoires africains n’organiseront pas d’élections justes et transparentes. Attendre donc autre chose que des résultats fabriqués de toute pièces des cirques électoraux auxquels notre peuple est convié dans tel ou tel territoire tous les 05 ans relève de l’ignorance des réalités qui sont les nôtres. Les élections ce sont : un cadre étatique au service de l’intérêt commun, des normes abstraites et générales, la vérité du peuple librement exprimée, le choix du peuple. Tout ceci pour dire qu’une élection est un processus encadré par des règles qui confère au peuple la possibilité de choisir entre des candidats qui lui soumettent des offres politiques dans un cadre étatique.

Or, la réalité qui est celle de l’Afrique c’est que les Etats n’en sont pas. Leur inexistence se manifeste par leur absence à tous les niveaux de la société si ce n’est que dans le secteur de la répression militaro-policière au profit de l’Internationale du pillage. Tous les pouvoirs qui concourent à l’organisation du scrutin sont inféodés au prince qui les contrôle par le biais de son pouvoir de nomination ou de révocation. Quant aux règles, elles sont taillées sur mesure au prince et à son clan à l’insu du peuple par des parlementaires cooptés ou eux-mêmes sortis d’élections soi-disant législatives. En ce qui concerne les fameuses commissions électorales nationales, elles ne sont que des cadres pour habiller la fraude avec la participation de ce qui est appelé "l’opposition" sous nos cieux. En plus de tout ceci, les tyrans africains ont l’argent et tous les réseaux maçonniques, médiatiques, religieux et militaro-affairistes qui vont avec.

Joseph Kabila, le voleur à main armée du suffrage populaire lors de son auto-couronnement à Kinshasa.
Joseph Kabila, le voleur à main armée du suffrage populaire lors de son auto-couronnement à Kinshasa.

Dans un tel décor qui doit être surpris que les dictateurs africains "gagnent" toujours les élections ? Ce n’est pas Jacques Chirac qui s’en étonnera. Lui, au moins, avait très tôt compris ce que les africains jusqu’à nos jours ne veulent pas voir ou savoir. Le Canard enchaîné du 28 juillet 1999 rapportait des propos tenus hors micro par Jacques Chirac, l’avocat autoproclamé des dictateurs africains : "Il faut bien que les dictateurs gagnent les élections, sinon ils n’en feront plus." Cette logique vient d’être respectée au Congo où Joseph Kabila a fait la présidentielle pour ne pas la perdre même si le peuple a massivement voté pour Wa Mulumba Etienne Tshisekedi. Et le procédé est toujours le même : "l’opposant" est suivant les premiers dépouillements en avance puis, il se fait doubler par le tyran qui devient, par renversement du vote, l’élu. Cette pratique confirme l’idée que la seule industrie qui marche en Afrique c’est celle de transformation des bulletins de vote. Ceux-ci rentrent dans les urnes avec une couleur et en ressortent avec une autre, souvent celle de l’homme soutenu par le système colonial.

Il n’y a donc pas élection en Afrique, mais cirque électoral. Malheur donc au peuple qui, dans ces territoires africains, fonde ses espoirs sur ce cirque ! Sa déception sera d’autant plus grande qu’il n’a en réalité aucune prise sur les instruments qui oeuvrent à sa réalisation. Aussi, le système colonial est-il bel et bien incompatible avec l’élection comme mode de désignation des gouvernants. Dans un système colonial, les "chefs indigènes" et les "cadres administratifs" que sont les fameux dirigeants africains sont sélectionnés par cooptation. Le peuple peut certes avoir l’illusion de jouer un rôle dans cette sélection. Mais cela reste une illusion. On l’invite certes à voter, mais sa voix ne compte pas et ne comptera pas au final. Le pouvoir de décision ne lui revient pas et il ne doit pas lui revenir. C’est pour cette raison que les seuls dirigeants qui en Afrique avaient eu l’onction populaire étaient ceux qui avaient été matinalement assassinés au lendemain de la proclamation des indépendances fictives. Ceux qui, plus tard, seront élus à leur tour, seront renversés par coup d’état ou assassinés eux-mêmes. Ne restent donc au pouvoir que ceux qui ont juré fidélité au système colonial. Et, en la matière, la règle est que plus l’élément au pouvoir ou à porter au pouvoir démontre sa capacité à travailler contre les africains, plus il est maintenu au pouvoir ou plus vite il y est porté.

Ce qui se joue manifestement, devant nous, au Congo c’est le choix de celui qui est à même de laisser le contrôle des richesses du pays entre les mains de l’extérieur. Joseph Kabila était durant quelques années dans le viseur des occidentaux pour avoir osé faire entrer la Chine au Congo par la grande porte. En effet, Joseph Kabila avait en 2007 offert à la Chine des centaines de milliers de tonnes de matières premières (cuivre, coltan...) contre la "construction d’infrastructures" équivalant à 9 milliards de dollar US. Cet accord, mieux ce bradage somme toute honteux car confirmant le caractère colonial des économies africaines auxquelles on a assigné la mission de toujours livrer leurs matières premières contre des produits finis bas de gamme, avait été vivement dénoncé par les occidentaux notamment à travers le FMI et la Banque Mondiale qui ont perçu là une grave menace. Le FMI, le très libidique Dominique Strauss Kahn à sa tête à l’époque, avait considéré avec force qu’il s’agissait d’un endettement du pays qui négociait d’ailleurs l’escroquerie appelée "allègement de sa dette". Les Occidentaux avaient sorti l’artillerie lourde contre Kabila qui avait été forcé de revoir à la baisse la quantité de minerais que la Chine aura à prélever. Après une maigre résistance, Kabila avait fini par plier l’échine. Mieux, il ira jusqu’à garantir aussi bien à la Chine qu’aux occidentaux l’accès aux matières premières.

Dès lors que cette garantie est apportée, ces deux blocs qui se disputent les richesses en territoire congolais signent un cessez-le-feu et confirme au pouvoir aujourd’hui Joseph Kabila sur le dos des africains du Congo. On n’avait pas assassiné Lumumba et ses compagnons et on n’avait pas plongé le Congo sous le mobutisme pour qu’après les chinois y prennent pied. De même, on n’a pas assassiné Lumumba, on n’a pas assassiné Désiré Kabila et on n’a pas plongé le Congo sous une guerre incessante pour que quelques années plus tard le peuple africain qui y réside ait la possibilité d’élire celui qui doit être au pouvoir. Offrir cette possibilité au peuple africain du Togo, c’est vouloir lui donner la pouvoir de contrôler son espace et de jouir des biens qui y sont. Or, c’est pour éviter cette éventualité qu’on a assassiné tant et massivement au Congo. Autrement dit une élection qui consacrera le choix du peuple, sera le retour au Lumumbisme qui faisait du peuple le détenteur du pouvoir. ça n’est donc pas acceptable pour tous ceux qui veulent toujours piller ce pays bourré de toutes les richesses du monde. L’Occident et la Chine étant parvenus à un accord de partage dont Kabila est le garant le plus sûr, ces deux entités accompagnent le renversement des résultats du vote qui pourtant donne gagnant Wa Mulumba Etienne Tshisekedi. Ces deux entités soutiennent silencieusement sous les yeux hermétiquement fermés des troupes de l’ONU le massacre de notre peuple par Kabila que les USA ont d’ailleurs équipé en armes et en matériel militaire et policier à la veille de l’élection sous le fallacieux prétexte de lui assurer la sécurité.

Le processus habituel de légitimation du braquage de la vox populi en Afrique avait démarré dans le territoire du Congo dès que Joseph Kabila avait été félicité comme le vainqueur de l’élection par l’Angola (Eduardo Dos Santos, lui-même voleur multirécidiviste et détenteur de dizaines de comptes dans des paradis fiscaux). Mais avant lui, c’est Ban ki-Moon qui au nom de l’ONU avait "pris acte des résultats du vote" dès le lendemain de la proclamation des résultats inversés par la Commission électorale, plutôt la Commission de validation du vol à main armée). La France, dans son habituelle danse du ventre, écrit un communiqué et demande « aux autorités d’assurer l’ordre public dans le respect de l’État de droit » : une formulation alambiquée mais qui montre bien une direction. Plus tard, la fameuse Union Africaine (UA) a pris position en faveur de Joseph Kabila. Jean Ping, président de la Commission de l’UA qui avait dénié toute crédibilité à la Cour constitutionnelle dans le territoire de Côte d’Ivoire il y a quelques mois a fait savoir après un entretien avec le préfet local Alassane Ouattara le 22 décembre 2011 que Joseph Kabila est le vainqueur car ainsi en a décidé la Cour constitutionnelle du Congo. Mis à part ceux qui parlent, d’autres se sont engagés dans le processus par un silence cimetérial. Cette confirmation de Kabila à son poste a d’ailleurs été observée par la présence à son auto-couronnement appelé prestation de serment de tous les ambassadeurs en poste au Congo. Ce qui fait mentir tous ceux, naïvement enthousiastes, disent que Kabila n’est pas soutenu par des pays occidentaux, alias la communauté internationale qui n’étaient pas à la prestation de son serment. Grossière erreur d’appréciation des faits. Si on n’avait vu que Mugabé comme unique "chef d’Etat" à cette autoproclamation, les ambassadeurs des autres pays y étaient.

‎Le vol à main armée du suffrage populaire opéré au Congo par Joseph Kabila avec le soutien et le regard bienveillant des occidentaux et de la Chine est tellement immense qu’il ne doit jamais être accepté par notre peuple. Le peuple noir ne doit plus être le seul au monde qui accepte de subir les choix qui ne sont pas les siens et à qui on impose des rois fainéants dont la longévité dépend du degré de soumission et de leur aptitude à canaliser les richesses africaines vers l’extérieur. Il est temps pour nous de dire non à tout ceci. A notre peuple donc de maintenir sa position. L’Afrique a assez nourri les autres. Les richesses d’Afrique ont assez engraissé les autres. Le temps de nous-mêmes doit enfin sonner. Pour cela, nos compatriotes du territoire du Congo doivent impérativement être convaincus qu’il ne peut y avoir d’élections dans un cadre colonial et que dans le contexte africain d’une manière globale, le peuple n’est à la source ni de la dévolution du pouvoir, ni de la conservation au pouvoir des "régisseurs coloniaux", ni du renversement des dirigeants animés par un esprit patriotique ou de ceux en fin de contrat colonial.

Compte tenu de ceci, on ne peut espérer que du cirque électoral auquel notre peuple au Congo avait été convié, sorte la volonté exprimée du peuple. La seule chose qu’on puisse espérer, c’est utiliser la mobilisation qu’il y a en de pareilles occasions pour réaliser une révolution populaire. Mais cette insurrection ne peut être réalisée que si elle est préparée en amont. Le peuple africain au Congo et les africains d’autres territoires qui doivent accompagner et soutenir cette démarche sont-ils préparés à cette perspective ? Rien ne permet de répondre par l’affirmative en l’état actuel des choses puisqu’ici et là on entend des appels à l’aide en direction de la "communauté internationale", pseudonyme des occidentaux qui sont justement à la base du problème.

Le travail revient donc une fois encore aux filles et fils du peuple noir. Lorsque chacun assumera sa part de responsabilité avec gravité en pensant à l’avenir et au devenir de nos enfants, nous pourrons nous lever pour dire non au vol à mains armées du suffrage démocratique aussi bien au Congo qu’ailleurs en Afrique. Et ceci nécessite de la formation, des stratégies les plus redoutables et des hommes cohérents, aguerris et capables d’organiser la masse au mieux désordonnée, au pire orientée quasi-totalement vers un paradis dont l’accès est conditionné par la pauvreté sur terre, la soumission à toute autorité y compris la plus crasse, la plus illégitime et la plus violente sous le fallacieux prétexte qu’elle vient de "Dieu". Seul, au final, un Etat véritable peut conduire à des élections. Mais pour arriver à cet Etat en Afrique, il faudra nécessairement renverser par des révolutions populaires préalablement construites les satrapes établis et les proto-Etats érigés en Afrique par le colonialisme uniquement pour ses propres besoins.

Autant on ne met pas la charrue devant les boeufs, autant on n’obtient pas d’élections justes et transparentes sous un régime colonial. La destruction du second facilite l’accouchement d’un Etat qui, s’occupant des intérêts nationaux, ne peut qu’être dirigé par une équipe issue du choix du peuple.