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Les ravisseurs menacent d’exécuter Giuliana Sgrena

Publie le lundi 7 février 2005 par Open-Publishing

de Hassane Zerrouky

L’enlèvement de la journaliste italienne suscite une vive émotion. Une vidéo diffusée par Al Djazira et Il Manifesto demande sa libération.

Jeudi, dans un courrier électronique adressé à ses amis de l’Humanité, Giuliana Sgrena qui pensait les voir à Bagdad, écrivait qu’elle se trouvait à l’Hôtel Palestine et qu’elle était encore en Irak « pour une dizaine de jours ». Le lendemain, vendredi, elle est enlevée en plein jour, devant témoins, par huit hommes armés, habillés en civil, agissant à visage découvert. Ils se sont emparés uniquement de la journaliste, laissant libres son chauffeur et son interprète.

« Il est évident que les ravisseurs nous attendaient. Nous sommes restés trop longtemps sur place (quatre heures) et nous nous sommes sûrement fait remarquer », a déclaré Wael, le traducteur de la journaliste. Selon Il Manifesto, la présence de la journaliste a dû être signalée par « une taupe » présente sur place. Les ravisseurs (voir l’article d’Alessandro Mantovani) menacent de l’exécuter si l’Italie ne retire pas ses troupes.

Contacté par Il Manifesto, la chaîne de télévision qatarienne Al Djazira a diffusé dimanche un appel en faveur de la libération de la journaliste. Selon Gabriele Polo, directeur d’Il Manifesto, « la vidéo explique ce qu’est Il Manifesto, quelle est sa position sur la guerre, ainsi que le travail de la journaliste italienne et ses idées sur le conflit ».

hostile à l’intervention américaine

Le message est signé conjointement par Al Djazira et le quotidien de gauche italien dont la ligne est hostile à l’intervention américaine et à la présence de troupes italiennes en Irak. Selon l’agence d’information italienne Ansa, « une autre vidéo apparaîtra sur Al Djazira pour expliquer plus en détail les positions du journal et de Giuliana Sgrena ». Par cette initiative, qui sera diffusée en boucle, par la chaîne qatarienne, très regardée dans le monde arabe et que sollicitent les différents groupes armés irakiens pour diffuser leurs messages, le quotidien de gauche italien escompte se faire entendre par les ravisseurs de Giuliana Sgrena pour qu’ils la libèrent. La journaliste, qui a couvert la crise israélo-palestinienne et l’Irak, ne cachait pas son engagement en faveur du droit du peuple palestinien à un État indépendant et en faveur des Irakiens contre l’occupation américaine. Spécialiste du Moyen-Orient et de l’Algérie, Giuliana Sgrena a écrit plusieurs livres consacrés aux luttes des femmes, dont Fantômes en tchadri et Femmes contre l’intégrisme, relatant le combat des Algériennes contre les islamistes.

De son côté, le Parlement international des écrivains, qui s’est déjà mobilisé en faveur de Florence Aubenas, a appelé dès samedi à la libération de Giuliana Sgrena. « Ces enlèvements ont pour effet de faire taire deux voix libres dans un Irak en proie au chaos et à la propagande. Si l’on n’y prend pas garde, il n’y aura bientôt en Irak que des journalistes capables de donner de la réalité que la vision des occupants », indique la déclaration du « Parlement » signée, entre autres, par Adonis (Syrie), Valerio Adami (Italie), Russel Banks (États-Unis), la prix Nobel de littérature 2004, Elfriede Jelenik (Autriche), le poète palestinien Mahmoud Darwish, Yechar Kemal (Turquie), Abdelatif Laabi (Maroc), Naguib Mahfouz (Égypte), David Lodge (Grande-Bretagne)...

« l’irak a besoin de sa plume et de son témoignage »

En Algérie, pays où elle a effectué de nombreux reportages depuis 1991 et où la journaliste italienne est très connue, son enlèvement a suscité une vive émotion. Un collectif de journalistes algériens a lancé un appel et une pétition en faveur de la libération de Giuliana Sgrena et de Florence Aubenas. Ils prévoient plusieurs actions de mobilisation en faveur des deux consoeurs. De leur côté, les associations féministes algériennes, parmi lesquelles la journaliste italienne comptait de nombreuses amies, notamment Zazi Sadou, se sont également mobilisées en sa faveur. « L’Irak a besoin de sa plume et de son témoignage. Nous avons besoin de la liberté de Giuliana pour continuer à soutenir le peuple irakien », indique la déclaration paraphée par seize associations féministes algériennes, dont le RAFD de Zazi Sadou, la commission femmes de l’UGTA (la centrale syndicale algérienne), SOS femmes en détresse...

Alors que l’on est sans nouvelles de Florence Aubenas et de son guide, l’ultimatum adressé par les ravisseurs au gouvernement italien expire lundi.

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