Accueil > Pour le respect des convictions des militants socialistes, NON aux sanctions !

Pour le respect des convictions des militants socialistes, NON aux sanctions !

Publie le mercredi 9 février 2005 par Open-Publishing
5 commentaires

Lors du dernier Bureau National, le débat sur le projet de directive nationale portant sur l’organisation de la campagne referendaire a permis à la Direction Nationale d’émettre les premières menaces de sanction envers les militants socialistes qui feront campagne pour le NON.


Intervention de Gérard Filoche à la réunion de Fontenay sous Bois le 7 février 20 h

Bonsoir,
Je suis content d’être parmi vous. Avant d’aborder le thème que l’on m’a confié, sur le droit du travail en France et en Europe, je veux souligner, étant donné le contexte, que je parle ici sans ostentation ni provocation, car mon parti, vous le savez s’est prononcé majoritairement pour le « oui » au referendum, et je respecte ce vote qui a suivi un débat démocratique de plusieurs mois.

58 000 socialistes ont voté pour le « oui », 42 000 ont voté pour le non... je comprends qu’il ne peut y avoir - et il n’y aura - qu’une seule campagne du Parti socialiste, François Hollande la dirigera sans ambiguïté et il disposera pour cela de tous les moyens du parti, presse, et médias.

Pourquoi les partisans du « oui » seraient-ils inquiets ? Ils disposent de tous les moyens et les minoritaires ne peuvent s’exprimer que mezzo voce..
Et on n’est plus dans un temps révolu d’un centralisme bureaucratique. Les 40 000 militants socialistes du « non » ne peuvent totalement se taire. Il faut bien qu’ils continuent à respirer. Il croient au « non ». Je suis solidaire d’eux.

D’autant, que je suis convaincu, avec, entre autres, mes amis de Nps, de Nm et notamment avec mon ami Marc Dolez, député et Premier fédéral du Nord, qui est présent avec moi ce soir, que si le « non » l’emporte, ce sera bon pour les salariés, bon pour la France et bon pour l’Europe sociale.

Je n’ai pas une démarche individuelle, je suis membre du Conseil scientifique d’Attac, un des premiers signataires de la Fondation Copernic et je suis militant de la Cgt depuis plus de quarante ans, c’est bien qu’il y ait des socialistes dans ces organisations, mais c’est autant de raisons qui ne peuvent les y laisser sans voix.

Ceci dit, la gauche politique et syndicale est partagée, il y a un « oui » de gauche et un « non » de gauche », selon moi gardons-nous des anathèmes, car il faudra nous retrouver tous ensemble demain, après que les Français auront tranché !

Ensuite, soyons clairs, si la question était « pour ou contre l’Europe » nous serions nombreux à voter « oui »,... je suis européen, profondément européen, mais telle n’est pas du tout la question : la question n’est pas “oui” ou “non” à l’Europe,

Mais elle est « oui ou non » à une « constitution » libérale pour l’Europe et là, la réponse est « non »...

M. Raffarin a beau dramatiser et menacer, comme tant d’autres avant lui, du “chaos” en Europe, ce serait surtout lui et Jacques Chirac qui seraient menacés et battus si le « non » l’emportait, car la politique qu’ils veulent faire passer en Europe est la même que celle qu’ils font passer en France.

Chirac a osé dire que le vote du referendum « ne serait pas politique ». De qui se moque t il ? Il dit tout et n’importe quoi, dix ans ça suffit !

Il y a une Europe de gauche et une Europe de droite, comme il y a une France de gauche et de droite.

Je veux parler droit du travail en France et en Europe.
La directive Bolkestein « colle » intimement avec la philosophie du projet de Constitution, et la directive actuellement en discussion au Parlement européen sur l’allongement de la durée maxima hebdomadaire du travail (de 48 h à 65 h !) “colle” avec la proposition de loi Larcher-Novelli-Seilliéres qu’ils sont en train de faire voter en France contre les 35 h.

La « concurrence libre et non faussée » c’est la guerre de tous contre tous, c’est la loi de la jungle, elle vise à opposer le salarié polonais et le salarié français, le salarié letton et le salarié suédois. Pour nous faire peur avec le chômage, et pour faire pression contre nos salaires, ils menaçaient depuis longtemps de délocaliser nos machines en Tchéquie ou en Pologne, et, maintenant ils s’enhardissent, ils menacent de faire venir le salarié polonais à 5 euros de l’heure faire des cueillettes en Bretagne Deux de mes collègues inspecteurs du travail ont été assassinés dans le silence général, à Saussignac en Dordogne le 2 septembre dernier parce qu’ils accomplissaient leur mission qui était de contrôler des saisonniers marocains illégaux en agriculture. Mais la « concurrence libre et non faussée » plus Bolkestein permettront demain que les roumains « concurrencent librement » les marocains dans cette triste course à l’exploitation sans règle.

Nous devons exiger le retrait de la directive Bolkestein et non son aménagement.

Je suis, comme tous les socialistes, toute la gauche, pour un Smic unique européen . Je le crois possible, crédible. Quoiqu’en aient dit certains économistes de la pensée unique ! D’abord je vous l’apprends peut-être, mais il existe un Smic mondial ! Oui ! ...Pour les marins. Signé en 1994 sous l’égide du Bit par les fédérations d’armateurs et les syndicats. Il est signé par 48 pays. Il est réactualisé tous les deux ans, en « parité de pouvoir d’achat ». parmi les 48 pays, il y a 18 pays européens. Donc il existe déjà au moins un exemple de Smic de branche européen dans 18 pays sur 25. S’il existe pour les marins, il peut exister... pour les routiers ! A Jacques Barrot de se battre pour, non ?
On nous objecte que les écarts entre salaires sont trop grands : le Smic est de 470 euros au Portugal, 1370 euros au Luxembourg, ça fait un écart de un à trois. Trop gros écart ? mais c’était déjà un écart de un à trois entre l’escudo et le mark avant qu’on ne fasse l’euro, la monnaie unique. Et elle a été alignée sur le mark ! Si on a pu faire une monnaie unique, on doit pouvoir faire un salaire minimum unique aligné progressivement sur le plus haut ! Il faut le vouloir, le planifier, fixer un calendrier. On nous objecte que le Smic polonais est à 182 euros. Oui, mais en parité de pouvoir d’achat, on n’achète pas la même chose avec 182 euros en Pologne, au Portugal ou au Luxembourg. Il faut raisonner en parité de pouvoir d’achat et les écarts sont plus resserrés, le Smic européen mis en place par branche, puis par pays, d’ici à 2010, 2012, c’est possible... Oui, mais pour cela, il ne faut pas voter le projet de constitution, car elle « exclut toute harmonisation en matière fiscale et sociale ».

De même il faudrait harmoniser les durées du travail.

Le droit du travail devrait être constitutif du droit de la concurrence et non pas mis à l’écart de celui-ci !

Pour l’instant, les libéraux européens veulent faire sauter la durée maxima commune de 48 h hebdomadaire et la porter à 65 h. Ils révisent la directive 93-104 qui limitait la durée du travail chez les « 15 » à 48 h maxi. Ils veulent étendre aux “25” l’article 18 que les Britanniques avaient imposé, pour eux (car les britanniques menacent de dire « non » obtiennent ainsi souvent gain de cause). L’article 18 prévoit « l’opt-out ». C’est le droit pour un salarié de « renoncer à ses droits » donc de renoncer à la limite maxima de 48 h. L’article 18 de la directive 93-104 y mettait trois conditions : 1°) que le salarié soit libre de son choix (c’est les « heures choisies » de Raffarin au delà du nouveau contingent de 220 h). Mais il n’y a pas un seul salarié qui a cette liberté, c’est l’employeur qui décide, bien évidemment. 2°) que le salarié soit suivi par un médecin du travail. Quel aveu, cela détruit la santé de travailler plus de 48 h, bien sûr ! et il n’y a guère assez de médecins, les visites sont espacées, etc.. 3°) que les heures effectuées au delà de 48 h soient comptées... Comme elles ne le sont pas en dessous, c’est aussi du pipeau... Mais ça ne fait rien, la commission Barroso entend continuer vers les 65 h comme vers la directive Bolkestein. Ils déduisent les « temps d’astreinte » par exemple, pour les médecins dans les hôpitaux, s’ils dorment sur place, cela ne compte pas, donc, eux, ils pourront même aller jusqu’à 72 h maxima... Et cela correspond à la loi Borloo qui vient déduire les temps de transports imposés par l’employeur, par exemple pour aller de l’entreprise à un chantier, du temps de travail effectif rémunéré.

Nous devons exiger le retrait de cette directive européenne visant à allonger la durée du travail de 48 à 65 h.

Tout cela en facilitant les licenciements de façon à ce que les salariés soient obligés de courber l’échine. Tout cela en diminuant les majorations des heures supplémentaires de façon, à ce que les salariés soient obligés de travailler plus en gagnant moins ! Le projet de constitution exclut l’harmonisation sociale et fiscale par le haut, mais il accompagne la déréglementation sauvage par le bas !

(prendre s’il y a le temps, l’exemple du voyage de Gulliver au pays des géants : là, on y redistribue à tous biens et nourritures produits, Gulliver demande : « - Mais s’il n’y a pas de pauvres, comment faites-vous pour faire travailler les autres ? »)

Voilà chers amis, je suis militant mais aussi inspecteur du travail, à ce titre, ma mission, c’est en quelque sorte, de fausser « la concurrence libre », c’est d’imposer que les règles du droit du travail ne puissent être bafouées, diminuées, détruites par la concurrence sauvage..

Et puis je vais vous dire quelque chose : s’il y a un début au socialisme, à une politique de gauche, un tout petit début, c’est quand on commence à réguler la concurrence, c’est quand les lois de la République l’emportent sur le marché, et non pas quand le marché s’inscrit en force dans les lois de la République !
Gérard Filoche


Message transféré

De : "Forces Militantes"
Date : Sun, 6 Feb 2005 17:09:27 +0100
À : "Forces Militantes"
Objet : Pour le respect des convictions des militants socialistes, NON aux sanctions !

Cher(e) camarade,

Lors du dernier Bureau National, le débat sur le projet de directive nationale portant sur l’organisation de la campagne referendaire a permis à la Direction Nationale d’émettre les premières menaces de sanction envers les militants socialistes qui feront campagne pour le NON.

Dans l’hérault, ces menaces ont d’ores et déjà été mises à exécution. Par ailleurs, François Hollande a précisé qu’il ne tolererait pas que des Socialistes participent à des réunions unitaires. Cette menace visait explicitement Gérard Filoche, qui participe lundi à Fontenay aux Bois à une réunion sur le thème de l’Europe.

Je crois que nous ne pouvons pas ne pas réagir à ces premières menaces. La stratégie de la Direction va être de viser individuellement quelques partisans du NON, et de faire des exemples. Pour éviter toute "propogation" des sanctions, et protéger nos camarades qui refusent de faire taire leurs convictions les plus profondes, il nous faut tout de suite stopper ces menaces en provoquant une réaction collective de solidarité.

C’est pourquoi tu trouveras ci-dessous la déclaration que je diffuse ce jour, avec bien sûr l’accord de Gérard FILOCHE.

Amitiés socialistes et militantes
Marc DOLEZ


Déclaration de Marc DOLEZ

Les militants socialistes se sont majoritairement prononcés en faveur du oui au projet de Constitution Européenne, et ont ainsi défini la position officielle du Parti Socialiste. Bien que résolument opposé à ce texte qui tourne le dos aux valeurs du Socialisme et menace la République, j’ai pris acte de ce résultat. C’est ainsi que les moyens de la Fédération du Nord seront mis à la disposition d’un comité de campagne fédéral dont je ne ferai pas partie et qui organisera la campagne en faveur du oui.

Mais au delà du respect de la majorité qui s’est exprimée, il convient aussi de respecter les 40.000 militants qui ont voté en conscience pour le NON. Il est impensable de vouloir les bâillonner pendant plusieurs mois, sauf à vouloir renouer avec les pratiques d’un centralisme démocratique d’une autre époque.
C’est pourquoi je m’élève avec force devant l’autoritarisme dont semble vouloir faire preuve la direction du Parti Socialiste à l’égard des militants socialistes partisans du non, comme c’est déjà le cas dans la Fédération de l’Hérault et comme le suggère la circulaire nationale relative aux modalités d’organisation de la campagne référendaire.

Sur une question aussi fondamentale et identitaire, aucune sanction ne peut emprisonner les consciences.

A l’heure où le Parti Socialiste souhaiterait donner l’image d’un grand Parti ouvert à tous, cette censure des convictions exprimées et défendues pendant de longues semaines par des milliers de militants socialistes est intolérable.

A partir du moment où il n’y a pas d’attaque contre le Parti Socialiste, la discipline de Parti ne peut aller jusqu’à la remise en cause de ces droits fondamentaux que sont la liberté de penser et la liberté d’expression.

Par conséquent, j’exprime toute ma solidarité à Gérard Filoche, qui subit actuellement les menaces de la Direction du Parti Socialiste pour s’être engagé à participer ce lundi 7 février à Fontenay sous Bois, à une réunion sur le thème de l’Europe.

L’unité de la Gauche fait partie des principes fondamentaux de l’action et de la stratégie des Socialistes, et il me paraît inconcevable qu’un procès en sorcellerie soit intenté à tous ceux qui ne font qu’exprimer leurs valeurs et convictions socialistes.

Je serai donc présent ce lundi 7 février à Fontenay sous Bois pour témoigner de ma solidarité et de mon soutien à Gérard Filoche.
J’appelle tous les militants socialistes qui partagent ces convictions à se mobiliser pour s’opposer à toute sanction à l’égard des partisans du non et garantir la liberté d’expression des militants socialistes.

Le 6 février 2005

Messages

  • Gérard Filoche, on va considérer, histoire d’ouvrir le dialogue, que tu t’es trompé en ralliant la gauche boboïsée et collabo.

    On te suggère une alternative, si tu souhaites être "respecté" : Quitte le parti social-libéral.
    Fais le avant qu’ils te "sanctionnent"...

  • Comme le camarade qui a écrit le commentaire précédent, j’avoue avoir beaucoup de mal à comprendre cet attachement à un parti politique tel que le PS ? vraiment, ce n’est pas nouveau et ce n’est pas à toi que je vais apprendre les dérives libérales de ce PS depuis bien longtemps déja. Je connais bien sûr des socialos, dans mon entourage, membres de nouveau monde qui "souffrent", ils assistent aux débats du PC, d’Attac, de la LCR etc... mais sont tenus de se taire. Comment peut-on s’auto-mutiler, s’interdire de participer aux débats ? Alors je dis quittez le PS en masse, cela donnera un formidable coup d’accélérateur au NON, renvoyant les "socios"-libéraux dans leur marigo, les conditions sont réunies (!) pour construire une alternative à gauche. Enfin quoi, comment pouvez-vous côtoyer Moscovici, qui pas plus tard que hier soir sur le petit écran en cie de Barnier et d’Okrent réclamait à Chirac d’avancer la date du référendum "parce que" dit-il "plus nous attendons plus le NON gagne du terrain" et encore pour conclure l’émission "...et les avancées sociales que permet cette constitution". Non content du déni de démocratie dont ils font preuve, ils mentent comme ils respirent. CAMARADES, DEBOUT AL19

  • Tous ces commentaires sont forts justes. en effet, il n’y a que deux hypothèses pour expliquer une telle attitude :

     soit ce sont de gros naïfs qui croient que le PS est transformable,
     soit ce sont des bureaucrates potentiels qui voudraient bien profiter d’un appareil en état de marche.

    La première hypothèse est dure à croire. Reste la seconde qui est plus plausible... Soit peut-être un peu des deux.

    Dans les deux cas, ces gens ont perdu toute crédibilité.

    M.L

    • Où voulez-vous que Filoche et tous ceux qui ont des états d’âme aillent ? Filoche vient de l’extrème-gauche, ce n’est pas pour y retourner.
      Je devine l’argument : "j’essaie de faire bouger les choses de l’intérieur". C’est vieux comme le monde, ça n’a jamais marché, mais peut-être que Filoche est très, très, très, très, très intelligent.

      Dav.

    • Je suis en partie d’accord avec toi. Pourquoi G. Filoche quitterait-il le PS ? 40 % des adhérents ont voté NON. Dans ma région, il paraît que des sections ont voté NON à 80 % ! 40 - 60 c’est pour l’instant la même proportion que les électeurs français, toute tendance confondue. Si vous ne croyez pas que les chiffres peuvent s’inverser, pas la peine de lutter jusqu’au référendum, disons que le OUI est acquis, point barre. C’est ce que vous voulez ? Ca m’étonnerait qu’il y ait des sanctions au PS, ça ferait des martyrs de quelques grosses pointures et sans doute une scission. Les museler, ç’est un autre problème... mais Filoche pourrait toujours s’exprimer au nom de la CGT :-D

      C.